La consécration de la bibliothèque Cheikh Anta Diop de la Fondation AfricAvenir comme meilleure bibliothèque privée du Cameroun intervient au moment où l’histoire du Cameroun suscite un intérêt renouvelé avec l’annonce de l’éventualité d’une déclassification des archives relatives à la guerre pour l’indépendance du pays.
La collecte réalisée par cette structure dans le domaine de la recherche historique est impressionnante, à savoir 7000 livres dédiés au continent africain et donc au Cameroun, depuis 1850 jusqu’à l’ère contemporaine, en français, anglais, allemand et dans 81 langues nationales. Ainsi qu’une médiathèque de plus de 150 films et des dizaines d’archives sonores, diverses cartes et de multiples documents.
Certes, il faut savoir gré au concours national des bibliothèques de l’association Solidarité pour l’environnement et le développement durable et à l’Institut Goethe d’avoir primé la Fondation AfricAvenir . Il y a surtout lieu de souligner que les matériaux mis à la disposition du public par cette structure constituent un riche répertoire de l’héritage scientifique millénaire du continent noir destiné à mieux faire connaître aux Africains et partant aux Camerounais notre histoire.
Encore faut-il qu’au-delà des chercheurs, de nombreux Camerounais manifestent le désir de s’approprier ces connaissances pour être mieux édifiés sur les différents pans de l’histoire de notre pays. Dans un contexte où l’histoire n’est pas toujours aisée à écrire pour nos historiens qui relèvent d’un peuple de l’oralité et qui utilisent beaucoup la tradition orale lors de la rédaction de leurs travaux. La difficulté de mener des recherches historiques se heurte aussi souvent au manque d’approvisionnement irrégulier des archives et parfois à la faiblesse des documents collectés.
Quelles que soient les difficultés rencontrées, il est cependant impensable que les Camerounais puissent se pardonner de ne pas connaître l’histoire de leur pays. Cette histoire participe de notre héritage collectif et constitue, en même temps, une source d’inspiration permanente. Certes, l’histoire du Cameroun est inscrite au programme des divers ordres d’enseignement.
Mais cette histoire-là ne suffit pas. Parce que des contre-vérités sont souvent émises, il nous revient de continuer à nous intéresser à l’histoire du Cameroun dans les bibliothèques, les musées, les archives nationales, les documentaires, les médias et auprès des personnes-ressources pour rétablir la vérité historique. Le président de la République, Paul Biya, l’a souligné fort opportunément le 3 juillet dernier, à l’occasion de la visite d’Etat du président français, François Hollande, au Cameroun. « C’est du Cameroun, premier territoire à rallier la France libre, que partirent les troupes françaises d’Afrique-équatoriale pour la reconquête et la libération de la France. Dans ce combat, les Camerounais ont versé leur sang », a-t-il rappelé.
L’histoire de la guerre d’indépendance du Cameroun est autant importante que celle du pays aux côtés de la France libre. L’enquête de terrain menée actuellement par une équipe de recherche en vue de la gestion publique et privée du nationalisme camerounais le démontre amplement.
Cette enquête se penche notamment sur la naissance du nationalisme camerounais, la marche vers le nationalisme révolutionnaire, la guerre de libération nationale, les principaux acteurs du nationalisme camerounais ainsi qu’à l’indépendance et la réunification du Cameroun.
Autant d’étapes qui méritent d’être mieux connues pour être appréciées à leur juste valeur. De ce point de vue, il y a lieu d’espérer que le processus de déclassification des archives liées à la guerre d’indépendance du Cameroun serve à approfondir l’histoire de notre pays pour en améliorer la connaissance et restituer la réalité historique telle qu’elle a été vécue par les acteurs de l’époque .