Loin de nous l’intention de jouer les Rabat-joie. Surtout que neuf jours après la clôture de la CAN de football féminin 2016, on continue de savourer l’excellente performance de l’équipe fanion Dame. Un parcours sans faute, jusqu’à la finale perdue contre l’éternel Champion, le Nigéria. Nonobstant cet échec à la sortie, le peuple camerounais, dans sa large majorité, a fait la révérence à la Reine Christine Manie et ses coéquipières.
Les Lionnes indomptables nous ont fait honneur en se montrant conquérantes pendant la phase finale de la CAN 2016, mais elles n’ont écrit aucune histoire singulière en dehors d’avoir servi d’exutoire à une bonne partie du peuple qui vit dans la précarité sociale. Donc, les Lionnes n’ont encore rien fait, permettez-nous de paraphraser Idriss Carlos Kameni.
Depuis la création de la CAN féminine, elles courent toujours derrière un titre de champion. Le 3 décembre dernier, elles disputaient pour la quatrième fois une finale. Elles sont donc pour la quatrième fois vice-championnes d’Afrique. Mais, avant ce jour, elles n’avaient jamais été reçues par le Chef de l’État. Normal, Paul Biya a pris l’habitude de n’ouvrir les portes de son illustre palais qu’aux champions.
Comment expliquer qu’au moment où le Cameroun fait face à la grogne sociale et à l’insécurité, le Président de la République et son épouse décident de faire la fête avec les Lionnes indomptables, éternelles vice-championnes ? Cela apparaît comme une véritable diversion.
La décision de Paul Biya de recevoir les footballeuses de l’équipe nationale sonne également comme une incohérence majeure par apport à sa légendaire déclaration: «Au Cameroun, il n’y a pas de sport majeur, de sport mineur, ni de sport réservé». Une déclaration lourde de démagogie quand on sait qu’il y a un an seulement, les Lionnes indomptables de Basket-ball avaient également bien défendu les couleurs du Cameroun à Yaoundé, à la faveur de l’Afro basket, remportant un titre de vice-champion d’Afrique. Elles n’ont jamais bénéficié de l’attention du couple présidentiel. Rien en guise de reconnaissance de la nation, même pas une présence symbolique de la Première Dame en tribune lors de la finale au palais des sports.
Il apparaît donc clairement que Paul Biya, dont le régime est en difficulté, veut tirer profit de l’engouement populaire autour des Lionnes indomptables de football. Le football, sport populaire aux retombées importantes sur le terrain politique.