Opinions of Friday, 18 September 2015

Auteur: Minlo Enyegue

Paul Biya, l’éternel sapeur-pompier

Le président de la République est celui-là qui apporte toujours des solutions à la quasi-totalité des crises auxquels le Cameroun est confronté.

Pas plus tard que le 09 septembre dernier, Paul Biya, une fois de plus, a dû intervenir pour calmer les esprits surchauffés des militaires camerounais partis pour une mission de maintien de la paix en République Centrafricaine. Avant cette situation, Paul Biya a décanté la situation qui créait le blocus sur le paiement des primes des lionnes indomptables de football après l’expédition canadienne. Celles-ci avaient refusé de toucher à leurs primes si on y imputait la fameuse taxe instituée par le ministère des Finances. Le président de la République a donc instruit le ministre des Sports et de l’Education civique de payer à ces dernières l’intégralité de leurs primes. Une fois de plus, les louanges ont été chantées au nom du président de la République.

Finalement, Paul Biya, au fil des interventions pour solutionner certains problèmes a été érigé par ceux qui ont bénéficié de ses largesses en sauveur. On l’a aussi vu dans l’affaire des listes des admis au récents concours de l’Iric (l’Institut des Relations Internationales du Cameroun). Deux listes rendues public par le ministre de l’Enseignement supérieur au point de créer des frustrations sous prétexte qu’il faut respecter l’équilibre régional. Paul Biya a tranché l’imbroglio en demandant qu’on retienne les deux listes. Il a également été à l’oeuvre dans le cadre de l’Opération épervier avec certains détenus qui ont été relaxés après avoir bénéficié de la grâce présidentielle.

Cette situation suscite au sein de l’opinion publique de nombreuses interrogations sur les responsabilités des uns et des autres et leurs capacités réelles à trouver des solutions urgentes à certaines situations. Pour certains politiques, le régime semi présidentialiste en vigueur au Cameroun est la raison fondamentale de ce disfonctionnement. En effet, selon ces derniers, ce régime confère des pleins pouvoirs au président de la République qui a le dernier mot sur tout ce qui devrait être fait. Cela a comme avantage l’enracinement du culte de la personnalité. Mais il a aussi des inconvénients car dans l’incapacité de réagir du président de la République, il y a de fortes chances que la situation devenue incontrôlable embrase tout le pays puisque la bouche la plus autorisée n’aura rien dit afin que le calme revienne. Bien plus celle-ci met sur la place publique l’incapacité des personnalités à qui Paul Biya a confié certains pouvoirs à les assumer réellement.

Car comment comprendre que chaque situation qui intervient au Cameroun, il a toujours fallu que le président de la République apporte sa solution miracle pour que tout revienne au calme. Les allocutions et autres interventions des membres du gouvernement sont là pour confirmer ce culte de la personnalité. En effet le nom du chef de l’Etat est associé à tous les événements. Inauguration d’une structure, pose de la première pierre ou autre événement, le Chef de l’Etat est cité au moins deux fois. Mais ces derniers justifient leurs options de toujours citer le Chef de l’Etat en affirmant que c’est grâce à lui et sous sa diligence que tout est entrepris au Cameroun.

C’est donc normal, selon eux, de le mettre à l’avant de toute action qui a porté des résultats positifs. Une thèse que les politiques ne partagent pas et estiment à tort ou à raison que c’est une fuite en avant parce que ne voulant pas assumer leur responsabilité à trouver des solutions aux situations conformément à leurs feuilles de routes respectives.