Opinions of Tuesday, 28 August 2018

Auteur: camer.be

Quand Biya procède par la politique du ventre pour s’éterniser au pouvoir

Paul Biya est candidat à la prochaine élection présidentielle Paul Biya est candidat à la prochaine élection présidentielle

On sait que pour Max WEBER, le patrimonialisme est un sous-type de l’autorité traditionnelle, qui autorisait en Europe au Moyen Age, le prince à considérer les ressources de son royaume ou de sa seigneurie comme étant le contenu de son trésor personnel. Ce mode de domination politique était alors légitime, car il était en concurrence avec son propre code culturel. Mais la confusion de l’espace public et de l’espace privé au Cameroun place les dirigeants dans une situation inauthentique.

Car voulant construire un Etat moderne, fondé sur un type d’autorité légal rationnel, dont la légitimité résulte de la mise en œuvre de l’idéologie de l’intérêt général, servie par des fonctionnaires recrutés sur des critères méritocratiques, les dirigeants camerounais au contraire se comportent comme des seigneurs féodaux, en personnalisant et en personnifiant leur pouvoir, disposant ainsi des ressources publiques comme s’il s’agissait de leur patrimoine privé.

A y regarder de près, le comportement aberrant des dirigeants camerounais, ça nous rappelle celui des "Seigneurs de la brousse", où les administrateurs coloniaux offraient des objets, aliments etc. à des indigènes pour mieux les coloniser.

Nous avons là sous les yeux le premier indicateur de la pathologie de la société postcoloniale, qui prouve qu’elle reproduit les conditions de domination de la Traite Négrière et de la Colonisation.

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Cette confusion de l’espace public et de l’espace privé dans la psychologie des acteurs politiques au pouvoir au Cameroun, leur donne une liberté sans limites à user du trafic d’influence et la capacité de détourner des sommes colossales du Trésor public, par des mécanismes administratifs et financiers bien rodés.

Chaque poste administratif et politique est transformé en patrimoine privé, source d’enrichissement personnel pour celui qui l’occupe et de promotion sociale pour son entourage familial et immédiat.

Dans ce contexte, les capacités intellectuelles et professionnelles acquises à l’école, importent peu pour accéder et gravir les échelons de la hiérarchie administrative. Seul l’accès à un réseau le permet, et l’obéissance aveugle dont il faudra faire preuve auprès de celui qui le contrôle. Le népotisme, le clientélisme, et la corruption s’imposent ainsi comme les véritables critères de recrutement politique et administratif.

Cette promotion de la médiocrité ayant pour finalité, l’accaparement des ressources nationales par la faction au pouvoir et leur redistribution obscure à travers les réseaux qui soutiennent le régime.

Or, dans les conditions actuelles de sous-développement, économique et politique, ainsi que d’absence de démocratie au Cameroun, c’est l’Etat qui contrôle la quasi-totalité des ressources de la nation. Ainsi, par ce mode de redistribution arbitraire et irrationnel des ressources nationales, l’Etat impose une déresponsabilisation en profondeur, du sommet à la base et inversement, à l’ensemble des acteurs sociaux, qui adoptent alors, sous l’effet de la pression sociale, l’idéologie officielle du système néopatrimonialiste : "la politique du ventre".

Nous avons vu à Maroua récemment, un haut cadre du parti au pouvoir rassembler les populations afin de leur demander de ne pas voter les candidats de l'opposition à la prochaine présidentielle. Mais comment se procédait le recrutement des acquis à leur cause ? Remettre à chacun un kit alimentaire... la démocratie a besoin des hommes au minimum indépendants économiquement et habités d'une passion de l'égalité. Mais, ces populations de Maroua sont-t-elles indépendantes économiquement ? Non, Elles ont été appauvries comme le reste des populations du Cameroun qui n'ont pas pu entrer dans les girons du pouvoir de Yaoundé.

Pour se maintenir, au pouvoir au Cameroun, le régime Biya n’a que deux moyens : généraliser la corruption et semer la terreur contre ses propres citoyens. Autoritaire et despotique, un tel pouvoir appelle fatalement la violence et des crises diverses.

C’est pourquoi pour nous, ces institutions ressemblent à des outils rouillés, abandonnés sur le chantier d’une exploitation minière à ciel ouvert, et qui s’avèrent inadaptées pour mettre en œuvre le développement du pays. (A Suivre)