Opinions of Saturday, 15 July 2023

Auteur: Arol Ketch

Révélations et secrets : voici l’une des seules interviews que Fochive a accordées à la presse camerounaise

C'était sa toute première interview C'était sa toute première interview

Ses prises de paroles étaient rares. Il ne parlait jamais. Présenté comme un monstre froid au regard torve ; c’était un homme de l’ombre. Voici l’une des seules interviews qu’il a accordées à la presse camerounaise. Sa toute première.

Nommé en mai 1991 délégué général à la sûreté nationale ; il a pour mission de prendre en main le dossier des agitations et violences que connaissent le pays durant cette période charnière. Il répond à bâtons rompus à une interview de Cameroontribune.

CT: Vous passez aux yeux de nombre de vos compatriotes pour le bourreau qui a pendant de longues années torturé pour ne pas dire plus, des adversaires politiques du régime. Qu'en pensez-vous ?

J.F. : Vous savez, je suis très peu connu du public camerounais qui ne retient de mon image que celle d'un policier enclin à des méthodes dures et inacceptables. J'avoue que je ne me retrouve jamais dans ce que l'on dit de moi.

Par contre ceux qui m'ont connu savent que je ne suis pas capable des actes qu'on tend à m'imputer. Vous savez, • la torture c'est une arme inefficace.

Car les aveux obtenus par ce moyen sont souvent rejetes par le tribunal, surtout lorsque les personnes coupables reviennent sur des déclarations extorquées au moyen de la violence

C.T. : Sauf lorsqu'il s'agit de gens arrêtés et détenus sans jugement ?

J.F. : Celles-là l'ont toujours été sur ordre des autorités administratives ou du ministre de l'Administration territoriale. Je peux vous dire que les gens qui ont eu à m'approcher m'ont souvent dit que je n'étais pas ce qu'ils pensaient.

Pensez-vous que l'Eternel Dieu qui veille sur le Cameroun aurait permis que je reste à la tête de ce service si j'étais le méchant que mes ennemis ou les ennemis du régime décrivent ?
Pour citer quelques cas : lorsque j'ai mené l'enquête sur la tentative de coup d'Etat de Mgr Ndogmo.

J'ai eu à garder ces gens pendant au moins quatre mois. Le jour où ils avaient été conduits au tribunal, l'opinion avait été agréablement surprise par leur état . Autrefois, j’ai mené de grandes enquêtes sur de grands assassinats et des délits graves. J’ai toujours présenté devant les tribunaux des détenus en bon état physique.

C.T. : A propos de l'affaire Ndongmo, d'aucuns ont estimé qu'il s'était agi d'une machination pour faire arrêter et assassiner Ernest Ouandie.

J.F. : Je sais que Mgr Ndogmo a prétendu avoir été chargé par l'ancien président de la République de faire rallier M. Ouandie Ernest. Ce n'était pas vrai, puisque Mgr Ndogmo avait déclaré qu'il avait affaire à deux personnes : Ahidjo au pouvoir et Ouandie sous maquis et qu'il cherchait à s'en débarrasser.

De même, M. Ouandie devait déclarer que Mgr Ndogmo avait gelé ses relations intérieures et extérieures dans le dessein de profiter seul des fruits de la lutte, de la rébellion.

Je voudrais vous dire une chose, si j'étais ce que les gens prétendent, je n’aurai pas vécu tranquillement sans protection entre 1984 et 1989, n’ayant pour seule compagne que mon épouse. J’étais tantôt à Yaoundé ; tantôt à Douala, tantôt dans ma plantation à Foumbot ou à mon domicile à Foumban.

J'étais seul, je me promenais nuit et jour. Je dois avouer que dans les services publics et privés, je ne rencontrais qu'un bon accueil. Je dirais qu'au-delà de la réputation qui accompagne les agents publics, il y a une opinion profonde, objective, dé tenue par le peuple.

La suite en lisant le livre « Les révélations de Jean Fochive »