Opinions of Wednesday, 18 May 2016

Auteur: Jules Romuald Nkonlak

Motion de soutien : chronique d'une chanson qui dérange

En quelques jours, le vidéogramme a déjà mené une belle carrière sur les réseaux sociaux. Cependant, les réactions à « Motion de soutien », le dernier tube de Valsero, se sont fait entendre bien au-delà d’Internet. Il y a ceux qui tremblent pour l’intrépide rappeur, il y a ceux qui pensent qu’il a tout faux et est même allé trop loin et il y a ceux qui, tout en louant le courage de l’artiste, applaudissent de deux mains les propos particulièrement dur qu’il tient sur le régime en place à Yaoundé et son chef, Paul Biya.

En gros, le rappeur dénonce les 33 ans de règne de Paul Biya. 33 ans qui pour lui sont synonymes de dictature, de népotisme, de corruption, de mensonge... Comme il le faisait déjà dans quelques années lorsqu’il a écrit sa fameuse lettre au président, Valsero interpelle Paul Biya à qui il parle à la première personne. « Tu veux garder le Cameroun pour toi, ok on te laisse ! Oui vas y prend-le et si tu veux étouffe-toi avec. On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons. Il y a plus de chance de s’en sortir au milieu des requins », crie-t-il.

Le clip qui a été posté le 10 mai dernier sur le site d’hébergement de vidéos Youtube a immédiatement suscité de nombreux commentaires. En réalité, la chanson est sortie sur Internet le 8 mai. Elle a été partagée sur divers réseaux sociaux où les vues se multiplient au fil des jours. On y voit Valsero assis, criant sa rage contre le président et son entourage.

En arrière-plan défilent des images qui traduisent la difficulté des Camerounais et également des titres de la presse qui dénoncent les tares de celuici. « Allons-nous sortir de là ? », se demande-t-il en début de chanson.

Politiquement constant

Dans ce vidéogramme de près de six minutes, le rappeur cite, pêle-mêle, l’impuissance des jeunes qui s’adonnent à la consommation de l’alcool ou qui n’ont plus d’autre choix que de prendre le chemin de l’exil ; le terrorisme, les voyages du président, le recul de l’opposition… Une chanson ? Plutôt un véritable discours politique, qui va en droite ligne de ce que l’on savait déjà du rappeur sans peur.

Les sorties sur scène de celui-ci se sont parfois transformées en véritable meeting au cours desquelles son public, constitué essentiellement de jeunes, trouvait l’occasion de partager ses frustrations. L’un des grands moments de cette fusion fut le concert qu’il a donné en 2009 au palais des sports de Yaoundé, juste un an après la sortie de son premier album, « Politiquement instable ».

Il est, lorsque l’on regarde l’évolution de sa carrière et ses textes, resté politiquement constant. A l’époque, il dénonçait déjà la politique du régime, vis-à-vis des jeunes, notamment. « Ce pays tue les jeunes », disait-il à côté de sa « lettre au président ». Un an après cet album, il va poursuivre dans la même lancée avec le signe « Répond », qui s’adresse à nouveau au premier destinataire. Et déjà, il prévenait qu’il n’arrêterait pas de sitôt d’interpeller le président.