Opinions of Tuesday, 13 March 2018

Auteur: Rémy Ngono

Présidentielle 2018: voici l’arme fatale de Akere Muna contre Paul Biya

Depuis quelques jours, ils sillonnent les régions du Cameroun Depuis quelques jours, ils sillonnent les régions du Cameroun

Un candidat à l'élection présidentielle assis derrière une moto, s'embarquer pour les régions en guerre , les départements et les ruelles de villages enclavés ou classés à hauts risques , sans une escouade d'agents de sécurité, il faut avoir un sang-froid , un sens démesuré du sacrifice et l'humilité comme Akere Muna pour le faire.

Fils de Solomon Tandeng Muna, Premier ministre du Western Cameroon et vice-président de la République fédérale du Cameroun, Akere Muna aurait pu prendre les gracieuses manières du petit monde de l'opulence avec la cravate serrée au cou telle une liesse de chiot, assis dans un bureau climatisé comme ministre. Après ses brillantes études à l'American University Washington et sa prestation de serment comme avocat au barreau de la Grande Bretagne en 1978, la haute administration lui tendait les bras. Mais il a préféré recommencer comme avocat stagiaire au Cameroun, alors que son père était la deuxième personnalité la plus influente du pays après le Président Ahmadou Ahidjo. Il aurait pu faire partie du gouvernement de Paul Biya s'il était sensible aux sirènes des paillettes de palais, mais il a plutôt fondé la branche Transparency International pour lutter contre la corruption au Cameroun en 2000, ce qui lui a valu les foudres du régime contre son cabinet d'avocats.

Au Cameroun, Akere Muna a été élu bâtonnier de l'ordre des avocats à l'unanimité. En Afrique, il a été président de l'union panafricaine des avocats. Au sein de l'Union Africaine, il a été élu président du Conseil Économique, Social et Culturel. Sur le plan international, il a travaillé comme consultant expert auprès du Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement, etc. Et dès qu'il a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, il est parti poser sa démission auprès de Transparency International pour quitter son poste de président du Conseil de la Conférence Internationale Anticorruption, alors que son mandat courait jusqu'en 2020. Ensuite, il a aussi démissionné de son poste de président du Conseil d'administration d'Ecobank qui venait d'être désignée meilleure banque africaine en 2017.

De la même manière qu'il finançait ses études en faisant des boulots de boy ou majordome, ses enfants ont fait tous les jobs, conduit des bus, travaillé dans des secteurs privés pour payer leurs études sans compter sur les bourses de l'État camerounais.

Combien de fils de Premiers ministres et vice-présidents ont refusé les postes de ministres, conseillers, directeurs généraux ou PCA dans le gouvernement et les sociétés étatiques en Afrique? Combien d'opposants en Afrique ne sont pas d'anciens membres de gouvernements? Combien de candidats à l'élection présidence en Afrique ont démissionné ou ont fait démissionner des postes de fonctionnaires leurs épouses ? Combien de politiciens se sont déjà sacrifiés pour le sacerdoce de la société civile?

Les politiciens en Afrique demandent au peuple de se sacrifier pour leur pays, mais sont incapables de sacrifier leurs privilèges et de courir des risques pour leur vie. Comme le disait Caton l’Ancien: ? pour commander aux autres, il faut se commander soi-même ?.