Opinions of Monday, 5 March 2018

Auteur: David Eboutou

Remaniement ministériel: le piège à con de Paul Biya (enfin) dévoilé

Paul Biya a mené un remaniement minstériel qui vise son prochain septennat Paul Biya a mené un remaniement minstériel qui vise son prochain septennat

Les Camerounais ont été pris de cours vendredi dernier devant l'annonce d'un réaménagement ministériel qui est intervenu au moment beaucoup ne l'attendait plus et surtout que beaucoup d'analystes avaient conclu qu'il ne serait pas prudent dans une électorale aussi charnière comme celle-ci de retoucher les cartes au risque de détruire la pièce de puzzle, préjudiciable à la ''victoire '' escomptée !

C'est donc à la fois dans une triple conjoncture politico-sécuritaire, politico-sociale et politico-financière marquées par la crise anglophone dans sa phase belliqueuse avec notamment sa mutation par la faction radicale en guérilla dans la partie anglophone du pays, les assauts sporadiques de Boko Haram dans la partie septentrionale, les grognes récidivistes dans divers secteurs d'activités notamment publiques ,le tout couronné par des tensions de trésorerie dont les effets visibles peuvent dès lors renseigner sur la dureté de la vie dans les prochains mois que Paul Biya a pourtant pris le risque de réaménagé son gouvernement.

Si l'on peut de prime abord justifier l'opportunité de ce réaménagement par un échec plutôt collectif d'un gouvernement qui a manifesté de bout en bout son incapacité mieux son incompétence à apporter des réponses à ces crises plurielles, il faut surtout reconnaitre qu'à travers principalement le choix des hommes dans le jeu de cartes qu'on reconnait à Paul Biya et surtout en tenant en compte le timing et l'opportunité, IL NE S'AGIT NI PLUS NI MOINS QUE D'UN GOUVERNEMENT DE CAMPAGNE ELECTORALE. En effet, par ce gouvernement, PAUL BIYA CONFIRME QUE NON SEULEMENT IL EST CANDIDAT À L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE MAIS IL COMPTE AUSSI LA REMPORTER PAR ''TOUS LES MOYENS'' .Examinons ensemble le jeu de cartes de l'hégémon Camerounais à travers ses derniers choix en scrutant les pédigrées et les motivations qui auront milité en faveur de tel ou de tel autre ministre dans tel ou tel autre ministère.

D'abord Louis Paul Motaze. Son arrivée au Ministère des Finances n'est pas anodine. C’est le fils putatif qui inspire encore confiance auprès du ''père'' et qui traine le moins de casserole parmi ce que l'écrivain Enoh Meyomesse appelle le ''G-BULU''.Sa mission aux finances est de rafistoler et de grappiller tout ce qui qui est argent pour le mettre au service de la campagne propagandiste de son père de président. Alamine Ousmane Mey aux yeux du Président est resté trop Banquier. Il n'est pas politique ! Or, le vieux a besoin de quelqu'un qui pourra ouvrir les caisses à tout moment sans beaucoup d'explications.

Juste après, il y'a le nouveau Directeur du Cabinet civil de la présidence Samuel Ayolo. Fils d'un proche ami et frère du président ,il rejoint le cabinet civil pour être le relais principal du président notamment dans le dispatching des consignes de campagnes et tout ce que cela a de corollaire comme l'organisation des petits arrangements avec opposition, associations diverses et journalistes de pacotilles qui devront ''passer à la caisse '' pour vendre le bluff et l'esbroufe aux Camerounais.

Atanga Nji retrouve l'administration territoriale. C'est l'aile dure ou la tendance radicale qui ne tergiverse pas car n'ayant pas beaucoup de matières intelligibles à offrir. Sa mission sera donc d'appeler les sous-préfets et les préfets pour leur donner des consignes de vote avec des consignes strictes à l'avance. À ce propos, son origine feutrée de la partie anglophone servira de poudre de perlimpinpin aux yeux de la communauté internationale dont on dira sans coup férir que :"Le ressortissant de Bamenda lui-même reconnait que Biya a gagné démocratiquement'' au moment venu. C’est donc un valet de service donc la teinture de son origine et la fougue qui caractérise les illettrés serviront le président.

En ce qui concerne les sorties, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une caution politique que le président se prépare à utiliser en sacrifiant ses anciennes ''créatures'' .Edgard Alain Mebe Ngo'o est détesté par les camerounais et le Président le sait. Atangana Kouna est un mafieux dénoncé par la presse et le président le sait et Tom Dollars l'ancien DCC a trop de choses qui courent sur son dos qu'elles soient vraies ou fausses nul ne sait! Néanmoins, pour les deux premiers, il ne serait pas étonnant que Paul Biya les happe à la veille de sa campagne pour se présenter en monsieur propre qui ''travaille pour son peuple'' et qui écoute son peuple''.

En ce qui concerne les autres redéploiements, il faut voir en certains la préparation à des plus grosses fonctions à venir. C’est le cas de l'ancien directeur Général de la CSPH et ancien Ministre Délégué aux finances Elum Che. En passant Secrétaire Général Adjoint de la présidence de la République, il ne se fait aucun doute que le Président Biya tient là son futur Premier Ministre au lendemain de sa réélection. Les anciens Premiers ministres ont connu un peu la même trajectoire.

Pour le reste, c’est du saupoudrage .Etoga Galax qui passe à la tête du Secrétariat d'État à la Défense n'est autre que le protégé de l'actuel Secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh, sorti de l'IRIC comme lui et jusque-là en service au secrétariat Général. Gaston Eloundou Essomba remplace son frère Atangana Kouna de Ngoumou à l'eau et à l'énergie. Joseph Lee fait pareil à la fonction publique en remplaçant son frère de l'Est Ange Angoing. Baboke Oswald va continuer de jouer le même qu'il jouait auprès de la première dame mais cette fois avec un grade plus important. Il est désormais Directeur de Cabinet civil adjoint.

Les autres ministres maintenus ne l'ont pas été par un quelconque mérite mais surtout pour leurs encrages dans leurs départements d'origines où ils devront aller mouiller les maillots et seront pour la plupart virés au lendemain des élections si Biya remporte le scrutin...

Voilà décrypté le dernier mouvement gouvernemental qui a eu lieu il y'a quelques jours chez nous. Loin d'une volonté manifeste de s'attaquer aux problèmes sociaux, sécuritaires et politiques globaux, Paul Biya a fait son choix, celui de se maintenir au pouvoir contre tout et malgré tout ad vitam aeternam.