298 ! C’est le nombre de partis politiques légalement enregistrés à ce jour au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Impressionnés par ce chiffre, certains observateurs de la scène politique nationale ont pu faire la remarque suivante : depuis le retour du Cameroun au multipartisme, effectif dès février 1991, onze associations politiques en moyenne ont vu le jour chaque année.
A cet égard, le champ paraît de prime abord attrayant pour les entrepreneurs politiques. Dans ce contexte, la multiplication des partis politiques a connu une croissance exponentielle en 25 ans. Pourtant, déjà avant la longue parenthèse du monopartisane, de 1966 à 1991, la scène politique camerounaise évoluait sous le sceau du multipartisme.
Pendant la période coloniale, dans le Cameroun sous tutelle française, l’Union des Populations du Cameroun (UPC) créée par Ruben Um Nyobe, a vu le jour le 10 avril 1948 mais fut interdite en mai 1955 par l’autorité coloniale après des émeutes à Douala. Fondé en 1949, le parti ESOCAM s’est rapidement scindé en plusieurs formations politiques
dont le Bloc démocratique camerounais (BDC) de Louis Paul Aujoulat, puis le Parti des démocrates camerounais (PDC) d’André-Marie Mbida, suivi de l’Union sociale camerounaise de M. Okala et plus tard par l’Union camerounaise de Ahmadou Ahidjo. Le Cameroun sous tutelle britannique a vécu le multipartisme avec notamment le Kamerun National Democratic Party (KNDP) du Dr John Ngu Foncha, le Cameroon people’s national convention (CPNC) du Dr E.M.L.
Endeley, le One Kamerun party de Nde Ntumazah. Le Cameroun a ensuite évolué sous le multipartisme après l’indépendance en 1960 puis après la réunification en 1961. C’est en 1966 que furent fusionnés tous les partis politiques existants de part et d’autre des rives du Moungo, pour la création de l’Union nationale camerounaise (UNC), parti unique de fait, car la loi fondamentale reconnaissait la possibilité d’existence de plusieurs partis politiques.
Les prémices du retour du Cameroun au multipartisme remontent à l’année 1987. Cette année-là, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), né à l’issue du congrès de Bamenda en mars 1985 par la mutation de l’UNC, met en œuvre l’orientation du président Paul Biya, à savoir le principe des candidatures multiples à l’occasion des élections municipales.
L’expérience est reprise en 1988 lors des élections législatives. 237online.com Malgré tout, deux années plus tard, en 1990, alors que les Lions indomptables font vibrer les Camerounais par leurs exploits à la phase finale de la coupe du monde de football en Italie, la scène politique nationale frisonne sous une série de revendications en faveur du multipartisme, pour plus de démocratie et de liberté.
Tandis que la marche de Bamenda aboutit à l’annonce de la création du Social democratic front (SDF) le 26 mai 1990, une autre marche est organisée à Yaoundé contre le « multipartisme précipité ». Cependant, au cours du congrès du RDPC, le président Paul Biya interpelle les militants de son parti, unique parti ayant une existence légale : « préparez-vous à une éventuelle concurrence ». Il crée une commission sur les libertés. En décembre 1990, le parlement adopte une série de lois libéralisant la vie politique , économique et sociale.