La signature d’une convention de financement, entre l’entreprise publique de télécommunications – Camtel – et une compagnie américaine spécialisée sur les marchés à risques du nom de William Clark & Co, avait été présentée avec empressement, le 19 mai dernier, par les autorités de Yaoundé, comme étant l’un des plus formidables accomplissements de la fameuse conférence « investir au Cameroun » organisée quelques jours auparavant par le président Biya, sur les conseils du cabinet français Havas Communications.
Convention au contenu pas clairement révélé, mais dont l’opinion publique appris qu’elle s’établissait à quelques 150 milliards de Francs CFA. Un montant astronomique à l’endroit duquel David Nkotto Emane – le directeur général – s’était montré, comme à son habitude, optimiste quant aux possibilités que cela ouvrait pour le développement immédiat de sa compagnie.
Sans tarir, l’homme parlait alors de la possibilité enfin donnée de connecter quelques 1 millions de foyers et pas loin de 300 000 entreprises sur une matrice qui, à l’intérieur de l’entreprise, porte un nom branché : « Fiber-To-Home ». Compris comme « porter la fibre dans les ménages ». Selon le Directeur général donc, l’argent ainsi obtenu devait servir à mettre en bouche ce fameux projet qui ronronne depuis quelques années dans les tiroirs et les déclames de l’entreprise, sans que l’on ne soit en mesure de dire avec certitude comment et à
Weekend Surprise quel horizon sa pleine maturation sera établie. Cela, alors même que les explications quand à son déploiement n’ont jamais manqué, dans la bouche de monsieur Nkoto Emane : «le projet FTTX, expliquait-il alors, a pour plan de réalisation de connecter 1 million de ménages et 300 000 entreprises et professionnels en fibre optique; les deux data centres auront pour mission de sécuriser toutes les données de notre pays afin d’en assurer une meilleure gestion (documentation, archivage, stockage longue durée, etc.). Le grand nombre de pylônes garantira une couverture réseau 4G largement répandue sur l’ensemble du territoire, privilégiant (zones rurales - zones frontalières – couverture nationale complète et efficiente en réseau très haut débit)».
Sauf que, rendus à quelques mois plus tard, Patatras ! Plus aucune nouvelle de l’argent obtenu des Américains et même, comble de l’incompréhensible : une entreprise publique qui se retrouve pratiquement au bord de la banqueroute et obligée, dans son agonie funeste, d’en venir à une sorte d’opération kamikaze dans l’espace public, en suspendant de façon abrupte la fourniture des administrations et autres compagnies publiques en internet et téléphone filaire, dans le seul et unique but d’avoir un peu de trésorerie. Dès lors, une question simple à l’esprit : qu’a-t-il donc bien pu se passer entre temps avec l’argent des Américains – les fameux 150 milliards de William Clark & Co ? Plus personne n’en sait rien. A la question, la Direction de la Communication de l’entreprise répond : « l’Etat n’a pas signé la lettre d’engagement qui aurait permis que la transaction s’opère effectivement entre les Américains et les Camerounais ». Lettre d’engagement sans laquelle il n’a pas été possible de franchir le pas final.
En clair, l’opération a tout bonnement sabordé et, comme il est de la tradition des choses dans le pays, plus personne n’en parle et plus personne pour en rendre compte publiquement. A se désespérer éternellement des pratiques et modes de gouvernance qui accentuent radicalement le pessimisme généralisé des acteurs économiques internes et externes sur ce qui se passe dans le pays.