Le mois de septembre tire bientôt sa révérence, un mois qui par essence est un moment de calvaire pour de nombreux parents camerounais. Ce mois est on le sait celui de la rentrée des classes au Cameroun. Pour cette année 2016/2017, voici déjà trois semaines que nos jeunes ont repris les chemins des classes.
Comme depuis près de 34 années maintenant, les parents de tout le triangle national ont affronté des difficultés majeures qui leurs sont imposées par un environnement politico-social hostile à l’égalité des chances pour leur progéniture. Au rang de ces difficultés, nous citons, un nombre déraisonnable de manuels scolaires qui leur coûte une fortune, et qu’ils doivent fournir à chaque enfant pour huit mois de classe, sans certitude qu’ils seront utiles et utilisés ; le marchandage des inscriptions de leurs enfants par les chefs d’établissements; et les cotisations des APEE dont le paiement est devenu la condition absolue pour l’admission de tout enfant dans les établissements publics secondaires et primaires du Cameroun.
Triste paradoxe, car dans les nations qui se respecte, l’État assure à l’enfant le droit à l’instruction. En clair, le gouvernement crée les conditions permettant à l’enfant d’avoir cette instruction, et à tous les enfants d’avoir la même chance d’y accéder. Cela devient d’autant un devoir, au vue du préambule de notre constitution qui stipule : que « l’État assure à l’enfant le droit à l’instruction » ; que « l’enseignement primaire est obligatoire » ; et que « l’organisation et le contrôle de l’enseignement à tous les degrés sont les devoirs impérieux de l’État ». En d’autres termes, cela veut dire que le gouvernement doit créer les conditions permettant à l’enfant d’avoir cette instruction, et à tous les enfants d’avoir la même chance d’y accéder.
Selon une récente étude de la Banque mondiale, les problèmes qui se posent dans le système éducatif du Cameroun sont étroitement liés aux problèmes de gouvernance et de gestion. Le devoir impérieux pour l’État d’organiser et de contrôler l’enseignement à tous les degrés, impose à tout gouvernement sérieux de proposer une forme de société qui convient à la vision et aux ambitions de la nation ; de concevoir un système éducatif correspondant à cette vision de la société ; et d’entourer ce système éducatif des moyens législatifs et juridiques de sa promotion et de sa protection contre les dérives humaines. Ce n’est que dans cette logique que l’État peut autoriser et subventionner des initiatives privées en la matière.
Au Cameroun, la mauvaise qualité de l’éducation est un obstacle à la croissance économique et au recul de la pauvreté. C’est pour cela, qu’il convient de se poser des réelles questions pour sortir notre système éducatif du gouffre dans lequel il est plongé actuellement. Quel type d’école voulons-nous pour former nos jeunes compatriotes ? Quel type d’équipements et de matériel pédagogique, pour faire l’affaire ? Quel type d’enseignants et d’infrastructures nous faut-il ? Comment mettre tout cela en cohérence pour pouvoir produire des patriotes authentiques, ayant foi en eux-mêmes et engagés à bâtir un vivre ensemble?
Pour répondre à tous ces questionnements, nous recommandons depuis des lustres :
* Une école qui se transforme au service de la qualité et de l'efficacité des apprentissages, intégrant un plan numérique favorisant la généralisation des usages pédagogiques du numérique.
* Par ailleurs, nous voulons une École inclusive qui favorise la réussite de chaque élève grâce à une orientation choisie et préparée.
* Pour finir, une école qui met en vitrine les valeurs de la République.
Triste utopie me diriez-vous ! Mais dans un pays où tant des pontes du régime, distraits des fonds publics, il ne manque pas de moyens pour se donner un système éducatif propice à un développement. Il est temps que notre Etat, revalorise les subventions à l’Enseignement et améliore la régulation de son fonctionnement. Qu’il finance totalement ou en partie les manuels scolaires importés, à défaut de promouvoir leur production locale avec ses effets sociaux et intellectuels induits.
Serge Espoir Matomba, Premier secrétaire du Peuple Uni pour la Rénovation Sociale (Purs)