"Très Cher Professeur, l'analyse critique des déclarations du professeur Owona Nguini requiert une exploration des fondements théoriques et pratiques de la démocratie, ainsi qu'une évaluation des dynamiques politiques au Cameroun.
Selon le Professeur Owona Nguini, la légitimité démocratique repose sur le respect des règles constitutionnelles, qui, en théorie, permettent à Paul Biya de se représenter. Cependant, cette affirmation mérite une introspection plus approfondie.
Dans une démocratie véritable, le pouvoir ne doit pas être perçu seulement comme une simple conformité aux règles établies, mais aussi comme un processus dynamique qui respecte l'esprit démocratique. Cela inclut la promotion d'une alternance politique saine, la participation citoyenne active, et l'engagement envers le renouvellement des élites.
La longévité au pouvoir, en l’occurrence 42 ans, soulève des questions sur la concentration du pouvoir et le manque de renouvellement générationnel, ce qui peut mener à une forme de stagnation politique et à l'érosion de la confiance publique.
La démocratie ne se réduit pas à la simple possibilité de se présenter aux élections. Elle se nourrit de la diversité des opinions et de la liberté de choix, qui doivent être réels et perçus comme tels par l'ensemble du corps électoral. Dans ce contexte, prétendre que personne ne doit décider à la place de Paul Biya quant à sa candidature peut être vu comme une simplification excessive de la complexité démocratique. Cela ignore les appels à une transition politique qui, bien qu'informelle, constitue une composante essentielle de la vitalité démocratique.
En outre, la démocratie ne peut être dissociée de l'idée de légitimité perçue, qui est aussi cruciale que la légalité. Un dirigeant peut légalement se présenter, mais s'il est perçu comme étant en décalage avec les aspirations populaires, cela peut mener à une crise de légitimité. Ainsi, l'argument selon lequel les conditions constitutionnelles sont remplies ne peut à lui seul servir de gage de légitimité démocratique.
Enfin, la démocratie n'est pas seulement un ensemble de règles, mais un espace de dialogue et de débat où la société civile, l'opposition, et les citoyens jouent un rôle central.
Le Professeur Owona Nguini semble négliger cet aspect en sous-estimant la nécessité d'une véritable représentativité et d'une responsabilité politique qui transcendent la simple conformité constitutionnelle. Cela pose la question de savoir si la situation actuelle reflète une véritable démocratie participative, ou si elle tend plutôt vers une démocratie électorale formelle, où la forme prime sur le fond.
Ainsi, si l'on considère ces éléments, il apparaît que la démocratie, dans son essence la plus pure, ne se contente pas de suivre des règles immuables. Elle aspire à une représentativité authentique, une légitimité perçue et une dynamique d'alternance qui, ensemble, incarnent le véritable esprit démocratique".