« Quand le savoir n’est plus une arme ». Quand tu es dans un taxi au pays, tu entends des conversations. Une fois, j’étais dans un taxi en direction du centre-ville. Il y avait un monsieur que je dirais sans âge, car les rides de son visage trahissaient une longue vie et une grande expérience. Il semblait avoir vu le Cameroun sous toutes ses coutures et pourtant, il avait encore dans sa voix un accent juvénile, porté par une mémoire restée vive.
Il disait :« À l’époque d’Ahidjo, bon nombre de Camerounais obtenaient des bourses pour aller étudier à l’étranger. Mais une fois leurs diplômes en poche, tout fiers de rentrer au pays pour mettre leur savoir-faire à disposition, ils étaient désillusionnés.
Car ici, on te tournait en bourrique, on mettait ta résilience à rude épreuve en t’assommant avec de faux espoirs. Tu ne travaillais jamais, et tu n’avais plus l’audace d’exploiter ton savoir-faire, tant tes ambitions étaient martyrisées dans un tourbillon de stress mental. Même la volonté la plus téméraire finissait brisée, car autrefois, le savoir était une arme. »
Pour moi, ce n’était qu’une histoire comme tant d’autres racontées dans les taxis. Jusqu’à la semaine dernière, quand j’ai vu une vidéo des doctorants dans le bureau du Pr Jacques Fame Ndongo.
En fait, ces doctorants se plaignaient des affres qu’ils subissaient. Ils étaient plus de 2000, sans la moindre perspective d’avenir. Le professeur, dans une posture cartésienne et un ton stoïque, tentait de les intimider en ostracisant leur propos. Il leur rappelait qu’ils avaient osé qualifier le régime de dictatorial…
Les doctorants n’arrivaient même pas à se défendre. Le ton sentencieux utilisé était un avertissement, une intimidation plus qu’un véritable échange. Ils semblaient faibles, dépourvus d’opinion et de charisme. Ils ne sont plus que des diplômés parmi tant d’autres, noyés dans un désert d’intellectuels.
Nietzsche parlait de la mort des peuples, une mort causée par le monstre froid.
Qu’on se comprenne bien : se morfondre et insulter le gouvernement ne changera rien à ce monde en pleine putréfaction. Seule l’action peut y parvenir.
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Car si le savoir n’est plus une arme, cela signifie que la bêtise est une kalachnikov pointée droit sur vous.
La personne la plus médiatisée ces deux derniers mois est Steven Nbienou. Il est célébré comme le nouveau Messi. Oui, un vendeur de déchéance et promoteur du vice est aujourd’hui le modèle de plusieurs jeunes.
C’est ce que méritent les Camerounais : des modèles qui se lèvent et tombent comme du blé, des visions éphémères, des demis espoirs.