Quatre points importants développés. Notre pays est en ébullition donc en danger. Il faut d’abord et avant tout cesser avec la langue de bois parce que pour régler un problème il faut poser le bon diagnostic.
1- Il faut arrêter avec ce jeu malsain de certains francophones qui, parce que appartenant à des partis politiques dirigés par des anglophones se croient obligés d’encenser les anglophones au point de dire qu’ils sont courageux, bons, patriotes,… par opposition aux francophones qui seraient lâches, mauvais et que sais-je encore ! il n’y a pas de caractères communs à une tribu, une communauté, une région,…
2- Dans la situation que nous vivons, les anglophones camerounais sincères et honnêtes sont ceux qui revendiquent de manière officielle et ouverte la sécession. Tout le reste est composé de manipulateurs, d’hypocrites, d’adeptes de la danse des sorciers, etc… En effet, la grande majorité des anglophones sinon sa quasi-totalité a des velléités sécessionnistes. Ils ont des arguments qui militent en cette faveur même si on les partage pas, y compris moi. Aujourd’hui, on voit que le SDF dont la position officielle du parti est le fédéralisme
à 4 états a subtilement glissé vers le fédéralisme selon l’esprit de Foumban donc à deux états : un état anglophone et un état francophone. Tout ceci sans dénoncer sa position officielle.
Cependant, il faut comprendre que le SW n’est pas prêt à suivre le NW dans la sécession ni même dans le fédéralisme avec un seul état anglophone parce qu’il estime être toujours mis en minorité et marginalisé par le NW alors que les ressources notamment le pétrole sont chez lui. Il serait partant s’il était en mesure de créer un état tout seul.
Le SDF doit en tant que parti politique clarifier sa position sur la sécession. Comme Kah Walla et le Cpp l’ont fait. Le député Wirba est très apprécié aujourd’hui pour la clarification qu’il a faite et qui rejoint l’assentiment de beaucoup de Camerounais anglophones.
En effet, j’ai vu le SDF avec des raisons plus ou moins réelles et bonnes varier ses positions sur cette question de sa création à nos jours. En 3 phases essentielles.
* De la création à la présidentielle de 1992 ; fondamentalement contre la sécession : des batailles épiques contre feu Gorgi Dinka par exemple ;
* De 1992 à 2002 ; fédéralisme à 4 états avec un parti ayant des ambitions nationales parce que disposant d’une grande composante francophone, quoique sceptique depuis la présidentielle de 1992 ;
* De 2002 à la situation actuelle ; fédéralisme à 4 états avec un parti devenu fortement régional depuis les élections locales municipales et législatives de 2002,
* A partir des nouveaux développements de 2017 ; glissement vers la sécession surtout avec l’entrée en scène du Mrc qui grignote tout doucement sa composante francophone.
Le SDF s’est toujours amenagé une porte de sortie en laissant intact dans le cadre du fédéralisme le NW et le SW unis donc un état anglophone. Alors que le découpage ne devait pas être longitudinal mais plutôt transversal, c’est à dire Ouest et Nord West un état, et Littoral et Sud West un autre état. Le fédéralisme à 4 Etats avait des non dits. En effet, la partie anglophone minoritaire face à l’ensemble francophone, il fallait l’opposer à 3 entités francophones apparemment divisées plutôt qu’à une seule.
3- Paul Biya seul, parce que chef de l’Etat donc en position de prendre des décisions et de les faire appliquer peut régler ce problème. Aucun intermédiaire n’a cette autorité donc son implication n’est qu’une perte de temps.
Il faut lui suggérer le cas échéant de ne négocier qu’avec les seuls sécessionnistes parce que d’un côté, ils sont les seuls sincères dans l’affaire et de l’autre la sécession est totalement inacceptable. La résolution de la sécession ne peut passer que par la négociation, ce qu’il faut privilégier ou la répression puisque ce n’est ni plus ni moins qu’une violation de l’intégrité territoriale défendue par la constitution.
La seule façon de ramener les sécessionnistes à la raison est de faire en sorte que son parti le Rdpc présente à la prochaine présidentielle un candidat anglophone. Yang Philémon déjà à l’aise dans ses gandouras contrairement à d’autres pourrait aller à la conquête du septentrion. Si le Chairman du Sdf voudrait être ce candidat, il faudra au préalable la fusion de son parti avec le Rdpc. Sauf que la présentation d’un candidat anglophone par le Rdpc ne garantit pas la victoire de celui-ci puisque les électeurs sont composés de francophones et d’anglophones. Personne ne peut prédire leur vote qui risque de transcender les partis.
Mais de manière immédiate et pour faire cesser ces revendications, le président Biya peut comme solution du très court terme lancer tout de suite les élections régionales et tout le monde rentrerait chez lui pour les organiser. Cela occuperait tous les partis politiques.
4- Comme solution du moyen et du long terme, la décentralisation semble être la voie médiane, celle du rassemblement de tous les Camerounais de bonne volonté. Il s’agit alors d’une véritable décentralisation et pas celle que nous propose la constitution de 1996 qui n’en est pas une.
Pour ce faire, il ya quelques pesanteurs ou verrous à enlever ou à faire sauter. Notamment la tutelle pressante et pesante et surtout ses pouvoirs étendus de suspension et de dissolution d’un organe élu.
Pour contrer la décentralisation, des partis politiques peuvent également utiliser le fédéralisme comme programme de campagne lors de la prochaine présidentielle pour essayer d’intéresser les Camerounais. S’ils rallient la majorité des électeurs, ils pourront en toute quiétude gérer le pays avec la république fédérale comme forme de l’Etat.