Dans un pays jeune, les vieux s’accrochent au pouvoir. Premiers sans seconds, ils n’ont ni adjoints, ni suppléants. Ils sont régulièrement reconduits à la tête de leur formation politique, sans espoir d’alternance.
En cela, ils ont copié la marque déposée du Rdpc qui a fait de Paul Biya, octogénaire, le candidat naturel de son parti. Ceux qui montrent quelques ambitions sont décapités par le 8.2 comme au Sdf ou jetés en prison comme au Rdpc.
Au Cameroun, de Biya à Fru Ndi, difficile et peut-être suicidaire de quitter les choses avant que les… choses ne vous quittent. Chacun s’invente son éternité politique. J’y suis, j’y reste, a semblé dire Bello Bouba le week-end dernier, lorsqu’il a rempilé a la tête de l’Undp, qu’il contrôle depuis 1992 après l’éviction du président Samuel Eboua, victime d’un coup de tête politico-clanique. Quant au président du Rdpc, l’affaire est scellée. Il est, ‘ad vitam aeternam’, le chef sans second de sa formation politique. Quid des autres partis ? L’alternance est confisquée…au Sdf comme à l’Udc
Le Manidem avec Ekanè Anicet n’a pas fait école. Les textes du «parti du flambeau ardent» prévoient que ne peut être investi comme candidat à la présidentielle que le chef du parti. En d'autres termes, pour reprendre l'expression chère au Rdpc, le chef du parti est le «candidat naturel». Et parce que le Rdpc appartient au président Paul Biya, 84 ans dont 32 comme chef du Rdpc. « C’est son outil de travail et de conquête politique», pour reprendre Robert Mouthé Ambassa, membre du Comité central du Rdpc, cité par le quotidien "Mutations". Tous ceux qui ont rêvé un jour être khalife à la place du khalife l’ont payé très cher. Les militants de ce parti qui rêvaient d'accéder au pouvoir suprême ont dû déchanter comme Chief Mila Assouté, Tobie Ndi, Bonaventure Saint Eloi Bidoung et René Zé Nguélé.
Dans l'opposition, les partis politiques font comme au Rdpc. Le Social democratic front (Sdf) n'a pas changé de leader depuis sa création le 26 mai 1990. Démissions en cascade et exclusions rythment la vie du principal parti de l'opposition. Le 8/2, est l'arme fatale de John Fru Ndi 74 ans, patron du Sdf, 27 ans. Bernard Acho Muna, Siga Asanga, Michael Dobegan ou Tazoacha Asonganyi en savent quelque chose. Dans le Noun, Adamou Ndam Njoya, 75ans, et a la tête de l’Udc depuis 26 ans, demeure le fondateur de l'Union démocratique du Cameroun (Udc). C’est le président incontesté. Il a même poussé l’outrecuidance jusqu’à se faire remplacer au parlement par son épouse Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya, devenue député de la nation.
Seul Ekanè Anicet s’est fait remplacer à la tête du Manidem, même s’il demeure le seul interlocuteur valable. Du reste, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie a déjà connu trois présidents : Anicet Ekanè, Banda Kani et Abanda Kpama, de regrettée mémoire. Mais, à chaque élection présidentielle, c'est Anicet Ekanè qui est investi. Toutefois il faut souligner que l'alternance opérée à la tête de l'Alliance des forces progressistes (Afp) a permis à Alice Sadio de remplacer Bernard Acho Muna. Le Manidem piloté depuis le décès d’Abanda Kpama par le très timoré Dieudonné Yebga.
1- Paul Biya 84 ans, Rdpc, 32 ans, (24/03/1985)
2- Ni John Fru Ndi, 74ans, Sdf, 27 ans, (26/05/ 1990)
3- Hameni Bieleu 69ans, Ufdc, 26 ans, (1er /03/1991)
4- Adamou Ndam Njoya 75ans, Udc, 26 ans, (24/04/ 1991)
5- Garga Haman Adji 73ans, Add, 26 ans, (4/06/1991)
6- Jean Jacques Ekindi 72 ans, MP, 26 ans, (23/05/ 1991)
7- Dakolé Daïssala 74ans, Mdr, 26 ans, (9/10/1991)
8- Bello Bouba Maigari 71 ans, Undp, 25 ans, (01/1992)