Nadia Christelle Fotso, l'une des filles du feu milliardaire Victor Fotso raconte une histoire que très peu de personnes proches d'elle connaissent. Il s'agit des moments passés en Belgique pour des soins de santé. Elle se rappelle notamment d'un des derniers conseils que lui a donné son père, quelques mois avant sa mort.
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"Cette histoire que je raconte au juge d’instruction lorsqu’il m’est demandé d’expliquer… c’est la même histoire que j’ai raconté à Sylvie, l’infirmière des urgences qui venait superviser ma perfusion exaspérée que j’appuie sur le bouton chaque fois que mes sous-vêtements se retrouvaient ensanglantés. Une femme noire, handicapée, seule dans une Clinique bruxelloise qui n’a pas de complexe d’infériorité bien au contraire. « Que faites-vous ici toute seule, alors que vous êtes gravement malade et totalement dépendante ? » Question évidente. Il fallait pour y répondre une histoire, cette histoire…parler d’Auderghem et faire comprendre pourquoi Maptué ne peut pas lâcher…
Auderghem est une banlieue résidentielle de Bruxelles. C’est un coin huppé mais qui n’est pas très accessible sans voiture surtout lorsqu’on est une personne, comme dissent les Belges, en situation de handicap ou à mobilité réduite. Il me fallait prendre le tram puis marcher pour faire les courses. Difficile mais j’y arrivais tant bien que mal presque tout le temps. Uber ce n’était pas évident et les taxis encore moins donc la seule solution était le tram ou les potes. En cette fin de 2018 là, j’avais déjà le genou à terre mais comme d’hab, je tenais...Je commets une erreur. J’oublie que je suis en danger donc je suis en danger. Décembre 2018, après-Noël, je suis dans le Carrefour d’Auderghem et je béquille derrière un monstre froid. Elle marche très vite, trop vite. Je ne lui demande pas de ralentir tant je sais qu’elle le fait exprès. Elle me fait les courses pour la Saint-Sylvestre dit-elle. Rendue nigaude par ce besoin enfantin d’être aimée par celle qui…, j’accepte un acte qui est tout sauf généreux et maternel…Elle est en Belgique pour la naissance de ses petits-enfants. Je suis la croix qu’elle porte attiser les sympathies et un bouclier…La mère magnifique et dévouée de l’handicapée méchante et ingrate…C’est un jeu d’enfants qu’elle gagne toujours. La seule personne qui souffre véritablement de mon handicap c’est elle...Parce que les Camerounais et tant d’autres pensent que l’argent c’est tout, personne ne creuse, les lamentations lui vont si bien.
Auderghem, elle marche vite, je béquille difficilement. Je saigne déjà mais je ne le montre pas…il faut en dépit de tout ne rien montrer…elle me fait à un moment signe que les courses sont terminées…son argent n’est pas le mien et ne sert pas à ça…Elle a beaucoup fait, trop fait pour moi…Vince en conviendra et c’est le plus important …il faut châtier la Maptué qui boîte maintenant que Fotso est quasiment mort et qu’il ne peut rien faire…Je béquille, saigne, m’arrête un instant pour souffler en me rappelant les mots de mon père, « elle est comme ça et chaque fois qu’elle le pourra , elle t’écrasera.. Ne lui montre jamais que tu es faible et quand elle te fait mal !».
Auderghem, décembre 2018 n’est pas mars 2020 mais c’est tout comme…Cette question posée avant le début des courses « comment peux-tu aimer autant ton père ? » En la voyant payer les courses de fin d’année qu’elle me crache, je comprends Maptué, Fotso, ce qui motive un analphabète et une handicapée pour dire NON, je ne tombe pas et OUI, je vais y arriver.
Cette histoire que je raconte au juge d’instruction est celle que j’ai raconté à une infirmière qui a pleuré et m’a demandé « mais comment faites-vous ? » Ma réponse fut la dernière phrase de mon audition, « on ne lâche pas devant l’injustice lorsqu’on sent dans sa chair et dans ses tripes qu’elle est avant tout de la cruauté ! »
Auderghem, décembre 2018 puis le 19 juin 2020, sa présence sur le tarmac de Nsimalen réconfortante auprès des Njitapeurs du Dernier Bamiléké, je m’incline et j’accepte que Je la dis que est la fille de Matcheme".