En 2011 lorsqu’il intègre le gouvernement, certains observateurs estiment qu’Alamine Ousmane Mey hérite d’un cadeau empoisonné. En fait, pour ses premiers pas dans ce cercle des chefs de département ministériel, être porté directement à la tête du ministère des Finances, est un fait exceptionnel. Sauf qu’à cette époque, les finances du Cameroun sont chancelantes. Et le peu de ressources disponibles est la cible d’une gestion pas très nette, caractérisée notamment par des détournements. Dans le même temps, des signaux indiquent que les cours des matières premières risquent de baisser à un niveau inquiétant. Le pire arrive ainsi entre juillet 2014 et février 2016 quand le fer, le cuivre, le charbon, et surtout le pétrole, chutent lourdement sur le marché mondial. Un peu plus tôt, en mai 2014, le Cameroun entrait officiellement en guerre contre Boko Haram.
Le pays a pourtant de nombreux projets d’envergure à réaliser. Et entre les caisses qui rétrécissent et la guerre qui coûte cher, l’argentier de l’Etat de l’époque, doit innover. Il met alors en place plusieurs réformes afin de mobiliser plus de ressources et rationnaliser celles qui sont disponibles. Les recettes sont aussi mieux sécurisées grâce à un système de paiement exclusif par virement pour les grands et les moyens comptes ou encore la constitution de certaines grandes entreprises en collectrices de certains impôts. A titre d’exemple, la Société camerounaise de dépôts pétroliers collecte la taxe sur les produits pétroliers ; les compagnies aériennes, le timbre d’aéroport ; les compagnies d’assurance, la vignette automobile, etc. L’on assiste aussi à la dématérialisation des procédures, avec notamment l’avènement de la télédéclaration. Laquelle a permis d’éliminer le contact entre les usagers et les agents de collecte, limitant de fait les pratiques déviantes qui en découlaient.
2500 milliards FCFA
Toutes ces retouches -auxquelles s’ajoute l’élargissement de l’assiette fiscale- ont permis au Cameroun de renflouer ses caisses. En 2011, la Direction générale des impôts avait pu mobiliser 988 milliards FCFA, tandis que les Douanes récoltaient 545 milliards FCFA. Soit un total de 1533 milliards FCFA. Ce chiffre a considérablement augmenté en 2017 pour atteindre environ 2500 milliards FCFA, soit une hausse des recettes de l’ordre de 1000 milliards FCFA en six ans. A côté de cela, il faut aussi mettre à l’actif d’Alamine Ousmane Mey, l’assainissement du secteur de la microfinance. En février 2014, l’ex-banquier fait fermer 84 établissements de microfinance illégaux et engage la sensibilisation des rescapés sur le respect des normes. Le tableau n’est pas totalement blanc ceci dit. Car, si la mobilisation des recettes connaît un certain succès, l’un des points noirs à ce bilan, aura été le problème de paiement des prestataires de l’Etat. Les Petites et moyennes entreprises en particulier. Aujourd’hui, la dette de l’Etat vis-à-vis de ces acteurs n’est pas encore évaluée. Mais tout le monde s’accorde à dire qu’elle est très élevée. Par ailleurs, quelques économistes se posent clairement contre l’endettement rapide du Cameroun orchestré par l’ancien ministre des Finances, désormais à la tête du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. Cette dette à ce jour est évaluée à plus de 30% du Produit intérieur brut.