Yeuch ! Combien de temps devra encore attendre le Prof Messanga ? En organisant, le 09 décembre 2011, par le fameux décret qui précède à la radio la lecture de la liste des élus, l’un des gouvernements les plus pléthoriques au monde, le chef de l’Etat avait prévu les fonctions suivantes :
– le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
– les Vice-Premiers Ministres, le cas échéant ;
– les Ministres d’Etat, le cas échéant ;
– les Ministres ;
– les Ministres Chargés de Mission ;
– les Ministres sans portefeuille, le cas échéant ;
– les Ministres Délégués ;
– les Secrétaires d’Etat.Autant dire de la place pour plus de 60 personnalités et des dizaines d’assimilées ! Dans ce koki national, gâteau de notre géopolitique, où les hauts commis loyaux et fidèles sont récompensés, des figures de ” l’opposition ” et de…la société civile débauchées, des vestes et gandouras retournées, beaucoup ratent le train spécial de Son Excellence.
Parmi eux, ceux dont le ” diplôme le plus important est la carte de militant du Rdpc “, pour qui les silences présidentiels sont des versets de la Bible et les discours, des sourates du Coran.
Leurs louanges, si soignées et inspirées, ressemblent pourtant à un plagiat entretenu. Ils se les répètent comme nous chantions tous à l’école primaire, plus résignés que résilients : ” Paul Biya, toujours chaud gars “.
Au fil des remaniements, à longueur de réaménagements, après un jeu de chaises musicales, ils ont le rictus de l’amoureux éconduit. Nerveux, ils s’en prennent à toute une faune dans la jungle du pouvoir : les frères du village, ceux qui trompent le vénéré président, les homos, les francs-maçons, les rosicruciens…Bref, pour le dire comme l’artiste Ndedi Eyango,” quel remue-ménage ! ”
Le dimanche, ils écument les plateaux de télévision, transforment le vin frelaté du deuil d’un système qu’ils devront tôt ou tard faire en eau de vie, tel le pauvre Christ de Bomba. Pour eux, le biyaisme n’est plus seulement une religion, mais aussi une obsession : la quête de reconnaissance du travail de l’abattu.
On connaissait l’anecdote au sujet de cet ancien ministre, ami et louangeur impénitent du président. Au cours d’une réception, le Chef lui demanda :
– ” Qu’est-ce qu’on vous sert M. le ministre ? ”
Las d’attendre ” au quartier ” un retour aux affaires, après des appels de pied incessants, il s’empressa de répondre :
– Même la condition féminine patron !
A présent, les candidats adressent des cv, lettres de motivation et motions en direct à la télé. Ils sentent la fin proche. Celle de César devenu dieu. Alors, épuisés, parfois même choqués de voir des papys, encore plus percutants dans la louange, accéder au gâteau, sans le sou, ils se contenteraient, désormais, même d’un ministère sans portefeuille…