Dans une récente tribune, l'activiste politique Arlette Franboise Doumbé Ding déplore les passions que déchaînent la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) actuellement dans l'opinion publique au Cameroun, qui curieusement ne s'indigne pas du maintien en prison et de la condamnation des militants du MRC et autres organisations politiques du Cameroun.
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"Alors que notre pays se prépare à accueillir la grande fête du football Africain dès le 9 janvier prochain , sommes-nous fiers que des dizaines de citoyens qui auraient pu être de la fête soient injustement privés de liberté et fait prisonniers depuis plus d'un an aujourd'hui par le régime de Yaoundé ?
Il s'agit pour l'essentiel des prisonniers politiques membres du mouvement pour la renaissance du Cameroun, du CPP et de stand-up Cameroun.
Dans un pays où des détourneurs de fonds publics sont libres et où des tribalistes parmi les plus haineux au monde jouissent d'une liberté outrageante , peut-on se permettre de condamner à 3 ou à 5 ans de prison, sans avoir des problèmes de conscience, des citoyens dont le seul crime est d'avoir manifesté pacifiquement pour exiger un système électoral consensuel , la saine gestion de l'argent de la can, la fin de la guerre au noso et une meilleure gestion des biens publics en général ?
Voilà le seul crime des militants du MRC, du CPP et de Stand-up Cameroun qui sont déjà à plus d'un an de prison à la date d'aujourd'hui pour avoir exprimé pacifiquement leur opinion politique donc. Plus est, dans un contexte où les militants du parti au pouvoir ont brûlé la résidence d'un sous préfet à Bengbis sans jamais être inquiétés. C'est le comble de l'injustice à l'égard du mouvement pour la renaissance du Cameroun, du cpp et de stand-up Cameroon…
Notre société peut-elle accepter une si grave injustice sans avoir un problème de conscience ?
Pouvons nous vraiment fêter le football sans avoir un problème de conscience quand on sait qu'on vit dans un pays où avoir une opinion différente de celle du régime au pouvoir peut vous valoir des procès au tribunal militaire et de lourdes condamnations en total violation de la loi et de vos droits ?
Pouvons nous être en joie quand des jeunes compatriotes en quête d'un meilleurs avenir pour eux-mêmes et pour leur pays sont injustement fait prisonniers par le fait d'une justice aux ordres qui viole la loi, et quand on sait aussi que des enfants en très bas âges sont privés de l'encadrement affectif, éducatif et matériel auquel ils ont naturellement droit, simplement parce que leurs parents ont été arbitrairement emprisonnés ?
Pouvons-nous vraiment fêter le football dans ce contexte de grande injustice ? Acceptons-nous ces injustices ?
Pouvons nous vraiment fêter le football Africain comme cela se doit dans un contexte où la justice de notre pays a été transformée en instrument de règlement des comptes politiques ?
Le football déchaîne les passions et inhibe souvent la raison par son effet euphorisant hélas ! C'est sans doute pour cette raison que certains dirigeants recourent au football. Non pas réellement par amour pour ce sport de masse, mais beaucoup plus par opportunisme pour couvrir leurs échecs et leurs manquements. Mais aussi pour maîtriser , distraire et noyer la conscience collective dans la liesse populaire et l'effet euphorisant suscité par l'événement...
C'est précisément pour cela qu'il est important de rappeler que l'organisation de la Can au Cameroun ne doit pas faire oublier que ce pays est probablement le plus grand cimetière des droits de l'homme en Afrique noire francophone.
La Can va offrir un plaisir certain aux yeux ... Mais un plaisir éphémère puisqu'elle s'arrête en février.
La liberté par contre est le fondement de la dignité humaine et la clé de tout bonheur.
Sauf donc à être mentalement désorienté, ce que je ne souhaite à personne, on ne peut pas mettre les plaisirs éphémères d'une Can et la dignité humaine sur une balance.
Dans l'ordre des priorités, la liberté et le respect de la dignité humaine sont bien plus utiles à une nation que le football qui n'est qu'un jeu.
Libérez tous les prisonniers politiques.
Ils n'ont absolument rien à faire dans les prisons infectes du Cameroun. Leur place est dans leurs familles respectives.
Nous disons :
Non à l'injustice.
Non a l'instrumentalisation de la justice à des fins de règlements de comptes politiques au Cameroun.
Non à la subordination du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif.
Oui au respect des droits de l'homme et l'avènement de l'état de droit au Cameroun.