Entre le 6 novembre 1982 et le 6 novembre 2016, le président Paul Biya a vu passer plusieurs homologues nigérians, sud-africains, ghanéens, béninois, sénégalais, maliens, tanzaniens, kényans, botswanais, français, américains, russes, chinois et plusieurs Premiers ministres anglais.
La carrière de Paul Biya débute en octobre 1962 lorsqu’il est nommé Chargé de mission à la Présidence de la République dès son retour des études à Paris. En Janvier 1964, il était Directeur de Cabinet du ministre de l’Éducation nationale, de la jeunesse et de la Culture William Aurélien Eteki Mboumoua qui a récemment tiré sa révérence. En Juillet 1965, Paul Biya était Secrétaire Général du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Culture.
Deux ans plus tard, précisément en décembre 1967, il était Directeur du Cabinet civil du Président de la République. En Janvier 1968, il devenait Secrétaire Général de la Présidence de la République, cumulativement avec ses fonctions de Directeur du Cabinet civil. En août 1968, Paul Biya était ministre, Secrétaire Général de la Présidence de la République. En juin 1970, Paul Biya devenait ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence de la République.
Victoire volée en 1992
Dès le mois de juin 1975, Paul Biya était Premier ministre de la République Unie du Cameroun. Paul Biya gardait en juin 1979 ses fonctions de Premier ministre avec la possibilité de succéder au Président Ahmadou Ahidjo. En effet, Paul Biya devenait successeur constitutionnel du Président de la République à la faveur de la loi n°79/02 du 29 juin 1979. A la suite de la démission du Président Ahmadou Ahidjo le jeudi 4 novembre 1982, Paul Biya prêtait serment comme Président de la République Unie du Cameroun et devenait le deuxième Président de la République du Cameroun le samedi 06 novembre 1982. C’était au cours d’une cette cérémonie qui s’était déroulée à l’Assemblée Nationale, devant les députés de la nation. Paul Biya se fera élire Président de la République le 14 Janvier 1984 et réélire le 24 avril 1988 dans le contexte du monolithisme politique.
La toute première élection présidentielle au suffrage universel direct avec pluralité de candidatures a lieu le 11 octobre 1992. Paul Biya est déclaré vainqueur par la Cour suprême dans un scrutin où son challenger Ni John Fru Ndi, candidat du Sdf porté par l’Union pour le changement, revendique sa victoire volée. Paul Biya sera réélu le 11 octobre 1997, un scrutin boycotté par Ni John Fru Ndi. Il sera aussi réélu aux élections présidentielles 10 octobre 2004 et du 9 octobre 2011. Après avoir fait supprimer le verrou de la limitation du mandat présidentiel en 2008. Quand il accédait à la magistrature suprême, Paul Biya était le 1er Vice-président du Comité Central de l’Union nationale Camerounaise (Unc). Il allait se faire élire président de l’Union nationale Camerounaise le 14 septembre 1984, puis président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) après la transformation de l’Unc en Rdpc le 24 mars 1985 à Bamenda.
Chute libre et grand bond en arrière !
Le Cameroun est passé sous le règne de Paul Biya de Pays à revenu intermédiaire à pays pauvre très endetté(Ppte). Son « illustre prédécesseur » avait pourtant laissé une économie en pleine expansion et des finances saines. En matière de droits et libertés, l‘arsenal des lois du 19 décembre 1990 obtenues de haute lutte par la société civile et l’opposition est sérieusement attaqué et violé par la loi n° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme et par la loi N° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code Pénal. Au journaliste français Yves Mourousi de la radio Monte-Carlo qui lui demandait le 21 juillet 1990, ce qu’il souhaitait que l’on retienne de lui, Paul Biya déclarait : « Je voudrais que l’histoire retienne de moi l’image de l’homme qui a apporté à son pays la démocratie et la prospérité ». Il n’y a ni démocratie ni prospérité au Cameroun.
Après 54 ans aux affaires et 34 ans au pouvoir, tout converge vers le fait que l’auteur de « Pour le Libéralisme Communautaire » est et demeure le candidat naturel du Rdpc aux élections présidentielles en 2018. Entre le 6 novembre 1982 et le 6 novembre 2016, le président Paul Biya a pourtant vu passer plusieurs homologues d’Afrique et d’autres continents. Paul Biya a vu défiler les présidents nigérians Shehu Shagari(1979 -1983), Muhammadu Buhari (1983-1985 et depuis le 29 mai 2015), Ibrahim Babangida( 1985-1993), le Président nigérian par intérim Ernest Shonekan (26 août 1993 - 17 novembre 1993), Sani Abacha(1993-1998), Abdulsalami Abubakar ( 1998 - 1999), Olusegun Obasanjo (1999 – 2007),Umaru Yar’Adua ( 2007 - 2010), Goodluck Jonathan( 2010 – 2015).
Un dinosaure politique
Paul Biya a connu les présidents sud-africains Pieter Willem Botha (1984 -1989), Frederik de Klerk (1989-1994), Nelson Mandela (1994-1999), Thabo Mbeki (1999-2008), Kgalema Motlanthe (2008-2009), Jacob Zuma (depuis le 9 mai 2009). Paul Biya a également vu passer les présidents ghanéens Jerry Rawlings (1981-2001), John Kufuor (2001-2009), John Atta Mills (2009-2012) et John Dramani Mahama (depuis le 24 juillet 2012).Ainsi que des homologues béninois comme Mathieu Kérékou, Nicéphore Soglo, Thomas Yayi Boni et Patrice Talon (depuis le 6 avril 2016) ; les sénégalais Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall (depuis le 2 avril 2012). Mais aussi plusieurs présidents maliens dont Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré, Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keita (depuis 2013). Sans oublier des présidents rwandais, centrafricains, tchadiens, gabonais, tanzaniens, kényans, botswanais, français, américains, russes, chinois et plusieurs Premiers ministres anglais. Paul Biya est l’un des rares dinosaures politiques encore en fonction en Afrique.