Le 9 octobre 2018, au lendemain de son auto-proclamation comme «président élu» du Cameroun, Maurice Kamto est traîné devant le Tribunal militaire de Yaoundé par l’Observatoire du développement sociétal (ODS). Cette organisation accuse le candidat du MRC de «sédition, appel à la haine et au soulèvement populaire». Elle expose que «Ce lundi 8 octobre en matinée, lors d’une conférence de presse convoquée au siège de son parti sis à Yaoundé, le candidat à l’élection présidentielle 2018, Maurice Kamto, s’est déclaré vainqueur de ladite élection devant les représentants des médias nationaux et internationaux, et a invité le président Paul Biya à mettre en place les conditions d’une transition pacifique du pouvoir».
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Selon l’ODS, ces déclarations sont «en violation des dispositions des articles 132,133 et 137 du code électoral en vigueur». Des dispositions qui font du Conseil constitutionnel le garant en matière de régularité de l’élection, d’étude des recours formulés et d’organe crédité à proclamer les résultats. Pour l’ODS, la démarche de Maurice Kamto n’est pas justifiée car «il ne détient aucun élément chiffré pouvant fonder ses affirmations». Une telle démarche qui constitue «des faits graves de sédition, d’appel à la haine et au soulèvement populaire», selon Koulou Engoulou, le coordonnateur de l’Observatoire.
Révolte chez les universitaires
L’attitude adoptée par l’agrégé de droit, Maurice Kamto, ébranle également les milieux universitaires. Et les inquiète. Pr Hubert Mono Ndzana, enseignant de philosophie à l’Université de Yaoundé I (UYI), parle d’un collègue «qui porte un coup à la fonction d’enseignant d’université». Pour le Pr Nkou Nvondo, par ailleurs président national du parti Univers, «les activités politiques de Maurice Kamto lui ont fait oublier sa posture d’enseignant dont l’un des objectifs primordiaux est d’éduquer». Quant au Pr Jean Gatsi, originaire de la Région de l’Ouest comme Maurice Kamto, «pour préserver la cohésion sociale, je demande la dissolution du MRC. Un parti politique qui prône la haine, la division de notre peuple et la violence généralisée».
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L’agrégé de droit public, James Mouangue Kobila pense lui que «le tireur de penalty» essuie tout simplement «un deuxième échec». Selon le vice-recteur de l’université de Douala, Maurice Kamto serait en train de prendre progressivement conscience de la «banalité de sa candidature», laquelle est d’ailleurs forgée sur l’image du «sanguinaire» Nicolas Sarkozy, ancien chef d’État français avec qui il partage le même slogan «Ensemble, tout est possible». James Mouangue Kobila conclut alors que Maurice Kamto n’est pas loin de poser un «crime académique» à travers tous ses actes.