Opinions of Wednesday, 26 August 2015

Auteur: Josy Mauger

Quand la route dicte les prix des marchandises

Le mauvais état des routes et les multiples tracasseries dont fait face l’opérateur économique se répercutent sur le coût de revient des aliments vendus au consommateur final.

La route apparait comme le mode de transport dominant pour les échanges nationaux et intracommunautaires. Si le réseau routier est en mauvais état, le coût de transport des marchandises va considérablement impacter sur le prix de revient des produits.

On le constate aisément dans le transport des marchandises par route à l’intérieur du Cameroun ou pour le trafic inter-Etats en Afrique. Il en résulte selon les experts, une augmentation du coût total de l’acheminement des marchandises qui constitue un frein tenace à la compétitivité de l’économie nationale.

A l’intérieur du Cameroun, un régime de plantain produit à l’Est et vendu dans la même région à 1500 F est écoulé entre 2500 et 2800 F, une fois acheminée dans la ville de Yaoundé. Le fait est que, la qualité du réseau routier joue un grand rôle dans l’application du prix final de la marchandise au consommateur.

Le producteur ou commerçant qui paie déjà le transport à un prix élevé va répercuter ce coût sur le produit à cause d’une part des tracasseries routières et plus important encore, le mauvais état de la route. Cette situation est encore plus accentuée dans la vingtaine de corridors de transit en Afrique servant de point d’ancrage pour la croissance, le commerce et l’intégration régionale.

Malheureusement, la majorité de ces couloirs ne sont pas du tout en bon état comme l’ont relevé les différents experts et acteurs du transport par route qui ont pris part il y a quelques jours au séminaire international sur la problématique du transport des marchandises par route en Afrique.

Selon Sidiki Sidibé, expert béninois de la route, à cause de la dégradation de ces axes routiers, le coût de transport représente près de la moitié du coût de la marchandise. Des études sont parvenues à établir que le transport représente en moyenne au Cameroun 60% du coût total de la marchandise sur les routes dégradées, contre moins de 40% sur les routes réhabilitées Et au finish, c’est le consommateur qui paye la note qui est généralement assez salée.

Il y a un ensemble d’autres éléments qui entrent en ligne de compte sur les prix de revient de ces produits. En dehors du mauvais état des routes, l’opérateur économique, propriétaire d’un gros porteur transportant des marchandises via un des corridors, va ajouter sur le prix de vente d’autres frais, en l’occurrence, le transit, le carburant, la douane, les frais occasionnés par les tracasseries routières et autres dépenses effectuées tout au long du voyage.

« Tout est calculé, même les différents déjeuners du transporteur pris tout au cours de ce long périple », souligne l’expert.
Le coût de transport d’un camion transportant un container, sur l’axe Douala-N’Djamena est évalué entre 1,8 et 2 millions de F. En ce qui concerne le corridor Douala-Bangui, le routier débourse environ 1,5 millions de F. S’agissant du trafic de transit, il est constant que la RCA évacue 95% de son trafic par le Cameroun contre 90% pour le Tchad.

Dans sa note de synthèse sur l’évolution de l’inflation en 2014, l’Institut national de la statistique révèle sue hausse générale des prix à la consommation de 1,9% contre 2,1% en 2013. Une augmentation qui résulte en grande partie du renchérissement de 7,7% des prix des biens et services de transport.

Pour établir la relation entre le coût du transport et les prix des denrées l’analyse de l’INS parle de la hausse (15% en moyenne) des prix à la pompe des carburants effectifs depuis le 1er juillet 2014 et celle du tarif officiel du taxi de ville de 200 à 250 F. « Les répercussions de cette flambée des prix des transports sur les produits alimentaires se sont fait sentir en juillet » publie l’INS.

On append de cette même source qu’à Douala, le week-end qui a suivi la hausse des prix des carburants, le sac de pomme de terre qui se vendait à 20 000 Fcfa est passé à 25 000 fcfa sur le marché de gros. De même, le cageot de tomate qui coûtait 8000 Fcfa est passé à 10 000 Fcfa.

Des fortes hausses ont été aussi enregistrées sur les autres féculents : banane verte (17%), banane plantain (14%), patate (17%), igname blanche (11%), manioc (14%) et macabo (25%). Dans un tel contexte, seuls les réseaux routiers intégrateurs en bon état et dénué de tracasseries administratives pourraient permettre de parvenir à des échanges équitables entre les pays africains.