Opinions of Tuesday, 13 October 2015

Auteur: MAKON ma PONDI

Reconnaissance méritée pour les enseignants

Un événement dans l’événement : ainsi pourrait se traduire la remise lundi dernier à travers le pays de distinctions honorifiques à plusieurs centaines d’enseignants. Des médailles de l’ordre des Palmes académiques décidées par le président de la République pour récompenser le mérite de ces ouvriers du savoir qui œuvrent au quotidien pour façonner la crème des générations futures.

Avec, pour la plupart d’entre ceux-ci, un élan indéniable de foi, d’engagement, d’intégrité, de dévouement et de générosité. Des qualités indispensables à la promotion d’une éducation de qualité, garante de la prospérité et d’un développement durable.

Au demeurant, il n’est point exagéré de considérer que l’enseignant, hier comme aujourd’hui – et davantage encore demain – tient un rôle primordial au sein de la société humaine. Le message conjoint de quelques organisations du système des Nations Unies – parmi lesquelles l’UNESCO, l’UNICEF et le PNUD – à l’occasion de la récente journée mondiale consacrée aux enseignants d’inscrit dans ce sillage.

Il stipule en effet que « les sociétés vigoureuses reposent sur des citoyens éduqués et une main-d’œuvre formée. Mais, précise le message, nous ne pourrons mener à bien ce programme que si nous investissons dans le recrutement, l’accompagnement et l’autonomisation des enseignants ».

Cette première cuvée d’impétrants dans l’ordre des Palmes académiques participe donc sans conteste de la volonté affichée du président Paul Biya de garantir aux enseignants les conditions de travail optimales profitables finalement à tous. Ainsi de l’institution depuis quelques années de primes et autres avantages en faveur des enseignants à tous les niveaux du système éducatif.

Des dispositions prévenantes et appropriées qui visent à soutenir, motiver et galvaniser ceux-là qui ont opté de se consacrer à l’éducation des générations montantes – enfants et adolescents – au service d’un monde meilleur pour tous.

Pour autant, l’on ne saurait ignorer ou perdre de vue qu’en dépit des efforts et sacrifices consentis, beaucoup reste à faire pour que l’enseignant retrouve l’auréole, la splendeur et la considération qui caractérisaient naguère une profession perçue alors comme un véritable sacerdoce. En ces temps-là, l’enseignant faisait figure de véritable parangon et dépositaire de la science, des lumières stimulantes du savoir, des habiletés et du savoir-faire. C’était un repère, un guide avisé et respecté.

A l’instar du fameux Maître Thierno, l’un des personnages-clés de « L’Aventure ambiguë », l’œuvre monumentale de Cheikh Hamidou Kane. Constatons avec désenchantement, mais sans nostalgie, que les incessantes mutations qui balaient le monde ces dernières décennies ont passablement brouillé le rôle social cardinal de l’enseignant.

Le cachet particulier imprimé cette année à la journée mondiale consacrée à ce corps doit rappeler à la conscience collective, à la communauté nationale dans son entièreté que notre devenir commun dépend étroitement de l’épanouissement de ces hommes et femmes de devoir en charge de l’éducation de nos enfants. Déjà les pouvoirs publics font du secteur de l’enseignement, toutes strates confondues, un secteur d’intervention prioritaire, en termes de mobilisation des ressources publiques.

Avec pour ambition d’en faire, selon les recommandations de plusieurs instances internationales, « un système géré de manière efficace et efficiente, et doté de ressources suffisantes ». Mais il en faut davantage : l’adhésion de tous et de chacun à cette vision. En reconnaissant de nouveau à l’enseignant ce rôle d’avant-garde irremplaçable qui est le sien.

Car c’est sur lui, en dernier ressort, que repose le socle de toute société humaine. Pour sûr donc, l’institution de l’ordre des palmes académiques pour célébrer l’excellence dans un domaine névralgique s’inscrit dans une dynamique prometteuse. Ne dit-on pas que le plus long voyage commence par un premier pas ?