Opinions of Thursday, 13 October 2016

Auteur: camer.be

Paul Biya, déjà 99 jours à l’étranger en 2016

Le président camerounais, Paul Biya Le président camerounais, Paul Biya

Ce jeudi, cela fera 28 jours que le chef de l'état camerounais est absent de son pays. Parti le 17 septembre pour la 71ème assemblée générale des Nations Unies, Paul Biya continue de traîner à l’extérieur alors que tous ses homologues présents à cette assise ont rapidement regagné le bercail dès la fin des travaux, et parfois aussitôt leur intervention à la tribune de l’Onu achevée.

Samedi dernier, ce sont des activistes du Front Uni de la diaspora camerounaise qui sont allés perturber sa quiétude légendaire à l’hôtel intercontinental de Genève (suisse), un établissement pour fortunés accusé de «complicité de recel de biens publics». «Peuple camerounais, voici où Paul Biya vient dilapider votre argent ! (…) M. Biya, sortez de cet hôtel, et rentrez au Cameroun vous occuper de la guerre que vous avez déclarée (à Boko Haram)», ont-ils hurlé sous les fenêtres présidentiels.

Quelques jours plus tôt, le même mouvement, ainsi que le Collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora camerounaise (Code), publiaient une déclaration conjointe dans laquelle ils indiquaient que «les Camerounais sont fatigués de voir leur pays dirigé par un absentéiste notoire et incompétent, qui n’a aucune notion du patriotisme et qui est devenu la risée du monde». Pour eux, «la fortune dilapidée pour ses plaisirs à Genève et son train de vie de monarque ne sont pas compatibles avec l’état du délabrement de l’économie camerounaise, qu’il a ruinée».

Après le «court séjour privé» de 30 jours «en Europe» – pays inconnu sur la carte du monde –, intervenu entre le 23 février et le 14 mars, il s’agit de la plus longue absence de m. Biya du pays depuis le début de l’année, pour un total de 99 jours majoritairement consacrés à des voyages d’agrément en Occident. Selon les tarifs affichés sur son site camer.be, la suite présidentielle à l’Intercontinental coûte 5.394.876 francs CFA la nuitée, la suite diplomatique 3.596.584 francs et la chambre Deluxe 245.766 francs. Et ce sans préjudice des frais d’extras (restauration, pressing, etc.).

C’est dans ces catégories que s’enregistrent le chef de l?état camerounais et sa suite, une délégation réduite constituée entre 7 et 12 personnes. À ceux-ci s’ajoutent les membres des missions avancées et autres accompagnateurs, tous logés à bonne enseigne et bénéficiant par ailleurs de colossaux frais de mission. Et quant à tout ceci s’ajoute la location des aéronefs pour les déplacements présidentiels, dont l’immobilisation coûte 78 millions de francs par jour, l’ardoise devient plus que douloureuse pour le contribuable d’une contrée ayant accédé au rang de pays pauvre très endetté (Ppte), après une douloureuse période d’ajustement structurel.

Cet insolent standing, dans lequel Paul Biya ne se refuse rien, apportant en outre un soin particulier au bon traitement de sa cour, finissent par confirmer l’image de république bananière du Cameroun. Les absences prolongées de son chef, au-delà de cette exécrable impression de gouvernance à distance, pour ne pas dire d’un refus de gouverner, portent un sérieux préjudice à la crédibilité d’une nation qui proclame l’émergence à l’horizon 2035.