Le bureau du conseil de la Fédération internationale de football association (Fifa) a jeté un pavé dans la mare Fecafoot (Fédération camerounaise de football) le 23 août dernier en nommant un nouveau comité de normalisation, pour une période de six mois.
C’est vrai que même au sein de l’instance faîtière du football camerounais, les sorties jugées hardies du président Tombi à Roko, au sujet de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2019, ont laissé subodorer que les patrons de la Fifa et de la Caf pouvaient lui assener ce coup de latte, mais le couperet n’a pas moins opéré. C’est donc reparti pour la normalisation après l’expérience du Comité Owona, qui a duré deux ans (au lieu de six mois, comme initialement prévu) et qui a laissé un souvenir aigre-doux.
La situation de normalisation en matière de football rappelle une autre à laquelle le Cameroun fait face au plan économique. Le 26 juin dernier, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé un prêt de 390 milliards Fcfa destiné au Cameroun. Ce prêt, qui s’étale sur trois ans, s’inscrit dans le cadre d’un programme visant à restaurer la viabilité budgétaire et à relancer le secteur privé, vecteur de croissance.
Le discours officiel s’interdit de qualifier cette normalisation économique d’ajustement structurel, même si le pays y est, pieds et poings liés.
Le gouvernement espère ainsi, sans grande conviction, exorciser dans l’imaginaire collectif le souvenir du plan d’ajustement structurel (Pas) entre 1988 et 2009, dont les conséquences économiques et sociales ont été douloureuses.
Mais une constante demeure : comme en football où la Fifa et la Caf interviennent en sapeurs-pompiers, dans l’incapacité manifeste de relancer sa croissance économique, le Cameroun a de nouveau fait appel au Fmi. Après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés (Ppte), cette perspective était peu envisageable, tant la propagande sur le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), boussole économique du Cameroun, avait fini par rallier à la cause du gouvernement même les plus sceptiques.
Le pays est donc irrémédiablement sous normalisation. Même dans le domaine de la culture et précisément du droit d’auteur de l’art musical, l’hymne à la normalisation est, une fois de plus, entonné, après des années de cacophonie. Le Premier ministre, Philemon Yang, a mis en place un comité chargé de faire des propositions pour l’assainissement du droit d’auteur.
Une fois que cette instance a rendu sa copie, le ministre des Arts et de la Culture, Narcisse Mouelle Kombi, a mis sur pied un comité de suivi de la mise en œuvre des mesures d’assainissement de la gestion du droit d’auteur de l’art musical.
Comme en football, nul ne peut parier que tous ces comités mettront un terme à la crise qui mine le petit monde des musiciens. Une crise qui voit, comme en football, se déployer sur la scène publique des clans antagonistes, pas toujours mus par l’intérêt général. Chaque chef de file de ces batailles est généralement manipulé par un apparatchik dans le sérail.
Comme en football, même les instances juridictionnelles et judiciaires sont souvent tournées en bourrique, jusqu’à ce que force revienne au droit. Et du coup, les langues se retournent et tout le monde « prend acte » de la nouvelle donne. Rideau.