Opinions of Friday, 7 September 2018

Auteur: camer.be

Sérail: ça sent le roussi entre Atanga Nji et des collaborateurs de Biya!

Paul Atanga Nji est entré au gouvernement le 2 mars 2018 Paul Atanga Nji est entré au gouvernement le 2 mars 2018

Depuis son entrée au gouvernent le 2 mars 2018, en qualité de ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji ne s’est donné aucun moment de répit, tellement et si bien que cet activisme militant débordant peut déteindre sur la crédibilité du scrutin du 7 octobre.

Entré au Gouvernement en remplacement d’Emmanuel Réné Sadi, rappelé à la présidence de la République à son poste de ministre chargé de mission qu’il avait déjà occupé entre 2009 et 2011, Paul Atanga Nji s’installait sur son fauteuil de souveraineté avec deux handicaps : la crise anglophone et la dimension de son prédécesseur. Après 6 mois en poste, si la crise anglophone bat toujours son plein, le natif du Nord-Ouest aura réussi l’exploit d’imprimer sa marque d’action non pas seulement par un activisme effréné mais surtout par un militantisme sans nul pareil. Ce zèle débordant du patron de l’Administration le départit de toute la neutralité politique qui empreint l’action administrative.

A bien vouloir trop faire, de placer Paul Biya au début et à la fin de toute action qu’il initie, Atanga Nji incurve la trajectoire qui est la sienne, s’éloignant de plus en plus des qualités de discrétion et d’efficacité attendue de l’Administration. Dans cette nouvelle posture, il va de soi que le locataire de l’immeuble à côté de l’ancien palais d’Amadou Ahidjo, fait le lit de la défiance de ses partenaires sociaux et surtout de l’opposition, voire de la communauté internationale.

Les chefs traditionnels aux commandes

L’une des actions les plus embarrassantes ou des plus compromettantes du patron de l’Administration camerounaise, est l’exploit d’avoir convoqué obligatoirement les traditions camerounaises dans l’enceinte politique. En effet, les traditions et les coutumes, par essence locales, font la diversité et la richesse de la nation camerounaise. C’est un patrimoine qui a survécu à l’autodafé colonial. C’est ce peu qui ressemble à un tison arraché du feu, que l’administration veut soumettre absolument à l’autorité du pouvoir politique, décimant ou fragilisant ce souffle national.

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Et en cela, c’est Atanga Nji qui est aux commandes. Ainsi, partout où il passe, tous les chefs traditionnels sont conviés ou obligés de lire des motions de soutien indéfectible à Paul Biya. Mais, voit-il le revers de la médaille ? Evidemment dans l’aménagement jacobin du pouvoir, on pourrait comprendre de tels agissements. Toutefois, dans un pays où on veut créer la pensée unique, le pouvoir unique, l’autorité unique, il va sans dire que ce pays-là, va droit au mur. Il faille ici, reconsidérer les syndromes de la déshérence du peuple Bamoun dans la région de l’Ouest, où précisément parce que le souverain, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya s’est invité dans l’arène politique en faveur du parti au pouvoir, a cristallisé une frange importante de son peuple contre son pouvoir ancestral.

On pourrait trouver aisément des arguments oiseux pour s’extirper de cette donne nauséabonde mais il n’en n’est pas moins vrai que dans le Noun, le politique Adamou Ndam Njoya a le vent en poupe et ce pour longtemps car, l’implication du sultan dans le jeu politique est synonyme de haute trahison dans la conscience collective de son peuple. Un autre exemple, toujours à l’Ouest, est le cas des Hauts-Plateaux où le pouvoir, à dessin de contrer l’ascension fulgurante de Maurice Kamto, a cru bon de jeter le roi des Baham à l’assaut du bastion du département contre le Mouvement de la renaissance du Cameroun (Mrc).

Déjà, les indices concordants montrent, si on s’en tient à l’esprit qui anime la population dans le département, une défaite inéluctable du pouvoir dans cette circonscription administrative. Dans cette lente agonie collective des valeurs traditionnelles au contact de la politique, on se souvient de la déclaration d’un roi clamant devant les médias : « Je suis l’épouse du Rdpc ».

Un roi épouse, allez chercher où se trouve l’erreur. Allez demander au peuple ce qu’il en pense ? Rire ou en pleurer ? Voilà le résultat net de l’incursion nette des politiques dans les chefferies ! Il faut le dire clairement, le fait qu’Atanga Nji demande par exemple aux chefs Sawa d’appeler Paul Biya à se présenter comme leur candidat, traduit à suffisance cette naïveté de croire que les populations suivent mécaniquement les chefs traditionnels. Erreur.

Ce mélange de genres, au lieu de faire le jeu du pouvoir, le dessert certainement. A chaque descente du ministre, il y a toujours comme une frénésie de soutien au candidat Biya. Au regard des déclarations à la suite de ses différentes réunions de prise de contact dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de l’Ouest, du Littoral, de l’Adamaoua, etc., on se demande si le Minat n’est pas déjà en pleine campagne pour le candidat Biya.

Administration politisée

Atanga Nji, dans sa campagne en faveur du candidat Biya embarrasse à coup sûr ses collaborateurs directs par un engagement politique direct et ouvert. Cette nouvelle donne les met à mal car ils sont malgré eux obligés d’exposer leur appartenance politique alors que la République les appelle à la réserve et à la neutralité. La politisation à outrance de l’administration sonne le glas de la démocratie, de la liberté tout simplement.

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Les devanciers d’Atanga Nji, pour ne citer que les plus récents, Marafa Hamidou Yaya camer.be, René Emmanuel Sadi, étaient ou sont des fidèles du Président de la République. Mais, ils gardaient une certaine distance, un certain détachement de l’implication collusoire avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Etant la tutelle de toutes les associations, le Minat se doit d’être au-dessus des partis politiques et non d’être à l’intérieur d’un quelconque parti. Il y a un risque certain si l’administration se politise ouvertement.

Bien plus encore, ses collaborateurs déconcentrés qui sont les gouverneurs, préfets et sous-préfets, ne sont pas en reste. Sur le terrain, dans ses initiatives militantes, ils sont obligés, eux aussi de s’afficher. Au demeurant, personne ne va croire qu’il y ait un seul chef de terre qui soit contre le Rdpc et Paul Biya. La nouveauté est qu’Atanga Nji fait ouvertement ce que les autres font derrière les rideaux. Souvenirs. Le G20 et le G35, sont ses initiatives. Le G20 est le regroupement de 20 partis politiques de l’opposition qui décident de soutenir la candidature de Paul Biya alors que le G35 est une conglomération de 35 associations actives sur le territoire national qui s’engagent derrière le candidat Biya. Pour arriver à ses fins, il frappe fort.

C’est lui qui démantèle l’Union des populations du Cameroun (Upc), en mettant Bapooh Lipot sur selle contre les dirigeants élus du parti. Au sein du Cameroon people party (Cpp), le ministre est passé avec tous les désagréments que cela a entraînés. Il ne se prive pas d’intervenir dans les associations privées, dès lors que l’élection de son candidat est en jeu. A dire vrai, Atanga Nji est l’homme le plus actif pour la victoire de Paul Biya.

Le problème est celui de la discrétion dans l’action. Car personne n’est dupe pour penser qu’un ministère de souveraineté de première main soit occupé par un opposant. C’est un poste éminemment politique qui exige de la mesure et de la subtilité dans les manoeuvres. Jusqu’où ira Atanga Nji pour que son champion rempile ? Question à deux sous.