Nous réfutons formellement le postulat selon lequel les enfants doivent être éveillés physiquement ou psychiquement à la sexualité par le moyen d’une éducation quelconque.
Nous savons que la rencontre précoce de l’enfant avec la sexualité adulte ou conçue par des adultes peut être fortement traumatique et va à l’encontre du respect de son rythme affectif et cognitif, de sa croissance psychique, de sa maturation. La notion de minorité sexuelle légale située avant 16 ans correspond bien à la reconnaissance de ce danger. L’enfant, pour se construire et s’organiser psychiquement, a besoin que la différence des générations soit posée clairement au travers d’interdits.
Or quand un adulte, qui plus est en situation d’autorité, parle à un enfant de sexualité en dehors de toute demande de sa part, l’intrusion qu’il réalise dans la vie psychique a une tonalité incestueuse : l’adulte mêle l’enfant à ses propres pensées sur le sexe et il est alors dans le registre de la séduction et non de l’information.
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Et est-ce le rôle de l’Etat de s’immiscer dans la sphère intime des familles, des enfants et des adultes, par le traitement de questions d’ordre privé à l'école , car on peut difficilement nier que les questions de sexualité sont du domaine du privé, non seulement des adultes mais aussi des enfants ?
Enfin le rôle de l’Etat n’est pas de venir entraver les constructions identitaires familiales sur lesquelles l’enfant doit pouvoir s’appuyer dans le respect du processus de filiation et de transmission intergénérationnelle.
Nous déplorons l’existence de moyens délivrés pour « éduquer » les jeunes à la sexualité alors qu’il existe au Cameroun un déni majeur des violences sexuelles sur les mineurs: rares sont des plaintes pour viol sur mineurs qui aboutissent à une condamnation et peu de victimes sont protégées de leur agresseur, en particulier lorsqu’il est un membre de leur famille. La priorité nous paraît être un véritable plan de protection des mineurs vis-à-vis des violences sexuelles.
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Nous considérons donc comme indispensable de réfléchir avec des professionnels psychologues cliniciens et pédopsychiatres expérimentés, aux informations qui sont à délivrer aux enfants en fonction de leur âge afin de déterminer ce qui peut être abordé en public, dans une classe ou un autre lieu éducatif, sans faire effraction dans la vie psychique des enfants et adolescents, et de modifier les projets ministériels en conséquence. Il s’agit d’un principe de précaution minimum dont on ne peut que regretter qu’il n’ait pas été respecté.
C’est pourquoi notre association demande d'Arrêter l'éducation à la sexualité lancée en classe de 5ème et de retirer le livre de l'excellence en sciences mis en cause.