La peur d’être poursuivi hante Paul Barthélemy Biya et trouble son sommeil au point où il ne quittera pas sûrement pas le pouvoir en 2018. Et pour cause, déjà en 1992, moins de 10 ans seulement après que Biya eût accédé au pouvoir gratuitement par une offre de son géniteur, feu Amadou Ahidjo, Robert Messi Messi, ancien directeur de la société camerounais de banque, SCB, première grosse faillite de l’ère Biya, sonnait l’alarme en accusant preuves à l’appui dans JAE (151, janvier 1992), le jeune président camerounais Paul Biya et son épouse d’alors, Irène Biya, de détournement de fonds publics et de dépôt illégal dans un compte à l’étranger.
Messi Messi avait-il vu juste?
Depuis quelques années, Paul Barthélemy Biya, président à vie du Cameroun, fait face à une pression de plus en plus grandissante pour la déclaration de ses biens depuis que le CCFD avait estimé à plus 70 millions d’euros (soit environ 46 milliards de francs CFA) «la fortune du Président Camerounais, et s’était, par la même occasion, interrogé sur ses nombreuses acquisitions, notamment la Villa Isis sur la Côte d’Azur, qui appartiendrait, croit-on, à son fils, Franck Biya ou encore le financement occulte des sectes ésotériques dont il est souvent accusé à tort ou à raison ».
Paul Biya capitaine des Lions indomptables du détournement
Fabriquer des détourneurs de fonds publics pour les accuser par la suite. Jamais dans l’histoire d’un pays africain, autant de ministres en postes ou anciens ministres se sont retrouvés en prison pour le même chef d’accusation, à savoir détournement de deniers publics. Et comme une peste, cette situation est tellement contagieuse, que les camerounais pensent que toute la classe politique camerounaise est pourrie et que leur place se trouve en prison. Bien sûr avec comme capitaine leur chef, le président Biya qui craint le jugement dernier du peuple. Et comme dans ses habitudes, M. Biya ne dit mot. Il neutralise ceux qu’il a fabriqués.
Kondengui domicile de retraite des ministres créature de Biya
Pourtant, en dévoilant leurs avoirs, comme le stipule la loi fondamentale de notre pays, le président de la république et ses créatures de ministres participeraient ainsi à un exercice de transparence financière dans la vie publique que Biya a lui-même énoncé dans un projet de loi et enchâssé dans notre constitution depuis 1996. 19 ans plus tard, aucun membre de ses multiples gouvernements n’a rendu public ses avoirs au moment de sa prise de fonction ou au moment de quitter le gouvernement pour rejoindre la prison de Kondengui, le nouveau domicile de retraite des ex-ministres.
Et on sait combien ils sont nombreux en prison aujourd’hui pour détournement de fonds publics ou en attente d’être accusés. C’est à croire que si un exercice de transparence financière était effectué aujourd’hui, c’est presque la totalité du gouvernement qui se retrouverait en prison avec Paul Biya comme capitaine des Lions indomptables du détournement des fonds publics. La situation est tellement grave, que certains simulent maintenant des maladies pour échapper à la prison.
Comme le président Biya, tous méprisent et bafouent la constitution du Cameroun
Pour le moment, aucun membre du gouvernement ne déclare ou n’a l’intention de présenter ses biens, même si la Constitution du Cameroun de 1996, en son article 66, est assez claire :
« Le Président de la République, le Premier Ministre, les membres du Gouvernement et assimilés, le Président et les membres du Bureau du Sénat, les députés, les sénateurs, tout détenteur d’un mandat électif, les Secrétaires Généraux des Ministères et assimilés, les Directeurs des Administrations centrales, les Directeurs Généraux des Entreprises publiques et parapubliques, les magistrats, les personnels des administrations chargées de l’assiette, du recouvrement et du maniement des recettes publiques, tout gestionnaire de crédits et des biens publics, doivent faire une déclaration de leur biens et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction. Une loi détermine les autres catégories de personnes assujetties aux dispositions du présent article et en précise les modalités d’application». Source : Services du Premier Ministre.
Ainsi, compte tenu du fait que nul ne peut être au-dessus de la Loi fondamentale, on peut constater que la constitution serait bafouée non seulement par le président lui-même, mais également par tous ceux qu’il a consciemment nommés et qui ont par la suite, sans aucune crainte, vidé les caisses de l’État camerounais. Il apparaît donc juste aujourd’hui de se dire que tôt ou tard, et que l’on se rassure, Paul Barthélemy Biya devra s’expliquer devant la justice de notre pays, même à titre posthume.
Paul Barthélemy Biya devant la justice de notre pays, même à titre posthume
Le sachant très bien, et pour tenter d’éviter cette justice, il avait, par la voix des députés RDPC, majoritaire à l’Assemblée nationale camerounaise, bétonné la nouvelle Constitution dans son article 53 (nouveau) de telle sorte que pour qu’il (Président) soit mis en accusation il faudrait un « cas de haute trahison ». Et si jamais il y a haute trahison, pour que le chef de l’état soit entendu, il faut « un vote identique au scrutin public » de l’assemblée nationale et du Sénat, et une « majorité des quatre cinquièmes ». On ne peut pas mieux se protéger.
Mais contre qui et de quoi exactement Biya peut-il avoir si peur s’il ne se reproche de rien?
Dans tous les cas, ce que M. Biya oublie, c’est qu’il a gouverné le Cameroun en 1994 avec moins de 35% de votes populaires. Élection présidentielle qu’il aurait volée à un candidat de l’opposition et il le sait. Qui plus est, l’Assemblée nationale en adoptant en 2008 un projet de Loi controversé sans débat, et en un temps record, avait démontré que tout chef d’État Camerounais peut, d’un seul coup de tête ou pour ses besoins personnels ou nationaux, décidé de modifier la Constitution Camerounaise pour l’adapter à « sa » réalité circonstancielle. Et Biya n’y échappera pas.
D’ailleurs M. Biya avait reconnu cette possibilité dans son discours de janvier 2008. Ce qui en terme clair veut dire tout simplement qu’au lendemain de son départ du pouvoir, pour constater l’avancement de l’état de notre pays, il sera légitime pour le nouveau président et nouveau homme fort d’Étoudi, de demander et d’obtenir une mise à jour de la Constitution afin que M. Biya réponde de ses actes devant la justice Camerounaise.
Quelle place le président Biya occupera dans l’histoire En introduisant un amendement à l’article 53 de la constitution, on peut croire que M. Biya a peur d’une poursuite. Poursuite dont il ne pourrait échapper. Il est aussi bel et bien « éperviable » au même titre que tous les fonctionnaires qui méditent leur sort actuellement à Kondengui. On peut aussi se demander si le fantôme d’Ahmadou Ahidjo ne hante pas le président Camerounais. N’a-t-il pas peur de vivre la même humiliation qu’il réserva à son géniteur quelques mois seulement après son départ du pouvoir? Ha, comme le temps passe Vite! Qui de Paul Biya ou d’Ahmadou Ahidjo aura le premier monument d’ancien chef d’État au Cameroun? Qui aura en premier les funérailles nationales? Voilà les questions que tant Biya que son entourage se posent.
En tout cas, il reviendra donc à la justice camerounaise un jour pas lointain de décider de la place que Paul Barthélemy Biya occupera dans l’histoire de notre cher pays. On connaît le sort qui fût réservé par ce denier à son prédécesseur. À quelques encablures seulement de la fin de son long règne sans partage, l’avenir n’est pas rose pour Paul Biya; et cela pourrait être aussi celui du Cameroun.