A peine confirmée pour le 03 juillet prochain, la visite au Cameroun de François Hollande a engendré un activisme débordant. Ainsi en est-il de l’épouse de Marafa Hamidou Yaya négociant l’évacuation de l’ex baron du pouvoir mais également de Lydienne Yen Eyoum, se prévalant de sa nationalité française.
Si similitude il y a pour les deux cas, celui-ci tient inéluctablement de leur condamnation pour détournements de deniers publics. Un délit qui leur a valu des condamnations de 25 ans d’emprisonnement chacun.
Partant de ce principe, on en saurait évoquer ni les conditions désastreuses de détention pour Marafa Hamidou Yaya qui est interné dans un hôpital de la capitale camerounaise depuis quelque temps, et encore moins des entorses à la liberté individuelle de Lydienne Yen Eyoum.
Certes l’admission dans cet établissement hospitalier de Marafa n’a nullement permis d’améliorer son état de santé, mais il reste qu’en la matière il n’existe point de texte l’autorisant dans de telles conditions à bénéficier d’une évacuation sanitaire.
A moins pour son épouse d’y voir en fait, un savant stratagème pour le soustraire de la justice. Aussi cela apparaît-il un peu grossier au regard des charges à l’encontre son époux.
A preuve, les démarches pour son évacuation sanitaire, restées infructueuses et ont semé plutôt engendré une levée de boucliers au sein de l’opinion nationale même si pour ce faire, l’épouse de l’ancien apparatchik du pouvoir n’a pas manqué de faire savoir qu’«Il souffre depuis un moment de problèmes cardiaques et des problèmes de vue . Malheureusement, pour le soigner, on n’a pas confiance aux examens qui sont réalisés».
La solution viendrait- il dès lors de l’Europe où ont été envoyés ses examens ? Rien n’est moins sûr, même si par ailleurs son épouse en ait à solliciter la clémence du Chef de l’Etat Paul Biya.
Méfiance
Analyse faite et à en croire certaines indiscrétions, il ne s’agit pas là de manigances pour permettre à son prisonnier de mari de prendre la poudre d’escampette. Pourtant, Jeannette Djanga épouse Marafa est formelle : «Si Marafa en venait à être soigné en Europe, il reviendrait pour faire face à la justice».
Des assurances qui ne sauraient être considérées comme parole d’Evangile même si dans la foulée, son épouse précise : «Parce que bien avant son procès, Marafa aurait pu fuir comme beaucoup de personnes l’auraient fait dans ce cas-là. Mais il ne l’a pas fait».
Dès lors, on en vient à se demander pourquoi son épouse croit y parvenir par l’entregent de François Hollande, même si ce dernier abhorre la longévité au pouvoir de Paul Biya.
Dès lors, l’argument ayant mis en branle une telle démarche et se fondant en le cas d’espèce sur ce que «La France est un pays des Droits de l’Homme. Monsieur Hollande représente le pays des Droits de l’Homme. C’est une bonne chose que Monsieur Hollande se retrouve au Cameroun, qu’il puisse jeter un coup d’oeil sur l’évolution de ce pays.
C’est bien qu’il soit là, c’est bien qu’il puisse s’occuper de certains problèmes vraiment importants du Cameroun. Et le problème de Marafa est un», aux dires de Jeannette Marafa. Suffisant pour comprendre qu’en fait, son épouse voudrait ainsi faire bénéficier de circonstances atténuantes indues, articulées sur ce qu’il aura été longtemps au service du régime de Yaoundé. Mais serait-ce suffisant pour lui accorder quelque immunité de fait ?
Collusion avérée
En la matière, les dispositions réglementaires sont plutôt claires. Et c’est à juste titre qu’il a été condamné à 25 ans de prison ferme pour complicité intellectuelle par le Tribunal de Grande Instance (Tgi) du Mfoundi, pour détournements de deniers publics, dans le cadre de l’affaire relative à l’achat d’un avion affecté aux déplacement s du Président de la République.
Or, la quasi-totalité de ses complices ont été mis aux arrêts sans que les leurs y voient quelque détention politicienne en rétorsion à son opposition sibylline aux velléités de confiscation du pouvoir par Paul Biya. D’où viendrait-il donc que son motif n’ait trouvé qu’en Marafa Hamidou seul, la cible par excellence de quelque rouleau compresseur indu ?
S’il est difficile de répondre à cette pertinente interrogation, il n’en demeure pas moins vrai que son épouse voudrait pourtant y fonder son activisme débordant. Aussi peut-elle balayer d’un revers de la main, la collusion avérée de son époux non sans essayer de lui faire bénéficier indument de quelque traitement de faveur.
A croire que décriant la justice camerounaise dans son ensemble, elle peut par ailleurs lui concéder des entorses, quand il va de trouver quelque porte de sortie inespérée à son époux. Bien évidemment, François Hollande qu’elle appelle en fait à la rescousse, saura ne point y accéder, tant le faisant se rendra-t-il inéluctablement coupable d’ingérence que ne saurait lui autoriser sa posture de Chef d’Etat français. Sauf de croire qu’il voudrait plutôt entériner l’exacerbation d’un néocolonialisme qu’il dit pourtant pourfendre en se portant à faux, dès l’entame de son mandat, contre la Françafrique.
Lobbying malveillant
Sur le même registre, Lydienne Yen Eyoum croit disposer en la visite de François Hollande au Cameroun, une opportunité inespérée pour passer outre les serres de l’Epervier qu’il l’a astreinte à 25 ans de prison pour le même motif que Marafa Hamidou Yaya. Pour ce faire, loin d’évoquer ce mobile, elle fait simplement prévaloir sa nationalité pour faire inscrire dans le tête-à-tête prévu entre Paul Biya et François Hollande, son cas.
Certes, des indiscrétions font état de ce que la «cellule Afrique» de l’Élysée s’est engagée auprès de la défense de Lydienne Yen Eyoum, à aborder le cas de l’avocate dans les discussions entre les chefs d’État français et camerounais. Mais à l’analyse, cette éventualité et en dépit de son caractère plutôt douloureux, reste peu plausible, même si pour ce faire, la défense de la Franco-Camerounaise, incarnée en France par Me Wassermann et Me Christian Charrière-Bournazel ne s’offusque pas de faire du lobbying tous azimuts son mode opératoire.
Ce d’autant plus que depuis son internement à la prison centrale de Kondengui, le président Biya a envoyé promener ses conseils français qui espéraient obtenir quelque audience à ce propos. Et même si le gouvernement Hollande a l’air plus attentif aux considérations touchant aux droits de l’homme, il aura tout de même fallu trois ans de mandat, et une condamnation du Cameroun par l’Onu pour détention arbitraire pour qu’il s’active à faire de la défense des citoyens français, une nouvelle préoccupation dans ses relations bilatérales.
Dès lors, que Michel Thierry Atangana ait pu en bénéficier de quelque manière, cela a été fait au terme de la purge de sa peine. Aussi est-il loisible de croire que Lydienne Yen Eyoun ne saurait faire exception. Sauf …