Le 11 septembre 2014, le président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) entérinait les décisions de la Commission ad hoc chargée de connaître des cas d’indiscipline enregistrés lors du double scrutin législatif et municipal du 30 septembre 2013. Paul Biya avait eu la main lourde pour certains de ses camarades de parti avec des sanctions allant des lettres d’observation à l’exclusion définitive des rangs du RDPC en passant par des avertissements, des blâmes et des exclusions temporaires.
Le « crime » de ces militants, avoir ignoré certaines dispositions des textes de base du parti et qui figurent sur la carte d’adhésion qu’était sensé avoir chacun d’entre eux au moment des faits : « Je m’engage à appliquer les décisions et actes pris par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais et à respecter la ligne politique du parti » et être allé à l’encontre des décisions arrêtées par les instances dirigeantes.
En clair, ces militants avaient ignoré les règles qui régissent le fonctionnement du parti dont ils sont membres. Parmi ceux-ci, certains qui avaient même été élus à la tête de certains exécutifs municipaux ou d’anciens membres du parlement. Au-delà de ce qui apparaissait comme inédit dans une formation politique qui semblait tout pardonner à ses militants, l’on notait néanmoins comme un vide dans la formation politique de ces militants. Ce qui est arrivé dans le RDPC l’aura été plusieurs fois auparavant dans d’autres formations politiques de l’échiquier camerounais. En effet, combien de militants du Social Democratic Front (SDF) ont été victimes de l’application de l’article 8 alinéa 2 des statuts de ce parti depuis sa création en 1990 ?
Le 16 octobre 2013, Ngoupayou Mama, ancien maire de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) dans la commune de Massangam était exclu des rangs de cette formation politique pour « faute lourde ». Toujours dans la suite des élections législatives et municipales du 30 septembre 2013, des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) étaient sanctionnés dans la région de l’Ouest. Le 4 mars 2012, Hassana Tchiroma, secrétaire national à l’organisation du Front pour le Salut national du Cameroun a été démis de ses fonctions. Il lui était reproché « un comportement incompatible avec l’esprit et la lettre des statuts et du règlement intérieur du parti ».
Les sanctions des militants de partis politiques sont devenues légion dans le paysage camerounais. Elles concernent à la fois les cadres comme les militants de base et posent le problème de la formation de ces hommes et femmes chargés d’animer la vie politique nationale. Combien de partis politiques disposent de structures de formation pour leurs militants ? Très peu assurément. Elle est bien loin l’époque de l’école des cadres qui avait fait la force de l’Union nationale camerounaise (UNC) puis du RDPC à une époque.
Très peu de partis politiques peuvent se targuer de disposer en leur sein de structures pour l’encadrement politique des militants. Une insuffisance que le parti au pouvoir a commencé à combler avec la création le 23 avril 2015 d’une Académie. Conformément à l’article 3 de la décision du président national qui la crée, l’Académie du RDPC « est la structure de formation et de renforcement des capacités des militants et élus du parti ».
L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) a son cadre de formation pour ses militants. Il en est de même pour le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM) qui est doté d’un institut de formation et d’études politiques ou de l’Union des populations du Cameroun (UPC), voire le Cameroon People’s Party (CPP) où l’on indique que la formation passe avant toute délivrance de la carte de membre. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) envisage de mettre sur pied une structure de formation de ses militants.
Mais au-delà de ces cadres qui, comme pour le cas du RDPC, devront œuvrer à la formation et au renforcement des capacités des militants, il est difficile de dire combien parmi eux arrivent à une maîtrise des textes de base des partis au sein desquels ils sont membres. Cela a toujours pour conséquences, des incompréhensions qui entraînent des sanctions comme celles que nous avons évoquées plus haut. Mais tout ceci ne pourra être complet que lorsque les partis politiques camerounais, vont prendre les habitudes de ce qui se fait ailleurs avec les exemples des universités d’été en France qui permettent aux militants d’être imprégnés du programme de leur parti sur une année.