Opinions of Thursday, 20 August 2015
Auteur: Amadou Soulé
Après une longue léthargie, l’Opération Epervier est en passe d’être relancée, suite à l’aval y afférent donné par le Chef de l’Etat. Du coup, bon nombre de personnalités de la République qui savent être qualifiées pour des poursuites devant être mises en branle par le Tribunal criminel spécial (TCS), ont perdu le sommeil.
Au terme de nombreuses auditions desdites personnalités, le TCS a bouclé, de sources dignes de foi, de nombreux dossiers afférents aux poursuites judiciaires à diligenter contre les gestionnaires des finances publiques, mais également des finances privées qui auront contribué à la spoliation de la fortune de l’Etat.
Et dans ce registre, si pour l’heure seule une dizaine de membres du gouvernement et assimilés constitue le plat de résistance de cette nouvelle Opération Epervier, il n’est point exclu que son extension à d’autres cibles, justifie amplement la psychose généralisée au sein du sérail.
Car, s’il est une constance concernant cette opération d’assainissement, c’est celle selon laquelle les victimes redoutent plus la déchéance qui sera la leur, que la privation de liberté qui en découlera, eu égard aux conditions de détention améliorées qui sont celles des «Eperviables».
N’empêche qu’à en juger par les indiscrétions glanées fort à propos à ce sujet, il sera davantage difficile pour les futures personnalités interpellées d’évoquer quelque rouleau compresseur ou même quelque chasse aux sorcières, tant les récriminations à leur encontre, démontrent à suffisance leur culpabilité, fort des preuves irréfutables des récriminations à leur encontre.
En effet, outre les dénonciations qui ont pu mettre en branle certaines des enquêtes ayant abouti à la qualification de ces personnalités résolument dans la collimateur du TCS, il n’est pas des rapports conséquents des différentes structures commises à la traque des gestionnaires indélicats qui ne soient venus conforter les accusations portées contre lesdites personnalités.
Déchéance
A l’évidence, la déchéance qui sera la leur ne saurait altérer la détermination des pouvoirs publics à leur faire rendre gorge. Surtout que tous avaient été avertis de ce que la relance de l’Opération Epervier ne leur accordera le moindre sursis. Et quand bien même, les dysfonctionnements opérationnels qui s’en suivront très certainement du fait de leur mise aux arrêts, indépendamment de leur posture ou des fonctions qui pourraient être les leurs.
Mais de telles considérations, on n’en tient guère compte quand il s’agit de faire rendre gorge aux prévaricateurs de la fortune publique, quand bien même on se garde toujours de faire quelque révélation sur les sommes jusqu’ici recouvrées et encore moins celles qu’entraînera le relance de l’Opération Epervier.
Et à moins que celle-ci ait partie liée avec la nécessaire mobilisation de davantage de disponibilités financières pour soutenir l’effort de guerre que nous impose la menace terroriste, il ne fait point de doute qu’elle mettra un point d’honneur pour la récupération de tout ou partie des sommes distraites, eu égard aux nouvelles dispositions régissant le TCS, commis pour diligenter les différentes affaires relevant de l’Opération Epervier.
Dans un tel registre, il devient évident que lesdites personnalités vont tomber le masque, quittant le visage reluisant de vitrines de fait, pour revêtir celui de vulgaires bandits, quand bien même on leur affecte l’épithète de bandits à col blanc. Nul doute donc que ces derniers en soient à ressasser le discours plutôt musclé de Paul Biya du 31 décembre 2013 où, reconnaissant leur inefficacité il affirmait ne point leur accorder le moindre bénéfice du doute.
Elagage
Des serres plus acérées que jamais pour expurger le gouvernement ou ce qui en tient lieu de ceux-là mêmes qui tirent vers le bas nos performances globales et compromettent la pleine réalisation d’une vision pourtant pragmatique. En fait, ils ont semé de davantage d’embuches, le chemin déjà difficile de l’émergence.
Aussi peut-on comprendre que plus de la cinquantaine de personnalités dans le collimateur et incluant des ministres de la République, d’anciens membres du gouvernement, des dirigeants d’entreprises publiques, des opérateurs économiques ainsi qu’une armada de personnalités parmi les plus insoupçonnées, sont susceptibles de passer de l’enivrement du pouvoir à la grisaille de celui-ci doublé, des affres de l’univers carcéral dans les jours qui suivent.
Toutes choses pour lesquelles les personnes introduites, prophétisent plus qu’une simple bourrasque, eu égard à l’ampleur des interpellations qui s’en suivront. Un élagage d’autant plus opportun que bon nombre de personnalités à interpeller font partie du registre de ses collaborateurs dont el Chef de l’Etat décriait non seulement l’inertie, mais aussi et surtout cette propension à confondre les caisses publiques à leurs avoirs.
Aussi ne saurait-on leur permettre de perpétuer ad vitam aeternam la spoliation de la fortune publique impunément. Mieux encore, ces derniers connaîtront de lourdes peines privatives de liberté, question de réfréner définitivement la gangrène des détournements de deniers publics, en promouvant à l’occasion, un retour à l’orthodoxie de gestion. Une option qui, bien qu’arrivant sur le tard, devra permettre à Paul Biya de restaurer progressivement les maximes de rigueur et moralisation.
Intransigeance
Les récentes inculpations de gestionnaires publics ont inéluctablement démontré l’intransigeance de Paul Biya à terrasser les fossoyeurs de l’économie camerounaise, adeptes des malversations financières mises en lumière dans des rapports explosifs et autres audits démontrant leurs forfaitures.
Dès lors, il lui sera plus aisé de confondre tous ces collaborateurs hypocrites qui auront longtemps joué la carte de la loyauté pour l’endormir pendant qu’ils s’engraissaient sur le dos de l’Etat. Dans la plupart des cas, ces hommes et femmes devraient répondre de faits de détournement et/ou d’utilisation, à des fins personnelles, du patrimoine national, lesquels sont sommés de restituer en intégralité ce qu’ils auront subtilisé à l’Etat.
Aussi la bourrasque à venir s’annonce-t-elle intraitable, tant il est désormais de mise qu’il voudra enfin passer aux actes après des mises en garde itératives que d’aucuns avaient tôt fait assimiler à de simples menaces sans lendemain, eu égard au long sursis sont ils bénéficièrent jusqu’ici.
Suffisant pour comprendre que le locataire d’Etoudi est décidé d’en découdre avec tous ceux qui ne prirent pas au sérieux lesdites mises en garde, quand il déclara qu’il allait être sans pitié pour les prévaricateurs de la fortune publique.
A coup sûr, la cinquantaine des personnalités dans le collimateur se savent plus qu’à l’étroit tant l’Epervier a décidé de frapper sans crier gare. Suffisant pour comprendre la psychose généralisée qui mieux que tout autre chose, vient conforter la détermination de Paul Biya d’asséner un coup dévastateur à la fourmilière.