Malgré l’important nuage de dispositions législatives et légales qui encadrent les indemnisations au Cameroun, de nombreux projets sont ralentis du fait des problèmes liés à ces opérations.
Le souvenir est encore frais dans les mémoires. Les populations de Lobo bloquant le chantier de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala alors même que le ministre des Travaux publics y effectuait une visite. Des cas de cette nature sont légion dans des projets d’infrastructure réalisés au Cameroun, avec un point d’encrage commun. 237online.com Les indemnisations. C’est la véritable maladie dont souffrent les projets camerounais qui foisonnent avec la construction ou l’aménagement de routes, ports, aéroports, barrages hydroélectriques, adductions d’eau potable, etc. Si ces projets ont pour but d’améliorer les conditions de vie des populations en améliorant la qualité l’offre de services dans les différents secteurs concernés, ils se transforment le plus souvent, en cauchemar pour ces populations qu’ils sont sensés aider. La semaine dernière encore, alors que le Premier ministre avait déjà signé le décret d’indemnisation des 690 personnes affectées par la construction de la route Sangmelima-Bikoula pour un montant de 155 millions de FCFA, le ministre des Travaux publics a été surpris d’apprendre que le problème se posait encore, car les évaluations et les indemnisations accordées se basaient sur un tracé qui a été modifié. Par conséquent, «il y a des maisons et des plantations qui ont été payées et qui ne seront plus détruites alors que d’autres se retrouvent actuellement sur le tracé sans avoir été prises en compte », confie le chef deprojet.
Entraves
De nombreux projets d’infrastructures sont retardés du fait de l’indemnisation des populations affectées. Les cas des autoroutes Yaoundé-Douala et Yaoundé-Nsimalen, du stade d’Olembé, de la route Sangmélima-DjoumOuesso, Sangmelima-Mengong, Nkolessong-Nding, du port en eau profonde de Kribi, etc. illustrent cette triste réalité. 237online.com C’est que, l’indemnisation qui devrait précéder la réalisation des projets, attire beaucoup de monde et aiguise des appétits à tous les niveaux, occasionnant des dérives de toutes sortes et la perte d’importantes sommes d’argent pour le trésor public. «Généralement des individus jouissant d’une position quelconque, mettent en avant des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt collectif », indique un riverain de l’autoroute Yaoundé-Douala. Au Cameroun, les indemnisations se font au même moment que les travaux sur le terrain. «Quand les populations exigent des indemnisations tout se bloque et c’est l’entreprise qui en profite, puisqu’elle impute tout cela à l’Etat, avec au bout du compte des avenants à hauteur de plusieurs milliards FCFA », confie un haut cadre de l’administration.
Dispositions juridiques
Lorsque le gouvernement décide de réaliser un projet et que les travaux envisagés sont déclarés d’utilité publique, le cheminement à suivre pour l’indemnisation est clair. Tout part des enquêtes permettant de choisir le site du projet, puis on identifie les personnes ou communautés affectées et c’est alors qu’une mission procède à l’évaluation des biens mis en cause. Enfin, il faut mobiliser tous les financements nécessaires à l’indemnisation des victimes et leur relocalisation. Tous ces mécanismes d’indemnisation sont encadrés par divers textes. Il en est ainsi par exemple de la circulaire du 22 mars 1994 du décret du 25 février 2003 pour les cultures ou de l’arrêté du 20 novembre 1987 en ce qui concerne les constructions et les autres mises en valeur. Mais en dépit de ces textes qui visent une certaine transparence, on assiste régulièrement à des dérives graves qui gonflent inutilement les enveloppes des projets. 237online.com Les cas les plus régulièrement décriés sont ceux d’une mauvaise évaluation qui conduit à des indemnisations fictives et des paiements dérisoires. À Nkolemeyang un habitant a reçu paiement de 4 800 FCFA. «Nous avons fait une liste de tous les riverains, mais celle qui est revenue comportaient les noms de personnes qui n’existent pas dans ce village », déplore un habitant de Lobo. Avec tous ces problèmes, il y a lieu de se demander à quoi servent vraiment toutes les études de faisabilités qui engloutissent des sommes faramineuses.