L’étape initiale de la facturation, rendue difficile, perturbe la relation client-compagnie.
Sur la barrière massive en fer couleur gris foncé, les écritures changent régulièrement. Abonné : D., Eau : 1566 m3, Electricité : 530 kw. Parfois, ce sont encore les anciennes appellations de la compagnie des eaux et celle de production de l’électricité qui sont affichées avant le volume de la consommation : Snec, Sonel... D’autres ont même pris le soin de signaler que la bonne peut ouvrir les portes de la résidence à tel moment.
Dans tous les cas, les utilisateurs des compteurs d’eau et d’électricité qui ne se laissent pas aisément voir des agents en charge de relever les consommations, savent qu’il vaut mieux prévenir. Et donc, trouver le moyen de se faire établir sa facture mensuelle qui commence par le relevé des mètres cubes et kilowatts.
Sauf quand on ne sait pas ce qu’il en est. « On m’a coupé au poteau ! », se lamente par exemple Jacques Deudji. Gérant d’un patrimoine immobilier familial, il avait « oublié » que l’une des villas du portefeuille, à Akwa, était sans maître, ni occupant, suite à des querelles familiales. Conséquence : les portes fermées ont empêché le processus de facturation et la coupure est arrivée. D’autres encore sont surpris par l’affaire.
Un immeuble d’appartements privés locatifs dans une banlieue a récemment reçu une facture d’eau astronomique. « Personne n’a compris ce qu’il se passait, et la tendance naturelle est d’aller crier sur le concierge soupçonné de fournir de l’eau au voisinage et faire payer les locataires », raconte Clémentine, habitante des lieux.
Si le problème demeure relativement marginal pour l’eau, il devient préoccupant chez l’électricien Eneo. 33 % de taux d’inaccessibilité sur tout son réseau. A la Camerounaise des eaux (Cde), l’on assure que seuls 3,78% des compteurs (3164) dans la zone Douala sont inaccessibles au cours des périodes mensuelles de consultation des compteurs. Un problème qui va croissant avec l’urbanisation et les changements de mode de vie. Ces abonnés injoignables, même le samedi quand les familles demeurent à la maison, sont parfois de bonne foi. La concession est alors fermée ou inhabitée.
Souvent, c’est le développement des constructions qui a rendu le compteur indisponible à l’œil du distributeur qui en voit de toutes les couleurs. Une source à la Cde a sommairement dénombré qu’ : « On en retrouve condamné sous des dalles, enterré, caché dans des herbes folles ou des tas d’ordures notamment quand l’appareil est éloigné de l’utilisateur.
Et même dans des toilettes ! ». Eneo a vu pareil et plus encore : des compteurs haut perchés (1,5 m du sol étant la norme) ou masqués par des grilles, dans les cuisines ou suffisamment encombrés pour tenir à distance le releveur…
L’abonné de mauvaise foi qui refuse d’ouvrir ou laisse traîner de méchants chiens autour du point de comptage, comme le ménage inaccessible pour cause de sortie généralisée des habitants, sont globalement traités de la même manière, quoi qu’il en soit. La facture est établie suivant une moyenne de consommation.
Un brin provocateur, le fournisseur peut surfacturer pour pousser à la réaction ou procéder à un rappel cumulé. La note est alors salée. Pourtant, l’intention n’est pas de gruger le consommateur dès lors que des sous-facturations existent également et qu’il est parfois « impossible » de recouvrer ce qui est dû.
Sans parler des risques de traficoter les appareils. Hors du contrôle de l’opérateur, ils se trouvent à la merci des fraudeurs qui ont encore pour un temps une marge de manœuvre. La possibilité de relever à distance la consommation n’étant pas une perspective pas immédiate.