Opinions of Thursday, 30 June 2022

Auteur: Wilfried Ekanga

'Paul Atanga Nji est un homme dépourvu d'intelligence': Wilfried Ekanga s'explique

Paul Atanga Nji Paul Atanga Nji

Dans une tribune publiée ce jour, l'analyste politique Wilfried Ekanga accuse le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji d'être à l'origine d'un plan "d'élimination méthodiquement toutes les oppositions sérieuses", dont le MRC. Dans cette tribune que la rédaction de CamerounWeb vous propose, il explique pourquoi le Minat est dépourvu d'intelligence.

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"Paul Atanga Nji est un homme dépourvu d'intelligence; sauf qu'en matière de cynisme, il est excellent. C'est d'ailleurs pour cette capacité à endosser le rôle du pitbull en charge des sales besognes que Paul Biya (le Cynique en chef) l'avait intégré à son gouvernement en le nommant chargé de mission à la Présidence en 2007, puis MINAT en mars 2018.

Et puisqu'il est en même temps membre du comité central du RDPC, Joseph Vest a pour rôle principal d'éliminer méthodiquement toutes les oppositions sérieuses, afin de consolider le parti unique de facto, et d'assurer encore 40 années supplémentaires au clan Biya, dont ils sont en train d'insérer le fils prodigue (Franc Emmanuel) de façon de moins en moins subtile, dans le paysage politique national. C'est le paradigme du gré à gré dynastique.

Mais puisqu'il faut malgré tout garder des apparences démocratiques (afin de faire semblant de répondre à Emmanuel Macron quand ce dernier fera lui-même de nouveau semblant de prononcer le mot "transition"), il est important pour le RDPC de s'entourer de quelques opposants décoratifs : les « républicains », ceux qui ne dérangent pas trop Yaoundé, qui n'organisent jamais de marches, et qui ne convoquent jamais la vacance du pouvoir malgré l'inaptitude évidente de Biya à gouverner (ou même à monter quelques marches, tel qu'on l'a vu - ou pas - le 20 mai, avec interdiction formelle de filmer sur son portable).

Et pour fabriquer des opposants décoratifs, il faut concasser les partis rivaux comme des noix de palme, en provoquant la création de deux ailes internes : l'une docile et coopérative envers le pouvoir (donc la bonne opposition), et l'autre radicale (donc nous, les non-conformes, ceux qui veulent déstabiliser le Cameroun). Et comme le dit Jésus dans la Bilble - que le sieur Atanga Nji, comme tout bon Diable, aime brandir ça et là -, un royaume où les habitants ne sont plus en symbiose entre eux ne peut pas subsister longtemps. Le parti se retrouve alors pris dans des guéguerres internes et n'a plus le temps de se consacrer au seul véritable ennemi : le Gang de Malfrats de Yaoundé.
Et puisqu'il a des agents collabos en interne qui ont retourné leur veste (ou leur Vest), l'addition se corse, car le ver est dans le fruit.

MORCEAUX CHOISIS :

L'UPC, qui a pourtant tenu la dragée haute à Yaoundé et à la France dans les années 50 - 70 avec des mastodontes tels que Um Nyobé, Félix Moumié et Ernest Ouandjé, n'existe pratiquement plus aujourd'hui, en particulier depuis que Joseph Vest, en juillet 2018 (donc à peine élu à l'administration territoriale), est allé installer son secrétaire général et ses représentants. C'est la première fois dans le monde que la sorcellerie atteint ce niveau, où le parti au pouvoir désigne les patrons d'un parti rival... Dans la foulée, l'idéologie du SDF historique, que porte toujours l'honorable J-M Nitcheu et sa suite, et qui a fait vaciller Biya en 1992, est en train d'être diabolisée et foulée aux pieds par un nouveau et insolite « SDF patriote » dont les ambassadeurs ont déserté le NOSO depuis belle lurette pour s'installer à Yaoundé, près de Biya.
Parce que la terre est sale.

Reste alors le dernier bastion, le MRC, la muraille ultime, dont la têtutesse et la résilience privent de sommeil le Gang de Malfrats depuis bientôt quatre ans. Ayant essayé l'intimidation et la répression sauvage sans succès depuis la fin de la présidentielle, voici le régime revenu à ses fondamentaux initiaux : la ruse, la bonne vieille méthode du cisaillement et de la dislocation interne pour éparpiller les énergies. Pour y arriver, il a suffi de cibler les entités les plus vulnérables, celles qui ont de la rancœur envers le parti notamment suite à la décision (géniale) du MRC de ne pas participer aux législatives et municipales.

Le résultat des messes de minuit entre ces entités et le pouvoir est sans appel : incohérences dans le récit de la soudaine « réapparition », communication publique dense sur tout et sur rien (alors que rien ou presque n'avait fuité sur les messes de minuit), focalisation et gesticulation outrancières sur les textes du MRC alors que la candidature reste ouverte à tous, et que c'est le Gang de Yaoundé qui tue, pille, viole, vole, torture, musèle et confisque le réel pouvoir aux Camerounais...

Et pour finir, côte de popularité subite et grandissante chez les biyayistes. A se demander quel est ce type d'opposant(e) aimé(e) et adulé(e) par ceux qu'il/elle est supposé(e) renverser.

Ce type d'entité est nuisible comme un moustique en zone marécageuse, et doit être neutralisée en amont, avant d'avoir commencé à piquer ses premières victimes et à devenir réellement nocive.

Car même si la structure possède ses défauts, la bataille, la vraie, c'est devant, droit en face de nous, et non derrière, ni sur les côtés".