Opinions of Thursday, 28 December 2017

Auteur: Feumba Samen

Sérail: Chantal Biya, la révoltée d’Etoudi

La première dame camerounaise aime se faire toujours remarquer La première dame camerounaise aime se faire toujours remarquer

Note : Cet article a été publié pour la première fois en mai 2015

Premières dames. Ces femmes, épouses d'un monarque, d'un chef d'Etat ou d'un chef de gouvernement, sans statut ni fonction officielle se sont toujours impliquées dans la vie de la nation. Notamment dans le cadre des réceptions au Palais, lors des voyages officiels ou des temps forts de la vie de la nationale.

Cependant, progressivement, la majorité d’entre elles s’est investie dans l’humanitaire, la santé, et l’éducation. Certaines, la minorité, participe à la prise de décisions de leur époux ou font campagne pour eux.

D’autres, la portion négligeable de cette minorité, mènent une vie politique indépendante en parallèle ou après le départ du pouvoir de leur conjoint. Ces dernières occupent une place de choix dans le paysage politique.

Ces femmes ont aussi eu des fortunes diverses selon qu’elles soient du Sud ou du Nord. Ou encore qu’elles soient dans le lit au Sud, d’un agent aux ordres du Nord.

Première Dame Sombre Mais Femme de Caractère

Simone Ehivet Gbagbo a conquis cette place de première dame en revendiquant depuis la rue le droit à la souveraineté de son pays, celui de disposer de sa monnaie et l’amélioration des conditions de travail, et davantage d’égalité. Son chemin vers l’obtention des droits politiques a été long et a abouti à une première vraie victoire en 1995 avec l’obtention d’un siège de député au parlement pour mieux défendre ses idéaux politico-socio-économiques.

Abou Drahamane Sangaré co-fondateur du FPI, témoin du parcours de Ehivet a les mots et la simplicité du style pour le tracer. En meeting le 17 Mai 2016 à Bonoua, il décrit ce parcours de combattante engagée et son aptitude à tout obtenir de haute lutte sans trahir. “Simone Gbagbo portait 5 casquettes c’est ce qui a fait qu’elle était mal vu par le PDCI. Elle a choisi d’entrer dans la politique, femme du politique Gbagbo Laurent.

Ce qui lui a posé d’être une femme à abattre. Elle était aussi la Secrétaire Générale du Syndicat National de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur—SYNARES. Elle aussi était la Secrétaire Générale du Front Populaire Ivoirien—FPI— après le Congrès.”

Evoquant son statut de “mère-femme-politique,” les tortures qu’elle a subies de la part de la police politique du PDCI-RDA, et des rebelles du RDR, il dit, “quand Laurent Gbagbo était allé en exil, Simone Gbagbo était enceinte de jumelles, elle était donc mère et femme politique et elle le faisait bien. Elle a été invité à Bordeaux en Novembre 1989 et à l’aéroport les autorités lui ont arraché son passeport et c’est en Décembre on lui a donné.
Notamment elle n’a pu partir.

En 1992, Simone Gbagbo a été réprimée, battue à sang et jetée comme une malpropre. En 1996 elle a connu un grave accident avec Gbagbo Laurent. C’est Simone Gbagbo qui a eu le gros coup et elle en porte toujours des séquelles. En 2011 elle a été battue, trimbalée, fouettée et frappée mais elle est toujours là malgré la prison.”

Touchant à un seul aspect de son côté intellectuel, il fait remarquer qu’“elle a écrit ‘Parole d’Honneur’ pour attacher les dents des crabes et des sorciers. Par ce livre elle a jeté la lumière sur les sorciers et les crabes. ”

Enonçant son opiniâtreté, son ardeur, sa vivacité, sa fougue à défier l’adversité, il rappelle un fait d’actualité. “Vous l’avez vu au palais [de justice accusée pour de ‘supposes’ crimes contre l’humanité par Ouattara et la France], elle était amaigrie. mais Non! c’est Simone Gbagbo. Le moral est toujours là. C’est Simone Gbagbo quand même! Je mets au défi le pouvoir de diffuser le procès sur la RTI mais vous comprendrez qu’elle lancera un grand discours.”

Femme courageuse parmi les femmes pionnières-combattantes, surtout audacieuses, Simone Gbagbo a conscience que l’ascension des femmes en politique ressemble à une longue et difficile traversée du désert. Mais elle s’y était engagée consciente que leur contribution est essentielle malgré le fait qu’il a toujours subsisté des craintes et des contraintes qui freinent la venue des femmes en politique.

Son engagement pour que la souveraineté du peuple ne soit jamais remise en question, et fort en faveur des droits sociaux et humains, et de la lutte contre la pauvreté ont contribué à renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes dans son pays. Et par-delà, au-delà. Son engagement aux côtés des femmes n’est pas une réponse à l’effet de mode féministe.

Mais un fait de compétence. Puisque dans son optique, il est inutile de refuser les mêmes droits aux femmes surtout quand des questions relèvent de la compétence et non du sexe. Mais aussi parce que la société a besoin des femmes afin d’élever le niveau des discussions politiques.

Que se Passe-t-il Chez les Aboyeurs des Droits de l’Homme?

Dans la constitution de 1958, qui instaure la Ve République en France, aucun article n'est consacré au rôle ou au statut de l’épouse du chef de l'Etat. Cependant, ces femmes se sont toujours impliquées dans la vie institutionnelle. Le vide juridique qui couvre la fonction de première dame dans le monde donne à chacune le choix de ses préférences et champ d’action. En définitive, chaque première dame est libre d'adopter le rôle qui convient le mieux à sa personnalité.

Alors, première dame, Simone Ehivet Gbagbo s’est investie dans l’arène politique. Ce qu’elle sait le mieux faire depuis son adolescence. Pourtant, elle a essuyé continuellement des insultes des politiques et media occidentaux, et de leur suppôts Africains.

Pourtant, un coup d’œil dans le rétroviseur des premières dames Françaises montrent que, sans aucun mandat électif, contrairement à Simone, beaucoup d’entre-elles ont emprunté ce parcours.

Premières Dames Françaises sur les Pas de Simone

Sans être choisies par une élection, même controversée, les occupantes officielles de l’Elysée se sont jetées dans des rôles au-delà de leurs prérogatives. Une usurpation d’“identité” pour exercice frauduleux.

Ainsi, Cécilia Sarkozy s’était retrouvée au-devant de la scène démarchant au nom de l’Etat et des Français pour la libération des infirmières Bulgares en tant que “représentante du Président de la République.” A qui devrait-elle rendre des comptes dans ce type d'affaire politico-sécurito-diplomatique hautement sensible?

A l’exécutif, aux deux chambres –législative et sénatoriale–, ou à la chambre—celle du maître qui les reçoit la nuit venue? Cette absurdité n’intéresse pas les Français. Ça ne se passe pas à l’autre bout du monde. En Afrique surtout.

Après elle, Valérie Massonneau Trierweiler, surnommée“Tweetweiler” pour sa passion du réseau social, est décrit comme une “première dame et femme de caractère.” Un zeste du Ehivet dans Massonneau qui est “fière d'accompagner...François Hollande.” Les deux dames, “parfois froides,” n’ont pas la réputation d'être “effacées” ou de se “mettre en avant” pour des futilités. Ayant du Simone dans son attitude morale, elle est “franche et…aime qu'on le soit avec [elle].” .

Avant elles—Cécilia et Valérie—, Danielle Émilienne Isabelle Gouze Mitterrand décrite comme “une First Lady, forte et sombre, plus à l'aise dans le combat pour les opprimés que sous les ors de l'Elysée.” Elle n’est pas seulement femme de chef d’Etat, mais aussi “femme de poigne convaincue de ses idées, engagée, ardemment, pour les causes qui lui tenaient à cœur.

Avec courage et abnégation.” Pourquoi ce trait de caractère tant apprécié au Nord devient une malédiction pour Simone, femme au Sud du Sahara? Une querelle de race et de domination pourrait expliquer cette tendance à l’inimitié du Nord vis-à-vis du Sud.

Résistante, Danielle rejoint le maquis à 17 ans comme infirmière bénévole. A 17 ans Simone rejoint son premier mouvement de contestation. Puis elle est convoquée pour sa première demande d'explication policière. Danielle, comme Simone, accompagne son mari lors de ses nombreuses campagnes. Avant la première magistrature de son époux en 1981, elle se présentait comme “capable de prendre position sur l'échiquier international.”

Au Palais, “elle refuse de se laisser enfermer dans le protocole, n'hésite pas à critiquer le Premier ministre de cohabitation Jacques Chirac ou bien encore la politique d'immigration menée par Charles Pasqua.” Pourtant, les perroquets Français en mission pour Soros voulaient absolument refuser à Simone ce même travail et revendications qu’ils ont acclamés chez Danielle, pour réduire la négresse au rôle de pagneuse.

Sortant du nombrilisme Français, Danielle Mitterand a une vision supranationale. Celle de Simone Ehivet. Elle milite pour la défense du “droit à la démocratie, à une économie saine et au commerce équitable.” Et “son discours tiers-mondiste” met parfois Mitterand le colonialiste affirmé et agent du Capital “dans l'embarras.”

Comme Simone Ehivet qui s’était écartée de la ligne du parti à un moment donné pour divergence stratégique, Danielle Gouze Mitterand aux derniers moments de sa vie, s'était éloignée du Parti Socialiste Français—PS—, jugeant que “ses dirigeants n'avaient pas la fibre socialiste.”

Que dire de Bernadette Thérèse Marie Chodron de Courcel Chirac? Mordue de politique comme Simone Gbagbo, elle est élue en 1971 au conseil municipal de Sarran, département de la Corrèze–un vote tribal. Ce que les media cocorico Français prompts à parler d’élections ethniques ou tribales chez les autres, s’abstiennent de dénoncer cette pratique quand elle siège en leur sein.

Une honte pour ces esclavagistes hors-saison, incapables de saluer la grandeur de Simone Gbagbo qui a gagné sa place de parlementaire à Abobo, fief de l’opposition, face au Pr. Jacqueline Louhouès Oble, militante du RDR, parti-appendice de la francafrique et de tous les malheurs des Ivoiriens.

Ancrée dans son petit cercle ethnique, elle devient aide au maire de Sarran en 1977. Ensuite, elle est élue au conseil départemental de Corrèze en 1979, puis relue en Mars 1985, Mars 1992, Mars 1998, Mars 2004, Mars 2011, et Septembre 2011.

Tant de similitudes dans les activités politiques de certaines épouses des présidents Français, admirées, et l’engagement politique de la première dame Simone Gbagbo tant haïe, n’offrent aux analystes qu’une explication. La haine de l’Etre et le désir de maintenir la femme Africaine au rang de bonne à rien.

Chantal Biya En-dehors de la Meute

Mais toutes n’entrent pas dans ce canon. Le canon des femmes qui au lieu de se battre doivent chialer à longueur de journée, copier le mode de vie occidental. Chercher à se faire remarquer à travers des looks qui ne manquent pas d’attirer l’attention et les moqueries. Des femmes dont les dépenses en shopping en occident bousculent la décence.

Des femmes dont le parcours exceptionnel se limite à être mannequin, chanteuse, et dont l’élégance et la maîtrise des réseaux sociaux sont des critères descriptifs de grandes dames Africaines pour les occidentaux-néocoloniaux. Des femmes qui, têtes basses courent en occident, ventre à terre comme des chiens affamés sur un os, dès qu’elles sont convoquées en tant que premières dames à des meetings très souvent inutiles.

Valérie Trierweiler, compagne de François Hollande—en d’autres termes, officiellement célibataire, l’accompagnant dans le rôle de première dame, avait “conviée” à une séance de travail, le 6 Décembre 2013 les épouses des présidents ou chefs de gouvernement réunis à Paris pour le sommet de l'Elysée “pour la paix et la sécurité en Afrique.”

Ces illustres femmes avaient été réunies dans une salle du Musée d’Orsay pour suivre leur cours sur la “paix et sécurité.” Comme appui, un court métrage réalisé par Osvalde Lewat sur les viols en RDC. Trop léger comme support de sensibilisation-éducative pour retenir l’attention de Chantal Vigouroux Biya, épouse du chef d’Etat Camerounais.

Jeune, spontanée, elle a gardé au cours de ce théâtre sûrement improvisé par les hosts, son naturel bon enfant face aux visages défaits d’autres femmes moussant leurs émotions pour plaire à la maîtresse du maître.

Pas hypocrite, aidée d’une assistante, Chantal peaufine sa beauté. Il n’y avait aucun intérêt qu’elle présente une tête d’endeuillée pour le plaisir des camera. Images qui pourraient se retourner contre elle comme celles de Jean Bedel Bokassa pleurant le colonialiste De Gaulle. Ou celles de Yayi Bony en larmes sur les dépouilles de quelques “salisseurs” de papier.

Chantal avait peut-être eu raison de bouder ce cours sans méthodologie adéquate. Pourquoi se serait-elle déranger? La Mission de Paix des Premières Dames d'Afrique—MIPREDA—dont ses objectifs visent à prévenir les conflits et d'aider, si besoin, les populations victimes, fait déjà le travail sur le terrain.

Un discours, un film, plus un thé, Chantal Biya voulait plus. Du concret. Un vrai projet-financé d’une mission de “paix et sécurité” en Afrique.

Modèle pour les Générations Futures

En dehors de la ligne éditoriale occidentale qui consiste à dénigrer, mentir, créer la confusion et la haine, lorsqu’il s’agit de l’Afrique, que peut-on reprocher à la première dame Simone Ehivet Gbagbo? Rien de concret. Son parcours sur plusieurs axes de bataille a rendu tant de choses possibles et elle représente un modèle pour les générations futures.

Une preuve de terrain avait été démontrée au lendemain du 19 Septembre 2002 lorsque des rebelles venus du Burkina, entraînés par l’armée de Compaoré, et financés par Alassane Dramane Ouattara et la France avaient attaqué la Côte d’Ivoire. Les femmes qui ont pour modèle Simone Ehivet, avaient été nombreuses à entrer dans la résistance.

Elles furent des héroïnes de l’ombre qui ont suivi le bon combat de Simone qui a bataillé pour imposer l’égalité dans les faits et les mentalités, et un travail vers plus de solidarité. Désormais, c’est à leur tour d’ouvrir de nouveaux chemins pour les générations d’Ivoiriens qui suivront.
Du Ehivet, on en trouvera toujours.