Opinions of Thursday, 27 September 2018

Auteur: Aimé Mathurin Moussy

Sérail: les ancêtres réclament-ils déjà la tête de Biya ?

Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans veut briguer un autre mandat en octobre 2018 Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans veut briguer un autre mandat en octobre 2018

En ce début de campagne électorale, pour la présidentielle du 07 octobre 2018, le régime totalitaire en place depuis 36 ans est ébranlé. Hospitalisations en cascade (président du sénat, ministre de la défense, présidente du conseil d’administration du palais de congrès, etc.) ; Accidents, morts des chiens à la présidence, évanouissement de la première dame. Tous ces événements, ne sont-ils pas des signes précurseurs de la fin d’un règne ?

Si la politique en Afrique tend à se démarquer de la superstition, le recours à certaines pratiques ésotériques est monnaie courante. Les considérations mystico-religieuses ou animistes orientées vers un but pragmatique de confiscation du pouvoir, restent prépondérantes dans le milieu politique camerounais. Les prophéties, les prédictions, sur la mort prochaine de Paul Biya avant l’élection présidentielle, édictées par Guy Parfait Songué, politologue et homme d’église, si farfelues pourraient-elles paraître, n’ont pas laissé le pouvoir en place indifférent.

Il y a une dizaine de jours, toute la meute d’oracles, d’officiants cabalistiques, de la région natale de Paul Biya, a étalé sur la place publique ses prouesses, pour conjurer le mauvais sort, la mort. Cette caste initiatique, a-t-elle flairé le danger ou présume-t-elle que le pouvoir est en passe de leur échapper ?


La réalité est plus forte que la magie


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La superstition renvoie à des croyances considérées comme infondées, par opposition à la science. La science, est la transformation de nos croyances en lois rationnelles. Il ne suffit pas dans le cas d’espèce, face aux évidences qui tapissent le quotidien des camerounais, de sombrer dans des incantations. Car, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, ce n’est pas le potentiel humain qui a fait défaut ; ce n’est non plus la nature qui a fait ses caprices. Le constat est sans appel. Les Camerounais sont de plus en plus pauvres, exclus et délaissés.


C’est le fait d’un homme : Paul Biya


Au milieu de cette bourrasque, faut-il s’en remettre aux hommes ou aux Dieux ? L’Afrique si attachée aux esprits de l’eau, du feu, de la terre, est-elle sourde ? Ces morts qui ne sont pas morts dont parle Birago Diop, peuvent égrener les jérémiades camerounaises prises sur un mur :

- En 36 ans le Cameroun de pays à revenu intermédiaire en 1982, est devenu PPTE (pays pauvre très endetté), avec 75% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.

-En 36 ans le Cameroun, jadis pays tranquille, est transformé en no man’s land : Guerre zone anglophone, guerre à l'Extrême-Nord ; Coupeurs de routes par-ci, grand banditisme par-là.

-Faute de dialogue et nimbé d’un centralisme désuet, les anglophones se sentant marginalisés, font sécession.

-L'émergence espérée en 2035, ne peut être atteinte que si, une croissance d'au moins 7%, est observée pour une période de 10 ans. En 1982, la croissance était de 13% et aujourd'hui nous sommes à 3,2%.

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-L'innovation : internet tous les pays africains amorcent la 4G tandis que le Cameroun est encore à la 2G. Les campus universitaires n’ont pas de wifi, les laboratoires sont exsangues ; l’administration des universités est manuelle.

-En 36 ans 75% de jeunes sont sans-emplois ; Le dernier spectacle en date, est un SOS lancé par une jouvencelle à peine la majorité amorcée, qui se plaignait de maltraitance et en appelait à la mobilisation sur son sort et celui de bien d’autres anonymes embastillées au Koweït. Quelques mois plus tôt, ce furent d’autres jeunes garçons vendus comme esclaves en Libye (les jeunes à défauts d’être moto-taximen, sont embrigadés dans les églises de réveil, ou sont candidat pour la traversée des océans en pirogue à la quête du graal).

-Le tribalisme, le sectarisme, le népotisme sont la nouvelle gouvernance : Le Cameroun a décroché à plusieurs reprises, la palme d’or de champion du monde de la corruption, selon Transparency International.

-L’art (tous les peintres depuis 30 ans se sont expatriés), le sport (depuis 31 ans aucune équipe en club n’a gagné un titre continental, tout sport confondu), la culture (depuis 30 ans disparition des maisons d’édition, pas de films camerounais, pas de salles de cinéma).

-Le Cameroun est figurant à l'UA (Union africaine), et pourtant, il a eu le tout premier secrétaire de l’OUA (organisation de l’unité africaine). Les ambassades du Cameroun sont des dortoirs et des hauts lieux de beuverie. Nous détenons le record mondial d’avoir au même moment le directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Mvondo Ayolo qui est cumulativement ambassadeur du Cameroun en de France, jusqu’à la semaine dernière il cumulait aussi les fonctions d’ambassadeur du Cameroun au Gabon.

-Depuis 2011, Paul Biya a visité deux régions le Littoral et le Sud-ouest ; mais entre 2013 et 2018 les crises ont été multiples : Inondations, exécution extrajudiciaires, rapts. Il semble qu’il irait pour des raisons de campagne à partir du 29 septembre dans l’Extrême-nord et d’autres régions ; il ne faut qu’être camerounais pour cautionner une telle perfidie.

- L’armée camerounaise détient le record mondial d’avoir dans ses effectifs, des officiers d’active recrutés depuis 1960 (les généraux : Meka, Ivo, Ngoua Ngally, Mpay, Nkoa , Obama, etc.), hum !

Au rythme où vont les choses, avec cet Etat amorphe et moribond, ce n’est que justice que la nature reprenne ses droits.