On connaissait la « Télévision Mille Collines » (avion 4), il faudra désormais s’habituer à la « Télévision villageoise » (Canal 2), celle dans laquelle un directeur général adjoint, troisième personnalité de l’entreprise et journaliste brillant, doit faire valider le menu de ses émissions par ses subalternes, dont certains sont là depuis plus de 10 ans sans avoir jamais rien fait de grand si ce n’est ourdir des intrigues et des coups bas. Seule Canal 2 International, la télévision, que dis-je ? la chose de Chatué Emmanuel est capable de pareille comédie.

Après l’indignation générale suscitée par la censure grossière de l’homme politique Bernard Njonga mardi soir à la Grande Interview, Canal 2 a tenté de reprendre la main à travers un communiqué publié sur sa page Facebook. A peine deux heures après la publication de cet étron simplement insultant envers l’intelligence du public, les dirigeants de Canal 2 se sont précipités de le retirer, face à une avalanche de critiques déversées par des téléspectateurs outrés et choqués par la légèreté et l’immaturité du texte.

Sur la forme, il faut dire que le communiqué est rédigé dans un style élémentaire au point qu’on se demande comment avec autant de milliards CHATUE Emmanuel n’a pas pu trouver de quoi se payer une secrétaire capable de l’aider à écrire des textes un peu plus sexy que ce qu’on a pu péniblement lire. Passons.

Sur le fond maintenant, dès le début du communiqué que personne à Canal 2 n’a eu le courage de signer, on voit bien que nous avons affaire à une espèce de trucs avec des organes dont on se demande bien quel est le rôle réel : « Comité de direction », « Comité éditorial » Que des choses bidons exactement comme le poste de DGA chargé de quelque chose qu’on a donné à Tagne …

Par la suite, l’on apprend qu’il est reproché au présentateur de La Grande Interview d’avoir fait diffuser la bande annonce de son émission de manière clandestine sur les antennes de Canal 2 alors que, « seule la direction des programmes est habilitée à programmer les bandes annonces ». En lisant ça, on tombe des nues. Comment une bande annonce peut-elle être diffusée clandestinement de jeudi à mardi sur une chaîne de télévision qui prétend être sérieuse sans que le responsable qui en a la charge ne s’en indigne et la retire ? On se souvient aussi que mardi soir au journal, l’un des présentateurs a annoncé la Grande Interview avec Bernard Njonga. Preuve que tout le monde savait que cette émission était prévue.

Il s’agit là, d’un aveu de l’incompétence de la directrice des programmes (Yemelong Carole) qui pour un tel manquement doit être sévèrement sanctionnée. Car, si elle avait fait le boulot que l’on tente de lui prêter a posteriori face au scandale Njonga, on n’en serait pas là. On n’aurait en tout cas pas attendu que le candidat à la présidentiel de 2018, accompagné de sa femme et de ses enfants soit assis à deux minutes du début de l’émission pour le sécher comme un vulgaire personnage.

Le pompon c’est quand on affirme, comme pour lui donner le coup de grâce, que Jean Bruno Tagne a fait venir « unilatéralement » un invité à la télévision. Chatué Emmanuel connait-il seulement le principe juridique en vertu duquel « qui peut le plus peut le moins » ?

La conclusion qui se dégage de tout ce capharnaüm est que Canal 2 international est une espèce d’échoppe familiale qui se gère au gré des humeurs de ses propriétaires et qui s’en sert comme un appât pour ses affaires. Il y a cultivé la délation, les coups bas, les pratiques de sorcellerie au point que certains employés sont de véritables monstres pour leurs collègues. Avec la bénédiction du Pdg, spécialiste du « cognage » de têtes et de l’espionnage pour son compte. Un panier à crabe où les collègues se bouffent dans l’espoir d’évoluer au sein de l’entreprise ou de bénéficier des subsides d’un patron qui sait se montrer généreux pour qui vient médire des autres.

QUE DIT LE DONNEUR DE LECONS DENIS NKWEBO ?

Depuis le scandale Njonga et d’autres qui ont précédé, le silence du Syndicat national des journalistes du Cameroun est assourdissant. Mais il ne surprend guère certains employés syndiqués de Canal 2 qui ont appris à ne pas faire confiance à cette structure dirigée par un certain Denis Nkwebo par ailleurs Conseiller à la société pétrolière Bocom. Donneur de leçons devant l’éternel, le journaliste du quotidien le Jour n’a jamais pipé mot face aux abus commis par Chatué Emmanuel envers ses employés : licenciements abusifs, salaires irrégulièrement payés et en deçà de ceux exigés par la convention collective, etc. Nkwebo est plutôt prompt à s’en prendre à Severin Tchounkeu, le patron d’Equinoxe Tv. C’est que Chatué a appris à être « large » avec ceux qui peuvent l’aider à faire passer ses écarts managériaux au sein de l’opinion…

Dans les couloirs de Canal 2, lorsqu’on parle de Nkwebo et de son SNJC, cela ne suscite que mépris. « Pose ton problème à ces gens-là et le patron est au courant le soir même de tout ce que tu auras dit. Quand on a de façon fantaisiste affecté nos collègues à Mora, Tcholiré et Bamenda, ils n’ont pas bronché. Quand on a viré Ruben Malick ici, Nkwebo a trouvé des mots pour accabler non pas le patron, mais plutôt l’employé qui venait de se faire chasser », nous confie dégoûté, une journaliste en poste à Canal2.

L’affaire Njonga contre Canal2 jette une lumière crue sur les tares managériales d’une télévision jadis adorée qui a pris la mauvaise pente. La tentative d’humiliation de Jean-Bruno Tagne, un journaliste qui ne demandait qu’à faire son travail dans un environnement difficile est mal vécue par ses collègues qui saluent un homme humble, disponible et surtout compétent.

Nous ne lâcherons jamais ce confrère qui a besoin de nous ! J’en fais la promesse.