Opinions of Friday, 22 June 2018

Auteur: Patrice Nouma

Révélations: Paul Biya pris dans dans l'étau des puissances mondiales

Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans

Depuis 2015, à travers les vidéos, les articles, les posts, les actions diplomatiques et les manifestations publiques, le CCT a prévenu contre l'actuelle crise des revendications fédéralistes et séparatistes anglophones découlant de la gestion chaotique et désastreuse du Cameroun par Paul Biya et son régime des «élites». Il y'a actuellement 27 personnalités et 9 journalistes camerounais dans le collimateur de la justice américaine.

On a toujours dit que Paul Biya est mal entouré, a de mauvais conseillers, est trahi par ceux qu'il nomme, est entouré des beti, etc. Nous disons toujours que Paul Biya est victime de son entourage. Il n'y a aucun chef d'État au monde dont on cherche et trouve des excuses des échecs autant que Paul Biya. Le même individu qui a ordonné, sous prétexte de venger quelques gendarmes tués en novembre 2017, les massacres, tortures et incendies horribles que nous voyons dans la zone anglophone du Cameroun où les habitants ont fui leurs résidence et vivent soit en brousse soit dans les camps de refugiés au Nigeria voisin, est présenté par beaucoup de francophones comme un innocent, un saint.

S'il était vrai que Paul Biya exécute à 100% ce que lui conseille son entourage, quel est donc son propre rôle en tant que président de la République? Est-ce seulement le pouvoir et football qui le préoccupent?

Est-ce toujours son entourage qui l'a fait sortir du Cameroun son frère bulu et voleur devant l'internel Biyiti Essam de l'étau judiciaire, qui se resserrait sur lui pour détournements des fonds publics, pour lui assurer l'immunité en le nommant ambassadeur du Cameroun en Israël?

La crise anglophone a pris une ampleur internationale avec l'ingérence des puissances mondiales. S'il ne fait qu'obéir aux conseils de son entourage, on voit bien que Paul Biya n'a pas l'étoffe d'un décideur, mais plutôt celle d'un suiveur et exécuteur, et n'aurait dû occuper comme plus haute fonction que celle de premier ministre, et pas plus.

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Le sort de la Libye, de la RD Congo ou du Burkina Faso aurait dû lui donner les leçons de ne pas tomber dans le même panneau que les anciens présidents de ces pays. Mais, comme nous disait un diplomate américain, Paul Biya a cru fonctionner avec la communauté internationale comme il fonctionne avec les européens. Même des français sont morts au Cameroun sans qu'une enquête déclarée ordonnée par le chef d'État n'aboutisse. Le diplomate a poursuivi: «Le Cameroun représente une ferme humaine à ciel ouvert où chaque membre de gouvernement est capable d'attraper un camerounais, de l'assassiner, de manger sa chair et boire son sang et rien, aucune enquête n'est faite».

Toutes les crises du Cameroun semblent inconnues de Biya et il ne bouge pas le petit doigt, alors qu'il s'intéresse aux crises des autres pays. Depuis que la crise constitutionnelle lancée par les anglophones a commencé, la seule fois qu'il est sorti c'est pour déclarer la guerre aux anglophones, qu'il appelle abusivement des «terroristes».

La sortie de Peter Henry Barlerin n'est pas une improvisation, comme veulent vous le faire croire les membres de gouvernement. C'est plutôt la suite logique d'un processus. Les États-Unis, le Commonwealth, la Grande Bretagne, l'Allemagne ont publié des communiqués demandant que les forces armées camerounaises cessent la violence et que Paul Biya accepte le dialogue avec les populations et séparatistes anglophones. Le CCT a
adressé plusieurs requêtes dans ce sens à Paul Biya depuis 2016, la dernière datant du 8 mai 2018, quelques jours seulement avant l'intervention de l'ambassadeur Barlerin.

La réaction des États-Unis a plusieurs sens. Paul Biya est un homme orgueilleux arrogant, et donc inflexible dans ses décisions et positions. Il pense qu'il peut commettre tout ce qu'il veut et rester impuni, tout simplement parce qu'il a corrompu certaines personalités sur la scène internationale. Et parce qu'il distribue les enveloppes de corruption à une certaine classe politique française, il se dit assuré de la protection de la France.

Il ignore que les puissances internationales fonctionnent par la logique de la loi du plus fort. Elles utilisent tous les mécanismes, comme Barlerin, le département d'État, le Congrès américain, le Parlement britannique, le Commonwealth, l'ONU, etc. Et il y'aura l'une d'elles qui va frapper au Cameroun. Les grandes puissances ne vont pas s'opposer ou s'affronter entre elles quand l'une d'elle a frappé un petit pays comme le Cameroun, juste pour sauver la tête d'un tigre en papier comme Paul Biya. Elle iront plutôt chacune pousser ses propres intérêts au Cameroun.

Chaque fois qu'une puissance s'engage à éliminer un dictateur orgueilleux et arrogant comme Paul Biya, les autres ne vont pas s'opposer mais se réserveront. En Irak, la France avait refusé de se joindre à la coalition pour renverser Saddam Hussein à cause de ses intérêts avec le dictateur, prétextant qu'il n'y a pas de preuves d'armes chimiques, mais les Etats-Unis et la Grande Bretagne étaient allés le descendre ainsi que son régime sans opposition de la France. En Libye, la France décida d'aller éliminer Mouamar Kadhafi et détruire son régime, suivie par les États-Unis et la Grande Bretagne, et la Russie avait protesté mais ne s'était pas opposée.

En Syrie, la Russie qui a ses troupes au sol s'est opposée aux attaques occidentales contre Bashar al-Assad et son régime, mais les États-Unis et la France ont tout de même mené des frappes aériennes contre des cibles en Syrie.

Chaque puissance a ses intérêts propres dans tout pays, mais elle va les mettre de coté pour laisser agir une autre puissance, quitte à aller plus tard négocier des compensations. Actuellement, la mauvaise gestion et l'attitude arrogante de Paul Biya ont un impact négatif sur les intérêts des puissances mondiales, au point où les investisseurs de ces puissances fuient le Cameroun à cause de l'insécurité généralisée des hommes, des biens et des affaires.

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Paul Biya doit comprendre les avertissements actuels des américains comme un commandement sans équivoque de faire ses valises. Car même en plein Yaoundé, il n'y a pas de politique pour assurer qu'il ait une chance de survivre sur la base d'un soutien populaire solide, quand les Yaoundéens gardent en mémoire les crimes sataniques, les abus et crimes sexuels, et l'insécurité totale dans la capitale, alors qu'il n'y a aucune solution venant du président Biya depuis des années.

Quelle puissance mondiale normale peut voir les villages brûlés, les civils et les militaires massacrés, les personnes torturées avec une barbarie indicible, les enfants et les femmes chassés de leurs résidences vers les brousses et le Nigeria voisin, sans réagir? Les États-Unis ont des images et des témoignages des atrocités commis en zone anglophone, que le Cameroun n'a pas.

Paul Biya doit trouver une porte de sortie honorable, que le CCT lui offre avec un Gouvernement de Transition investi des pleins pouvoirs de gestion des crises actuelles. La composition d'un tel Gouvernement de Transition devrait exclure tout membre du gouvernement actuel et «élite» reconnue comme responsable de mauvaise gestion au Cameroun, afin qu'elle soit crédible aux yeux du Peuple anglophone et francophone. Nous avons et continuons d'inviter Paul Biya pour un voyage de dialogue avec la Diaspora camerounaise et les propositions de solutions aux problèmes graves actuels, notamment la crise séparatiste anglophone.