Opinions of Friday, 31 July 2015

Auteur: Makon ma Pondi

Nigérians et Camerounais désormais en rangs serrés

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Si la nébuleuse Boko Haram a pris naissance sur le sol nigérian, très vite ses exactions se sont étendues au Cameroun que les djihadistes ont tenté d’utiliser d’abord comme base de repli, puis bientôt comme cible pour leurs sanglantes razzias.

La longue frontière terrestre, maritime et lacustre étant pour cela un élément favorisant de taille. Autant que la proximité et les similitudes ethniques, socio-culturelles, voire religieuses qui caractérisent les populations vivant de part et d’autre de cette frontière commune de près de 2000 km.

Et c’est là que le destin lié de deux peuples unis depuis la nuit des temps par l’histoire et la géographie prend une tournure tragique. Les terroristes assoiffés de sang frappent ainsi indistinctement de paisibles populations tant du côté du Nigeria qu’à l’intérieur du triangle national.

Avec pour terrain de prédilection pour ce qui est de notre pays, la région de l’Extrême-Nord, principalement les départements du Logone et Chari, du Mayo-Sava, du Diamaré et du Mayo-Tsanaga. Au bout du compte, des communautés meurtries et traumatisées.

A ce jour, refugiés et personnes déplacées se comptent par dizaines de milliers. Dans le seul camp de Minawao, on en dénombre près de 45.000. Une situation d’autant plus affligeante que, défaits militairement, les islamistes ont transposé le combat sur le terrain psychologique.

En instillant la peur au sein de la population par le truchement d’attentats-suicides à l’instar du carnage perpétré récemment à Maroua les 22 et 25 juillet derniers. Dans les Etats du Nord-Est nigérian, c’est quasiment au quotidien que d’innocentes personnes sont arrachées à la vie du fait d’une violence aveugle.

Dans ces conditions, on ne peut que convenir avec le président Paul Biya qu’un même danger menace Camerounais et Nigerians. Un danger qui appelle une riposte concertée entre Abuja et Yaoundé. Le Cameroun et le Nigeria représentant les deux principaux pays de front exposés aux attaques terroristes de Boko Haram.

Une situation qui impose donc plus que jamais une mutualisation des moyens, une coordination opérationnelle dans le combat d’une secte obscurantiste tournée vers le crime gratuit.

Les entretiens que viennent d’avoir à Yaoundé les présidents Muhammadu Buhari et Paul Biya et les mesures arrêtées au terme de ce sommet autorisant un espoir raisonnable pour le succès de la riposte contre les islamistes. Il est notamment attendu à brève échéance un partage accru des expériences et du renseignement entre les deux pays.

En marge de l’activation de la force multinationale en cours de constitution qui devrait constituer bientôt une plateforme d’échanges et de coordination des actions à conduire. La détermination affichée par les deux chefs d’Etat est de bon augure en vue d’une intensification salutaire de la lutte contre les terroristes.

Nigerians et Camerounais y ont intérêt. La prospérité et le bien-être des populations en dépendent, tant il est patent que l’entreprise criminelle de ceux qui se réclament de Boko Haram a considérablement perturbé l’activité économique entre nos deux pays.

Plus grave, la paix et la quiétude sont brisées, compromises au-delà des zones affectées par les exactions barbares que l’on sait. Avec des répercussions palpables sur le reste du monde. Il s’agit, n’en doutons point, d’une menace globale qui appelle une réponse tout aussi globale. Abuja et Yaoundé viennent d’en indiquer la voie.