Opinions of Wednesday, 3 August 2016

Auteur: camer.be

Pourquoi Amadou Vamoulké a été envoyé en prison

Amadou Vamoulke, ancien DG de la CRTV Amadou Vamoulke, ancien DG de la CRTV

Un ouf de soulagement. C'est sans doute ce qu'a ressenti l'ancien directeur général de la Crtv, Amadou Vamoulké, lorsque sortant du Tribunal Criminel Spécial (TCS) le 29 juillet 2016, il est monté dans la voiture qui devait le conduire à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. La veille, selon quelques indiscrétions, l'homme, serein, n'ignorait rien du sort qui l'attendait le lendemain chez le juge d'instruction.

Sa seule inquiétude tournait autour de la réaction de ses proches, et notamment celle de ses enfants. Il faut dire que depuis le 1er juillet 2016, quand le Tribunal Criminel Spécial (TCS) avait émis une réquisition l'interdisant de sortir du territoire. Il savait ses jours comptés. Est-ce depuis ce jour seulement ? Non. Interrogé en 2008 sur les inspections inopinées du Contrôle supérieur de l'Etat et les enquêtes de la Conac sur la gestion de la Crtv, alors en pleine restructuration, il répondait déjà ceci : «Je crois que l'arrivée de la Conac à la Crtv a été suscitée par des gens que je n'ose pas qualifier. Ils ont inondé la Conac de toutes sortes de documents dénonçant ma gestion».

Selon des sources proches du TCS, Amadou Vamoulké est inculpé dans une affaire de détournement de deniers publics d'un montant de 2,8 milliards de Fcfa, représentant le déficit du «report de trésorerie» à son arrivée à la tête du média public en janvier 2005. Amadou Vamoulké, lui, a toujours déclaré que les 2,8 milliards de Fcfa querellés représentent le gap entre le montant figurant sur les documents comptables qu'il a signés lors de la passation de service, et ce qu'il a réellement trouvé dans les caisses de la structure au moment où le Professeur Gervais Mendo Ze quittait les rênes de la Crtv.

En l'espace de sept mois, il s'était présenté à quatre reprises devant le juge d'instruction du Tribunal Criminel Spécial (TCS), Annie Sorelle Bahonoui. Mais en réalité, c'est en fin 2014 qu'il avait commencé à arpenter les couloirs du TCS. Il était alors témoin dans l'affaire ministère public contre Gervais Mendo Ze, ancien directeur général de la Crtv de 1988 à 2005.

Désormais, Amadou Vamoulké, l'homme qui se veut intègre jusqu'au bout, devra batailler pour son honneur et pour sa liberté. «La force des gens qui dénigrent est qu'ils n'ont pas la charge de la preuve. C'est vous qui êtes dénigré qui devez-vous essouffler à prouver que ce qu'ils disent est faux. Mais, par le seul fait qu'ils vous ont dénigré, c'est comme si on vous jette de la boue sur votre chemise blanche, et que vous devez ensuite passer du temps à la nettoyer, à vous expliquer », expliquait en son temps l'ancien directeur général.

Philosophe, Amadou Vamoulké doit continuer de se poser, en prison, les mêmes questions que celles qui le hantaient déjà en liberté : Qu'ai-je fait de mal ? Pourquoi m'en veulent-ils ? La réponse ne se trouve pas, hélas, au TCS.