Opinions of Wednesday, 16 August 2017

Auteur: Edouard KINGUE

Pourquoi les Bami ne savent pas rire?

En image, des masques Bamiléké En image, des masques Bamiléké

Le couple Neymar a un fils. Comment s’appelle-t-il ? Jean Neymar ou si vous préférez, « j’en ai marre ». Juste une blague phonétique. Contre la sinistrose ou contre l’orgueil, l’autodérision demeure la meilleure thérapie. Hélas la politique a tout gâté et le tribalisme est venu apporter une touche de mépris pour son prochain. Rire de soi, rire de l’autre, en occident, c’est la meilleur manière d’accepter l’autre dans sa différence, sa culture.


Au Cameroun cela renvoie à la guerre de tranchées. En France, on trouvera toujours des ''intrigues'' amicales entre Bretons et Corses. Entre Normands et Alsaciens. Entre Français et Belges. Voici quelques perles glanées çà et là : « Savezvous pourquoi il n’y a pas d’éclairage sur les nationales françaises ? Parce qu’ils se prennent pour des lumières. Ou encore : Quelle est la différence entre Nelson Mandela et un membre du gouvernement français ? Nelson Mandela a été en prison avant d'être élu. Chez nos amis français, c’est l’inverse : Bernard Tapie, et bientôt Sarkozy où Fillon…

L’humour, la blague, donne du soleil à la vie. Par exemple, « Qu'est-ce qu'un Belge ? C'est un Français qui a fait des études. Ou encore, « dans sa bonté infinie, Dieu a donné la pluie aux Bretons afin qu’ils aient enfin un sujet de conversation. » Alors, comment appelle-t-on quelqu'un qui ne parle qu'une langue ?- un Français. Quelle est la différence entre un Français et Dieu ? Dieu ne se prend pas pour un Français. Mais s’il y en a qui se prennent pour des dieux, c’est bien les Camerounais. Et la plus haute autorité de ce pays l’a dit fièrement: « le Cameroun, c’est le Cameroun ».

Mais à l’intérieur du triangle national, il faut faire gaffe. Se moquer de la tribu de l’autre, même pour rire, cela peut devenir un drame. Surtout pour les gens de l’Ouest qui détestent qu’on rie d’eux. Pourquoi sont-ils si mal à l’aise et parfois furieux quand on les traite de ‘Bami ?

Un internaute a résumé ce drame de manière colorée : « Yeusshh, quand j'étais petit, dès qu’un camarade nommé Kepseu ou Donfack te disait ''Mouf, ta mère pond'', tu répliquais :"Mouf au carré, espèce de Bami'' ! La bagarre commençait seulement. Pourtant quand on dit : ''Mouf, espèce de Bassa'', il te répond fièrement: « j'en suis fier, je suis le fils de Um Nyobe et le grand-frère de Samuel Eto'o, fan d'élite des X M ''.

Dès que tu dis à mun’a mboa : "Espèce de petit frimeur Doualaton'' « il positive et te rappelle que le Ndolè est le mets ambassadeur de la gastronomie camerounaise, il te sort l’histoire du Makossa sous le parrainage de Manu Dibango. En signalant au passage que c'est pas sa faute si c'est à ses ancêtres que les Blancs ont appris à se tenir à table en premiers ». Et l’Eton, qui confond le savon ccc au fromage, ce n’est en définitive qu’une blague L’internaute, bien inspiré continue : « Dis un peu à Jackson Mbozo'o ou à Rawul Minlo que les Boulou ont tout dans la bouche et rien dans la poche, il mâchera son « abeu » (kola) et te rappellera qu'après Dieu c'est Biya Bi Mvondo qui gère ta vie (confère la Bible, Romains 13) et que c'est pas sa faute si Samuel Minkio Bamba et René Djam Afane, tous Sudistes, sont les auteurs de l'hymne national ».

« Si tu appelles Hawa Ousmanou ''Petite Wadjoze de Service'', elle te servira son plus beau sourire et te dira que c'est Ahmadou Ahidjo qui a fait la passe à Popaul, après lui avoir appris le Travail. Et que même les Brasseries du Cameroun ont besoin du Château d'Eau de l'Adamaoua. Dis à Cyrille Oundi qu'il est un petit pygmée de l'Est, il te demandera si Pa'a Mpo'o Biya n'a pas retrouvé le sourire chez une perle de Dimako. Une pierre précieuse parmi tant d'autres enfouies dans le très riche sous-sol de la région du Soleil Levant.

Et l’internaute d’ajouter : tout ceci pour dire à mes frères de l'Ouest de cesser de verser dans la victimisation. On se blague seulement...Être Bami n'est pas un péché comme je l'entends de temps en temps. Bien au contraire, que serait le Cameroun sans le dynamisme des peuples des Grassfields? Le sens des affaires, de la ‘Commekseuh’. Aujourd'hui nous voyons un défilé de tenues en tissus pagnes les week-ends, qui nous a appris l'importance des réunions, des associations, des Gic, des tontines ? « Après je reconnais que mes frères de l'Ouest ne l'ont pas volé..; comme tout le monde d'ailleurs. Quand on dit à un Bami qu'il est sale ou hypocrite… c'est parce qu'on vient de rappeler à un Ewondo qu'il n'est qu'un bête petit vendeur de terrain.

Et qu'il vient d'offrir à boire à un Bassa viscéralement opposant, méchant et descendant de maquisards. Tout ceci sous les rires d'une vendeuse de beignets haoussa, ''dépucelée'' du rectum parce que tenant à préserver l'honneur familial lors de l'épreuve de vérification de virginité à sa nuit de noces. Ces tares, ces clichés sont caricaturés dans le but ultime de se moquer, de ridiculiser au maximum, souvent dans la bonne humeur des comptoirs de Mokolo. « Ceci a toujours existé entre peuplements, entre clans ».

Rien de bien méchant

« Personne ne m'empêchera d'écouter les conseils de mon frère David Atemkeng. D'être impressionné par l'impressionnisme de Koko Komegne. D'applaudir les parades et les pichenettes d'excellent danseur de Idriss Carlos Kameni. Je n'ai pas attendu la lettre de Monseigneur Ndogmo pour savoir que je dois faire beaucoup d'enfants à ma ‘Bangangté’. Je lui souhaite d'avoir une vie aussi longue que celle de la Mater du Cardinal Christian Tumi pour les voir s'épanouir au milieu de ce généreux métissage. Personne ne m'empêchera d'être Camerounais. Et d'exister au gré du zèle parfois régionaliste de tous les autres Camerounais. Laissons les Bamiléké célébrer leurs Miss, comme les Maka ont célébré Amboague, comme les Bassas ont célébré Ntep, comme les Sawa ont célébré Ngoua Seme, comme les Boulou pardonnent tout à Biya'a. ''... LE CAMEROUN SE FERA AVEC L'OUEST OU NE SE FERA PAS'' Dixit Pa'a Mpo'o Mbiya.