Opinions of Tuesday, 27 June 2017

Auteur: Patrice Nouma

Révélations très graves sur l'armée camerounaise devenue une mafia

Archives Archives

Monsieur le SED Jean Baptiste Bokam, les officiers volent l'argent que vous affectez pour payer les éléments des unités d'élite de la gendarmerie nationale. Qu'avez-vous fait depuis 13 ans que cela dure?

Je n'ai pas pu retenir les larmes à la réception de cet autre appel à l'aide qui nous vient des rangs des soldats de la gendarmerie nationale du Cameroun.

Pendant que mes collaborateurs du CCT et moi réfléchissions sur les actions pouvant contraindre le gouvernement de Paul Biya à payer à chaque soldat du front de guerre de l'extrême-nord, démobilisé hier et retourné à son unité d'origine, ses arriérés de primes qui s'élèvent à environ 11 millions de francs Cfa par soldat, nous apprenons que dans la gendarmerie aussi les primes des soldats en détachement (60 000 francs Cfa par mois pour la prime d'alimentation) sont tout aussi volés par les officiers de commandement.

Lors de la dernière réunion de l'état-major concernant les primes des soldats du front (450 000 francs Cfa par mois chacun), le général René Meka s'était opposé au paiement de ces primes à leurs ayant-droits en déclarant qu'on ne peut pas donner autant d'argent à un soldat. C'est dire que pour ces vieux officiers, le bon soldat est un soldat pauvre et mendiant.

Les pleurs nous viennent de nos éléments des troupes d'élite de la gendarmerie nationale, connues sous le nom du Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (GPIGN) créé en 1995 par décret présidentiel pour lutter contre le grand banditisme, et dirigé par le chef d'escadron Kola ayant remplacé le 16 septembre 2013 le lieutenant colonel Nkoa Mala.

Le GPIGN au Cameroun compte quatre escadrons régionaux d'intervention de la gendarmerie nationale (ERIGN): ERIGN1 à Yaoundé, ERIGN2 à Douala, ERIGN3 à Garoua, et ERIGN4 à Maroua. Tous ces ERIGN sont chacun commandé par un officier, que les soldats ont surnommé «petit serpent».
Le commandant du GPIGN, le chef d'escadron Kola, a lui été surnommé «serpent boa», car il ne laisse pas les avantages et les droits des éléments, y compris leurs primes, leur parvenir en état.

Le commandant Kola a donné pour instructions à tous les commandants des ERIGN de «gymnastiquer leurs primes» de façon à faire «fifty fifty», c'est-à-dire se partager à moitié chacun avec chaque commandant d'unité.

Vol de la prime d'alimentation:
Il y'a une prime que le secrétaire d'État à la défense, Jean Baptiste Bokam, envoie par ERIGN pour les détachements. Chaque élément (soldat) qui part en détachement a droit en principe à 60 000 francs Cfa par mois de prime d'alimentation. Mais le soldat en détachement ne reçoit pas cet argent comme prévu.

A Yaoundé, les éléments perçoivent 30 000 francs Cfa par mois chacun pour les détachements de l'Est à Kenzou et autres.
A Douala, «c'est les différents services occultes non reconnus par la haute hiérarchie».

A Garoua, les éléments perçoivent leurs 60 000 francs par mois.
A Maroua, les éléments ne perçoivent même pas 1 franc Cfa depuis deux ans comme prime du SED. Et depuis, l'opération «Emergence 4» a pris en compte tous les militaires dans l'extrême-nord du pays où sévissent les actions de Boko Haram.

Toutes ces primes, depuis deux ans déjà, sont partagées entre la capitaine Biogolo Embolo Zéphyrin et le chef d'escadron Kola. Des détournements de primes qui leur ont permis de construire des châteaux dans les quartiers chics de Yaoundé, avec dans leurs parkings des véhicules bâchés, car ils refusent de rouler avec ces «grosses caisses».

Le cri de ces éléments me touche au coeur:
«Grd frère, il FO que cela cesse et comptons sur vouss par votre combat. Les éléments en ont marre et sont prêt pourr passer au pire, à l'aide à l'aide sauver nous (de) la haute hiérarchie. Le GPIGN est la dernière unité ds la gendarmerie où les hommes n'ont rien, pourtant le GPIGN a le plus gros budget de la gendarmerie. il y'a zero avantage, je dis zero avantage et vivent avec leur net à percevoir».

Pourtant quand ces éléments venaient dans cette unité, on leur promettait qu'ils percevraient toutes leurs primes, y compris: prime d'alimentation, prime de risque, prime de port d'arme, prime de transport. Ils ne reçoivent aucune de ces primes.

Certains n'ont pas perçu leurs primes depuis plus de 13 ans de service et s'acheminent déjà vers la retraite. Vont-il les recevoir à la retraite? ou la mort ?

Au GPIGN, ils ne bénéficient pas de stages. Le dernier remonte à 2011 où ils avaient reçu le CAT2 Lat (lutte anti-terroriste). Il n'y a pas de reversement. Pourtant on leur avait dit qu'après 5 ans, les hommes seraient reversés. Mais jusqu'ici, rien. Les éléments veulent leur reversement dans leurs unités d'origine.

Mais quand l'un d'eux rédige sa demande de reversement et la dépose, on l'achemine au commandant du GPIGN. Le lendemain c'est un dossier disciplinaire qu'on lui présente.

Les éléments se plaignent de telles mauvaises conditions de travail. Les menaces et les intimidations sont leur lot quotidien.
Le GPIGN est la seule unité de la gendarmerie qui travaille plus, qui risque leurs vies au quotidien, mais ne reçoitven pas de remerciements.
Dans le GPIGN, on ne donne pas de congés aux hommes. En 13 ans de service, les éléments disent qu'ils n'ont pas bénéficié d'un seul jour de congé. Ils disent qu'ils veulent la démobilisation et leur reversement, rien que leur reversement.

Car «notre moral est touché et nos droits son bafoués», disent-ils.
Monsieur Jean Baptiste Bokam, secrétaire d'État à la défense, voici les cris qui s'élèvent des rangs de vos forces de gendarmerie. Montrez patte blanche. Car il serait dommage d'entendre que ces commandants des unités du CPIGN ont partagé l'argent volé aux soldats depuis plus d'une décennie avec vous.
Il faut absolument mettre ces commandants hors d'état de nuire, suivie de leur arrestation, suspension de soldes, ordre de recette pour le remboursement de l'argent volé avec saisie de leurs biens, et traduction devant le tribunal militaire.

L'armée camerounaise est devenue une mafia où les soldats sont terrorisés, et souvent assassinés quand ils revendiquent leurs droits, dépouillés des salaires et primes qui doivent compenser les sacrifices de leurs vies pour la nation.

L'armée camerounaise est devenue une poudrière. Méfiez-vous que si vous ne payez leurs salaires et primes à ces soldats, demain vous pourriez le payer de vos vies, vous les ministres et officiers camerounais! Car ils ne resteront pas muets et inactifs, vos esclaves pour toujours, devant les multiples torts que vous leur infligez et a toutes leurs familles .