Opinions of Thursday, 3 November 2016

Auteur: 237online.com

Pourquoi Laurent Esso, ce pilier du système fait peur ?

Laurent Esso,Ministre de la Justice Garde des Sceaux Laurent Esso,Ministre de la Justice Garde des Sceaux

L'absence au pays du chef de l’Etat ne porte pas préjudice à la gestion des affaires de l’Etat.

Dans un régime où Paul Biya connait ses vrais fidèles collaborateurs, chacun connait le rôle qu’il doit jouer, les limites de ses pouvoirs et surtout la marge de confiance dont il bénéficie de la part du garant des institutions.

Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, même hors du Cameroun, le chef de l’Etat peut s’appuyer sur des hommes de confiance pour mener des missions d’Etat tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur en son nom, sans souffrir comme il est fréquent ailleurs, d’un pernicieux dédoublement pouvant fragiliser la légitimité de son pouvoir.

Si cette tradition ne date pas d’aujourd’hui, elle est significative en cette période où Paul Biya est grossièrement étiqueté par une minorité de la diaspora et peut être déterminante dans la perspective d’une nouvelle redistribution des cartes.

Discret, efficace et illisible, Laurent Esso qui apparait comme un homme mystique pour certains adeptes de la caricature, est l’un de ses hommes dévoués sur lesquels Paul Biya peut compter sans appréhension.

Son détachement, sa sobriété et son volume de travail lui permettent de garder une crédibilité aux yeux d’un Président de la République qui, tel un chat échaudé, craint l’eau froide et comme celui qui a été mordu par un serpent, craint le simple ver de terre.

Victime médiatique

La fameuse affaire Bibi Ngota du nom d’un défunt confrère décédé il y a quelques années dans la prison centrale de Yaoundé pour une affaire qui restera une énigme, et les démêlées réelles ou supposées avec le défunt Dg du Port autonome de Douala, Emmanuel Etoundi Oyono, ont fait de Laurent Esso pendant une longue période, le mal aimé des médias camerounais.

Sa reconduction au gouvernement lors des derniers remaniements ministériels a même été pour certains décrypteurs des boules de cristal qui annonçaient son éventuelle disgrâce, une véritable désillusion. Non seulement Laurent Esso s’affirme comme l’un des hommes clé du système Biya, mais il est monté en grade au sein du gouvernement avec la gestion pragmatique de délicats dossiers. Une reconnaissance du chef de l’Etat qui lui vaut un relatif oubli de ceux qui affectionnent le sensationnalisme.

Repositionnement

Après deux missions hors du Cameroun pour représenter le chef de l’Etat notamment au Gabon lors de dernière cérémonie de prestation de serment d’Ali Bongo Ondimba et plus récemment au Togo pour prendre la place que devait occuper Paul Biya aux travaux des chefs d’Etat sur la sécurité maritime, les supputations s’animent autour de l’hypothèse de voir le ministre d’Etat, ministre de la Justice garde des Sceaux, sortir de ce rôle pour accéder à celui de dauphin programmé que le chef de l’Etat serait en train de familiariser aux joutes politiques internationales.

Le silence de Paul Biya concernant son avenir au sommet de l’Etat, ses séjours prolongés hors du pays, l’impasse autour du congrès du Rdpc toujours programmé par les rumeurs, mais jamais organisé dans un environnement de profusion de memoranda, l’incertitude autour de la tenue ou non dans les délais de la prochaine élection présidentielle et sur l’identité de celui qui pourrait remplacer Paul Biya au cas où il désisterait, sont des préoccupations qui fertilisent les suspicions des camerounais, qui s’accrochent au moindre détail pour imaginer parfois l’inimaginable.

Laurent Esso a-t-il le profil d’un futur chef d’Etat ? Chacun peut avoir sa réponse à ce sujet, même s’il y a quelques années, les informations entourant un long séjour en Europe de Paul Biya après une intervention à l’Assemblée générale des nations unies, laissaient croire que suite aux pressions de certains dirigeants occidentaux qui lui demandaient de clarifier l’avenir du Cameroun après lui, le chef de l’Etat aurait sorti du chapeau, les noms de Laurent Esso et Emmanuel René Sadi comme ses potentiels successeurs. Mais y a-t-il un fauteuil pour deux ?