Opinions of Saturday, 5 December 2015

Auteur: carmer.be

Pourquoi le Gouvernement laisse-t-il prospérer l'arnaque ?

La pension dans les établissements scolaires publics varie d’une école à une autre sans que l’on ne sache les critères et les formules utilisés pour déterminer le montant réel de la pension. Les parents sont ainsi pris au piège, avec la bénédiction du Gouvernement au grand bonheur des chefs d’établissement et des Présidents de l’APEE qui se remplissent les poches.

Les habitudes ont la peau dure. La mafia prospère et se porte bien dans les établissements publics, sans oublier qu’au sommet de la pyramide du système éducatif, la corruption fait encore des ravages et développe merveilleusement ses tentacules. Depuis quelques années, les chefs d’établissement se comportent comme des Califes. Les parents d’élèves, principaux victimes ne savent à quel saint se vouer. Ils sont obligés d’accepter contre leur volonté les montants qui leur sont imposés dans les écoles. La moindre contestation est qualifiée d’atteinte à la sûreté de l’Etat ou encore d’appel à la révolte.

Aujourd’hui plusieurs statistiques poussent à la conclusion selon laquelle la décentralisation du système scolaire au Cameroun sera source à problèmes si rien n’est fait à l’avenir. Elle pourra contraindre certains enfants à rester à la maison faute de moyen pour les envoyer à l’école. Des solutions très peu connues ou trouvées par nos fonctionnaires qui, utilisant une liberté extrêmement dangereuse pour l’avenir du pays n’aspirent qu’à se remplir les poches à tout prix et à tous les prix avant d’être muté ailleurs. Ils sont aujourd’hui reconnus par leur pratique peu recommandable pour la jeunesse aspirant à servir un pays en développement. A titre d’exemple, pour une inscription en classe de sixième au Lycée d’Oyack à Douala, le parent doit verser la rondelette somme de 37.500 Fcfa pour son enfant.

Au Lycée de Nylon Brazzaville, pour la même la classe, le parent doit payer un peu plus de 40.000 Fcfa. Ainsi, dans les établissements comme ceux du Lycée d’Akwa, Lycée Bilingue de Newbell, Lycée Joss, la scolarité sous forme de pension comme dans le privé est encore plus élevée pour la même classe. Qu’est ce qui peut bien être à l’origine de ces différences ?

Y a-t-il une école pour les pauvres et une autre pour les riches ? La différence est encore plus grande lorsqu’on va au second cycle.

Interrogés sur la question, quelques enseignants ayant du vécu sur le terrain affirment aujourd’hui que ces nouvelles pratiques sont à des années lumières de celles jadis exécutées où l’on voyait partout dans la république un prix de scolarité harmonisé et respecté qui relevait du ressort de l’Etat. Un prix unique était ainsi homologué et appliqué pour tout le monde quel que soit la Région, ville et quartier. Au premier cycle la scolarité coûtait 7.500 F et au second cycle, il fallait payer 10.000 F pour s’acquitter de ce droit.

Education à deux vitesses

Au pire moment où la scolarisation des Camerounais se veut en promotion devant l’accroissement de la pauvreté et de la précarité, l’Etat lui, n’arrive à trouver la bonne équation. Même dans plusieurs lycées de référence où l’excellence devait être le critère de choix pour entretenir une « caste » ou une « classe » de Camerounais devant être mieux encadrés pour répertorier les enseignements plus tard, le constat d’une application d’une politique de deux poids deux mesures pousse à d’autres interrogations. Et pourtant, les enseignants sont tous formés à la même école et bénéficient des mêmes traitements.

Bien que ces montants soient très inacceptables pour le parent aux revenus modestes, les chefs d’établissement continuent à crier à hue et à dia qu’ils sont insuffisants et haussent ceux-ci à leur gré l’année suivante. Encore qu’un autre constat de l’insuffisance des enseignants dans les établissements pourrait conclure à une escroquerie d’envergure organisée par ces chefs d’établissement véreux. A cela devrait aussi s’ajouter des salles de classes aux effectifs pléthoriques, des bibliothèques peu équipées, une infirmerie inexistante, des tableaux mal entretenus, l’absence des aires de jeux, des bâtiments vétustes, des sols non cimentés, des salles de classe sans fenêtres, ni portes qui ne préoccupent pas ces « escrocs d’un autre genre ». Où va tout l’argent ? Juste pour payer les enseignants vacataires ? Pourquoi le Gouvernement laisse faire ? Il est impérativement nécessaire si l’on veut sauver l’école au Cameroun de revenir à l’ancien système certes qui n’était pas aussi trop parfait, mais avait le mérite d’harmoniser la scolarité dans les établissements publics. Ces enfants laissés pour compte, parce que les parents n’ont pas la possibilité de les inscrire dans une école, sont exposés au mécénat. Les actes de Boko Haram nous parlent. Les analphabètes et ceux d’un niveau d’études bas sont vulnérables au terrorisme.

Cas d’école !

De bonne mémoire, en Juin 2015, le journaliste et directeur de publication du journal L’Ouragan Indépendant, Emmanuel Yimga avait enclenché un mouvement de protestation en engageant une grève de la faim devant l’entrée du Lycée Bilingue de New-Bell. Pour cause, l’instauration des frais d’APEE exorbitants, la constitution d’une APEE fictive et l’obligation faite aux parents d’y adhérer contre leur gré. Selon Emmanuel Yimga, « Les frais d’APEE sont passés de 14.000Fcfa à 28.000 Fcfa en 2014, puis à 33.000Fcfa cette année » (ndlr : 2015). Son exemple ayant permis de démasquer une grosse entourloupe dans ce lycée n’est que venu comme un nouveau cas parmi tant d’autre qui n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque sanction de fonctionnaire.

Il y a plusieurs années déjà, au milieu de la décennie 1990, l’ancien proviseur du Lycée d’Obala, Enama Eloundou, affecté au Lycée Classique de Garoua avait été relevé de ses fonctions pour n’avoir pas reversé les frais d’inscription à un examen officiel. En 1996, un autre larron du nom de Mbella Mbella ci-devant Directeur du CES d’Obala à l’époque des faits avait écopé d’une sanction moins sévère pour une faute similaire à l’examen du BEPC. Il avait été muté comme professeur de français au Lycée de Mimboman l’année suivante sans qu’une vraie sanction prononcée à son encontre pour décourager des récidivistes n’ait été prononcée. Hélas ! Des exemples sont légions et démontrent que ces chefs d’établissement sont des bandits à col blanc. Plusieurs d’entre eux dotés d’une moralité douteuse continuent malheureusement à plomber l’enseignement en décourageant plusieurs parent d’envoyer leurs enfants à l’école alors qu’ils ont déjà beaucoup de difficulté à se nourrir au quotidien. Foutu pays de Paul Biya.