Opinions of Monday, 5 October 2015

Auteur: Jeune Afrique

Répression des militants de l’UPC au Cameroun: l’Histoire à vif

La France s'est engagée à ouvrir ses archives concernant la répression féroce qui s'est abattue, au tournant de l'indépendance, sur les militants nationalistes de l'UPC. Mais au Cameroun, les plaies n'ont pas encore cicatrisé.

Les chutes de la rivière Métché ne sont pas spectaculaires. Ce sont de grosses cascades, situées à quelques kilomètres de Bafoussam, dans l’ouest du Cameroun. Mais toutes les nuits, selon un témoignage recueilli par les auteurs du livre Kamerun !, « un camion allait [y] déverser des gens ».

Les récits terrifiés d’anciens maquisards le confirment, tout comme le journal de marche et des opérations de la gendarmerie du Cameroun, qui signale, le 12 septembre 1959, la disparition d’un officier français. Une disparition dont Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa ont remonté le fil et qui illustre la sanglante répression menée par l’armée française contre les nationalistes camerounais de 1955 à 1960.

Qu’est-il arrivé cette nuit-là ? « Un prisonnier, se sachant condamné, s’est approché de l’officier de gendarmerie français chargé de l’étrange expédition et l’a soudain emporté avec lui dans le vide, raconte un témoin cité dans Kamerun !. On a cherché pendant des jours le corps du gendarme, sans succès. On a mobilisé les villageois environnants, on les a obligés à plonger pour chercher […].

Ils nous ont dit qu’ils avaient trouvé tellement de crânes, tellement de corps qu’ils ne pouvaient pas reconnaître celui du gendarme. » Le prisonnier, lui, s’appelait Jacob Fossi, mais son nom n’a pu être confirmé que des décennies plus tard. Il avait été condamné à un an de prison pour « maintien de parti dissous ». Ce parti, c’était l’Union des populations du Cameroun (UPC).