2018 est une année électorale au Cameroun, et même si la seule information qu’on a sur le scrutin c’est qu’il est « lointain mais certain », force est de constater que nombre de compatriotes ne semblent pas intéressés par cette échéance qui pourtant aura des conséquences sur la vie du pays pendant au moins sept années. La raison ? Les dés seraient pipés, les résultats connus d’avance, donc à quoi bon ?
À quoi bon ?
Chaque année, les inscriptions sur les listes électorales sont ouvertes jusqu’en fin août. Pourtant, mes compatriotes ne se pressent pas devant les bureaux d’ELECAM (Elections Cameroon) pour s’inscrire. Je l’ai dit plus haut, l’ombre du découragement plane sur les citoyens camerounais qui ne voient pas trop pourquoi il faut s’inscrire.
Pour la plupart d’entre nous, il est impossible de remporter l’élection présidentielle face au parti au pouvoir dans les conditions actuelles. Il s’agit précisément du code électoral qui, de toute évidence, est taillé à la mesure du parti au pouvoir. Beaucoup d’entre nous pensent que, tant qu’il ne sera pas modifié, il sera impossible de rivaliser avec le RDPC. Ce n’est peut-être pas totalement faux.
L’opposition camerounaise manque cruellement de crédibilité auprès de la population. Avec le temps, on s’est rendus compte que plusieurs « opposants » sont en fait des alliés du parti au pouvoir dont le but est de décrédibiliser l’opposition et de déstabiliser toute tentative d’action groupée. Et ça en décourage plus d’un.
Pourquoi pas ?
Toutes les raisons ci-dessus sont valables. Quand on n’a confiance ni au processus, ni aux candidats, on peut trouver mieux de rester chez soi le jour du scrutin.
Le hic, c’est que les candidatures ne sont pas encore fermées donc à l’heure actuelle, 3 jours avant la fin du processus d’inscription sur les listes électorales, on ne sait pas encore qui sera candidat. À l’heure actuelle, on ne sait pas si l’opposition formera une coalition. On ne sait même pas si le redoutable Biya sera candidat – mais on ne se fait pas d’illusion sur ce point-là non plus.
Alors, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas s’inscrire, sachant qu’on n’est pas obligé d’aller voter plus tard si les conditions ne nous conviennent pas ?
Le danger en ne s’inscrivant pas sur les listes électorales, c’est que si les choses se présentent favorablement, par exemple si l’opposition constitue un seul bloc (ce qui est envisageable parce que la proposition a déjà été faite par certains acteurs politiques), ceux qui ne se sont pas inscrits ne pourront plus rien faire, pourtant chaque voix compte dans cette bataille – l’hiver approche.
Semblant de démocratie
« S’inscrire sur les listes électorales ne fera que donner à la communauté internationale l’impression que le Cameroun est un pays démocratique ».
Voilà un argument entendu récemment. Si on est d’accord que les chiffres peuvent être manipulés par ELECAM comme certains l’affirment – avec raison je suppose –, ça veut dire que cette institution peut également manipuler les chiffres pour qu’on ait un nombre élevé d’inscrits et de votants.
Je pense que la manipulation des chiffres n’est possible que parce que le nombre d’inscrits ou de votant est en deçà du nombre réel, et ça leur laisse une grande marge de manœuvre. En d’autres termes, si tous les camerounais en âge de voter s’inscrivent et surtout votent, il sera impossible à qui que ce soit de manipuler les chiffres.
Moi, je m’inscris (d’abord)
En ce qui me concerne, je suis inscrit et je vote depuis 2011. L’année prochaine, je voterai encore. Pour qui ? Je ne sais pas encore, mais ce n’est pas encore le moment de m’en préoccuper.
J’attends que les candidats se présentent à moi, et me parlent de leur vision pour le Cameroun. J’attends les programmes politiques, les plans d’action, les réformes dans différents secteurs. J’attends les solutions aux nombreux problèmes auxquels le pays fait face depuis plusieurs décennies déjà. J’attends, mais en attendant je suis inscrit.
Pour le moment, la question du vote ne se pose pas encore. Le plus urgent c’est de s’inscrire. Il reste seulement quelques jours avant la fermeture des inscriptions, il est encore temps.
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