Le président Paul Biya devrait parfois penser à changer de méthodes dans ses montages d'événements visant à aveugler les camerounais et la communauté internationale. Il envoie toujours des missions à l'étranger lorsque ses propres intérêts sont menacés et pour les besoins uniques de son maintien au pouvoir, jamais pour résoudre les problèmes de la diaspora, même ceux qu'il déclare comme objets des missions.
Il vient encore de commettre une mission de trois membres pour rencontrer la diaspora des États-Unis sur la question anglophone, qui vient après la saisine de l'ONU par la délégation de nos concitoyens anglophones comportant le doyen Njoh Litumbe, comme le CCT l'a saisie plusieurs fois sur la même question. Il entend informer et sensibiliser la diaspora, mais aussi les autorités américaines, comme si les américains ignoraient tout ce qui se passe au Cameroun, et que leur ambassade au Cameroun ne s'occupait qu'à se curer les ongles!
J'assistai une fois à une séance de travail avec l'une de ces délégations de Biya, composée de Fozing, Albert Mbida and Wouno, en compagnie de l'ambassadeur Tomo Monthé, pour résoudre la question de la double nationalité, alors même que Paul Biya, les membres de sa famille et ses ministres et protégés ont une double nationalité, la française et la camerounaise. Pressé par mes questions, Mr. Fozing affirma que le dossier sur la double nationalité se trouvait sur la table de Paul Biya. Tous les problèmes soumis par la diaspora à cette délégation, comme le manque de consulat à New York et dans les 49 États, problème de renouvellement de passeport , le besoin d'un centre culturel camerounais, les difficultés rencontrées par les investisseurs de la diaspora à la douane camerounaise, les diplômés de la diaspora recrutés par l'État qui ne sont intégrés au Cameroun à cause des critères tribaux, le «qui t'a envoyé?», et les exigences d'appartenance au club des buveurs de sang ou de devenir homosexuel.
Par conséquent, demander encore aux camerounais de la diaspora d'aller rencontrer cette délégation n'est que de la diversion, une occasion de leur donner de l'argent de mission et leurs courses. Aucune réunion sans concertation préalable n'aura d'impact quand les compatriotes sont occupés dans leurs boulots aux programmes stricts.
Nous au CCT, avons demandé la libération de prisonniers politiques, notamment anglophones, comme condition non négociable pour la tenue de toute assise. Paul Biya manque tellement de respect aux problèmes de nos compatriotes anglophones, et même à la langue anglaise, que même sa lettre de mission est en français, en-tête et texte.
Nous lançons un appel à tous les camerounais vivant aux États-Unis de faire le bilan des assises du passé avec les délégations envoyées du Cameroun par Paul Biya et de tirer les conclusions avant de prendre des décisions sur cette autre mission devant séjourner ici du 3 au 9 août.
Le CCT a toujours rappelé que le président Paul Biya ne vient toujours vers la diaspora, à travers ses intermédiaires, que lorsque ses intérêts personnels sont menacés. Nous avons dénoncé les faits dramatiques et très graves de nos frères et sœurs, fils et filles qui meurent en Libye, au Liban, dans le désert du Sahara, dans la mer Méditerranée, en Italie, au Maroc, en Algérie, en Espagne et ailleurs dans le monde. Paul Biya n'a envoyé aucune délégation nulle part dans ces endroits, où nos compatriotes meurent pourtant à cause des mauvaises politiques économiques et sociales qu'il a mis en place au Cameroun depuis 35 ans. Il ne pense pas qu'il est le principal responsable de la mort de nos compatriotes sur les chemins de l'exil parce qu'il a transformé le Cameroun en un désert invivable de désespoir pour ceux n'ont personne dans son système népotiste gouvernant pour les protéger.
Au Liban, nos sœurs et filles sont violées et tuées, et un libanais est le consul honoraire que Paul Biya y a nommé. Dans une multitude d'autres pays, il n'y a même pas de consulats et d'innombrables camerounais y rencontrent des difficultés et y meurent sans que leurs familles et l'État camerounais soient au courant.
Sa délégation vient aujourd'hui pour informer la diaspora des États-Unis et les autorités américaines du problème «des provinces du sud-ouest et du nord-ouest», qu'il a pourtant lui-même créées de toutes pièces en radicalisant ses positions par ses ordres de mater violemment les revendications légitimes de nos concitoyens du Cameroun occidental en les faisant tuer, torturer et séquestrer à Yaoundé, les accusant arbitrairement de terrorisme devant un tribunal militaire corrompu, et par des déclarations extrémistes fracassantes de refus total du fédéralisme et d'attachement inébranlable à un «Cameroun un et indivisible», comme si la Fédération camerounaise n'était pas une et indivisible de 1961 à 1972 avant que lui et Ahmadou Ahidjo la détruisent en violation de l'article 47 de notre constitution fédérale, et comme si une fédération n'est jamais une et indivisible, faisant ainsi mensongèrement croire que les États-Unis, le Nigeria, l'Allemagne, la Suisse et toutes les fédérations du monde ne sont pas unes et indivisibles.
Depuis 35 ans, c'est comme ça qu'il dépêche à l'étranger des missions bidons, dont il ignore et classe ensuite systématiquement les rapports dans les oubliettes. Il n'y a pas la moindre indication que cette mission de Ghogomu Paul Mingo, Elvis Ngolle Ngolle et Fabien Nkot puisse apporter quoi que soit sur le terrorisme étatique sous lequel vivent nos citoyens anglophones. Car la personne qui en est le responsable principal, à savoir le président Paul Biya, est seul capable d'y mettre fin. Il lui suffit simplement d'abandonner ses positions radicales et extrémistes de refus de dialogue avec nos citoyens anglophones mécontents, comme la vaste majorité des autres camerounais, de son système néocolonial incompétent, corrompu, prévaricateur, liberticide, oppressif, terroriste et destructeur de notre économie et de notre pays, et d'ouvrir enfin un dialogue franc avec les contestataires anglophones tout en restant prêt à faire des concessions là où elles sont nécessaires et indispensables.
"/>