Les petits métiers dans le contexte camerounais renvoient généralement au secteur informel qui selon la conjoncture sociale et la complexité d’avoir un emploi stable offre la possibilité aux personnes se sentant défavorisées de gagner leur vie sans attendre tout de l’État. Ces personnes qui pour s’en sortir doivent exercer dans l’illégal pour survivre sont très souvent abandonnés à leurs sorts et ne jouissent pas toujours des avantages auxquels ils ont droit. Pourquoi ces travailleurs, ces personnes qui s’échinent au quotidien à gagner leur vie ne sont jamais récompenser à leurs justes titres ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. La première que nous pouvons évoquer est la méconnaissance.En effet, ces travailleurs de l’ombre issue de toutes les couches sont généralement livrés à leurs sorts en ce sens où ils ne sont pas reconnus par l’État. Ainsi, pour être dans les bonnes grâces de l’État il faudrait avoir la chance de réussir un concours administratif dont les places sont presque toujours limités et peu accessible à la grande majorité.
L’État apparaît au Cameroun comme la seule institution capable d’élever et de donner des distinctions honorifiques à ceux de ses éléments les plus méritants au détriment de ceux qui se lèvent tous les jours contre vents et marrés, véritable socle de notre économie. C’est ainsi que nous pouvons prendre l’exemple de cette maman qui ayant plusieurs bouches à nourrir, va, pour joindre les deux bouts vendre les beignets (activité menée pendant une quarantaine d’années) chaque matin et soir dans le but de se faire de l’argent et ainsi subvenir aux besoins de sa famille.
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Ce travail de fortune aura plusieurs impacts sur le plan social sortir sa famille de la misère du quotidien, aider les différents citoyens qui n’ayant pas assez d’argent pour s’offrir un repas trouveront satisfactions auprès d’elle. Une mission sociale qui permet à cette commerçante de nourrir de milliers de Camerounais au quotidien et contribue à rehausser l’économie de notre pays. Comment comprendre que ces missions ne soient pas récompensées ?
Cependant, malgré l’intérêt général qu’elle effectue elle finira sa vie sans que son œuvre ne soit reconnue ou encore récompensé d’un quelconque symbole.
Parce qu'elle n’est pas reconnue par l’État. En outre, pour avoir une médaille il faudrait être comme nous l’avons dit plus haut un produit de l’administration, du secteur public, ou même du secteur privé formel et que dans le cadre de sa carrière professionnelle l’on soit efficace, honnête et fiable dans la tâche confiée. Chose qui se vérifie auprès de ces travailleurs de l’informel qui parfois travaille 15 heures par jour et dont les missions quotidiennes sont assimilables ou plus a celle du secteur privé.
L’autre raison que nous pouvons une fois de plus évoquer vient du caractère informel de ce travail. La complexité entourant le processus de création d’une entreprise et les financements y afférents découragent souvent ceux-là qui veulent sortir de l’illégalité du secteur informel. De ce fait, le sort réservé aux différentes PME au Cameroun décourage ces débrouillards qui voudraient sortir de la clandestinité. Pourtant, certains métiers de l’informel sont désormais reconnus par l’état à l’instar de la profession de Bend-skin, mais dont nous n’avons pas encore vu les premiers récipiendaires d’une quelconque distinction honorifique de l’État camerounais.
Comme autre argument, nous pouvons citer l’absence d’une véritable politique d’encadrement du secteur informel. Si l’État réglemente les activités dudit secteur informel les différentes couches qui la composent auront la chance au même titre qu’un fonctionnaire d’avoir des distinctions honorifiques venant de l’État ce qui participerait à donner plus de crédit à l’informel et à ces travailleurs qui à eux seuls font la force de l’économie camerounaise.
En somme, chaque travail mérite une récompense. À cet effet, le gouvernement devrait sérieusement se pencher sur le sort réservé à ces hommes et femmes qui se tuent à la tâche au quotidien pour améliorer les conditions de vie de la grande majorité.