Opinions of Monday, 27 May 2024

Auteur: Jacques P. Nguemegne

SERAIL : un politologue dézingue copieusement le régime de Paul Biya

SERAIL : un politologue dézingue copieusement le régime de Paul Biya SERAIL : un politologue dézingue copieusement le régime de Paul Biya

Le goût du lucre, du luxe et de l’ostentation des membres de la classe gouvernante, des élites politiques et des agents publics sont au moins en partie à l’origine de développement de l’immoralisme et de la corruption généralisée qui sévit dans la société camerounaise.

Cette culture fait que les membres du gouvernement ignorent royalement l’impératif de réduction du train de vie de l’État prôné depuis belle lurette par les institutions de Bretton Wood. Ce principe qui a été longtemps repris sans grande conviction par l’autocrate de Yaoundé, lui-même, est demeuré stérile.

En fait, on s’aperçoit qu’il n’a jamais été réellement appliqué. Face aux dépenses toujours plus scandaleuses et à l’échec d’atteindre les équilibres requis en matière de gouvernance budgétaire efficace, nous conseillons au régime en difficulté, qui fait face à trois décennies de crise économique, à l’effondrement de l’État et à l’enfoncement progressif de son peuple dans la paupérisation, de recourir à la Zero-Based-budgeting’’ (ZBB)ou budgétisation à Base Zéro.

En effet, pratiquement depuis 30 ans l’économie et la société camerounaise sont plongées dans un marasme sans précédent dans l’histoire du pays.

Les camerounais et camerounaises, à la demande de M. Biya, ont beau « retrousser leurs manches » et même les couper, le pays ne s’en porte pas mieux : à l’exception d’une minorité de bureaucrates et d’élites politiques corrompus, c’est l’essentiel de la population qui est désormais engluée dans une pauvreté qui l’étouffe progressivement. Le nouveau slogan gouvernemental, « réaliser ou atteindre l’import substitution » masque mal le malaise général qui se traduit par la fragilisation des fondamentaux de l’économie : l’outil principal de production est délabré, défaillant ou a été privatisée dans les années 1990s.

Le peu de richesse généré par les maigres structures ayant subsisté est essentiellement aux mains d’une poignée d’étrangers et notamment, de quelques entreprises françaises, chinoises, libanaises, israéliennes, etc.

L’État du Cameroun défaillant ne recrute plus les chômeurs et chercheurs d’emploi en masse comme avant secteur le privé n’offre plus assez d’opportunité en termes emplois, etc.

En conséquence, les dizaines de milliers des jeunes qui terminent leur études chaque année ne trouvent pas d’emplois et sont contraints, malgré leurs diplômes acquis à la force de leurs efforts d’exercer des emplois précaires comme ‘conducteur de mototaxi ou de ben Skin’’. D’autres se livrent à des activités déshonorantes comme la prostitution, la vente souterraine de produits interdits tels que les drogues, etc. Une bonne partie des jeunes sont contraints, faute de la disponibilité d’emplois d’immigrer par les voies les plus illégales et dangereuses en Europe et ailleurs

Ce désastre social, - résultats d’une gouvernance marquée par une incompétence totale et qui de plus est fondée sur des moyens anti-démocratiques grâce auxquels le régime autocratique de Yaoundé s’accroche au pouvoir, - pousse à l’indignation la grande majorité des citoyens. Ils sont outrés par les frasques incessantes de certains membres privilégiés du régime, y compris des ministres ou des membres de certains institutions de représentation économique et sociale.

Aussi va-t-on de scandales en scandales dans le pays : il y un mois, une information avait fuité selon laquelle, le Président du Conseil Économique et Social (CES), institution qui n’existe plus que sur du papier depuis plus de 20 ans, sollicitait la somme de deux milliards de Francs CFA pour la construction de sa résidence de fonction et de 120 millions de Francs CFA, pour l’acquisition d’un véhicule tout-terrain. À peine était-on en train de s’interroger pour le bien-fondé d’une telle demande et de voir si le gouvernement allait satisfaire cette sotte demande, qu’on apprit que Mme Pauline Egbe Nalova Lyonga, ministre de l’Éducation secondaire, venait de lancer un appel d’offre pour l’acquisition, elle aussi, d’un véhicule tout-terrain de 120 millions de Frans CFA … Doit-on les plaindre? D’aucuns pourraient se dédouaner en invoquant le mauvais exemple du chef de l’État d’un pays pauvre très endetté qui, sous le prétexte de renforcer sa sécurité personnelle, s’est offert une limousine hyperluxueuse et hors de prix et notamment une Range Rover Klassen SVA Autobiographie.

Pour comprendre l’inanité de tels projets, on doit garder à l’esprit que des dépenses aussi élevées qu’ostentatoires sont envisagées par des personnalités politiques ou responsables d’institutions publiques déjà grassement payés, logés, blanchis, nourris par l’État. Ils disposent déjà d’autres véhicules tout-terrain en bon état de fonctionnement et bien luxueux! M. Luc Ayang, l’inamovible et inactif président de l’inerte CES, désire se faire offrir par l’État une résidence de rêves. Les plans publiés montrent une villa ultra moderne qui comprendra 4 bureaux personnels, dont un à chaque étage. Ceci, alors même que l’intéressé depuis de nombreuses années est en vacances permanente! De 150 membres désignés au départ du CES qu’il est supposé présider, une dizaine ou moins sont en vie. Dans ces condition le CES ne peut accomplir sa mission. La ministre de l’Éducation quant à elle, estime j’imagine, qu’il lui faut un véhicule avec toutes les options dignes de son rang ministériel.

Les doléances de ces deux apparatchiks du régime au pouvoir au Cameroun ne visent pas à satisfaire un besoin essentiel de service public. Elles ont pour but de répondre à un caprice supplémentaire de luxe d’individus en mal de sensation et d’exposition dans une société qui croupie massivement dans la pauvreté. Ces deux personnalités ressentent un besoin de biens matériels exclusifs simplement destinés à la jouissance et à l’étalage ou l’ostentation de leur opulence aux yeux du public. Les membres du régime jouissif de Yaoundé détestent passer inaperçus. Ils aiment se faire voir et obtenir les courbettes des population misérables. Attirer l’attention des pauvres populations urbaine et des paysans démunis leur permet de se sentir plus puissants encore en société. Le problème c’est que le lustre ou ‘’ bling bling’’, tel qu’appelé localement, est recherché dans une société où le citoyen moyen n’arrive pas à s’offrir les trois repas traditionnels par jour et les familles ne sont pas ravitaillées ni en eau potable, ni en énergie électrique à toute heures souvent pendant plusieurs jours ou semaines! Les Camerounais dans tout le pays, y compris dans les villes principales que sont Yaoundé et Douala, font au quotidien face à des coupures intempestives et récurrentes d’eau potable et de ravitaillement en énergie électricité dans leurs domiciles! Certains individus vivent sur moins d’un dollar par jour. D’autre ne peuvent payer les frais liés à leurs soins de santé, ni de s’acheter des médicaments, ni de se payer une simple course de taxi…, De même des parents sont incapables de payer les frais de scolarité pour leurs progénitures. Le secteur de l’éducation est en crise… À preuve, ‘’On a Trop Supporté (OTS)’’, le récent mouvement de grève des enseignants du secondaire a exposé les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les membres du corps enseignants et le secteur éducatif … Les employés du gouvernement qui se lancent dans des projets de luxe comme ceux évoqués ci-haut ont – ils seulement conscience du caractère immoral et indécent de telles initiatives dans un pays où la plupart des gens peinent à joindre les deux bouts de la vie? Ces doléances farfelues pourraient conduire à la révolte du peuple désabusé.

Face à la montée de la pauvreté dans le pays, la réduction du train de vie de l’État ne saurait plus se limiter uniquement à un slogan. Cela devient un impératif catégorique! Ceci doit se fonder d’abord et avant tout sur une réduction des dépenses budgétaires de l’État. Pour réaliser cet objectif les dépenses liées au gouvernement et au train de vie de membres dudit gouvernement doivent être réduites de manière significative, si ce n’est à leur plus simple expression.

On se souvient qu’il y a également plus de 30 ans les experts des institutions financières internationales ont conseillé au gouvernement Camerounais de prendre des mesures pour arrêter les dépenses publiques irrationnellement élevées et de resserrer le train de vie trop généreux de l’État qui à un moment se faisait presque « providentiel » et fonctionnait comme « une vache à lait ». D’où la mise en place des multiples plans d’ajustements structurels qui ont placé le pays sous d’énormes contraintes depuis lors. M. Biya, en parfait démagogue, a lui-même en permanence évoqué dans ses discours la nécessité de réduire le train de l’État ou de réduire les dépenses publiques, mais toujours sans conviction et sans que lui et son gouvernement prennent les actions décisives qui auraient permis de réaliser les résultats désirés. Ceci soulève au moins deux problèmes sur les plans politique et technique.

D’abord sur le plan politique, alors que s’amenuisent les ressources et la dépense publiques d’investissement et d’amélioration des conditions et de la qualité de vie des citoyens (infrastructure, santé, éducation, etc.), les dépenses de fonctionnement et surtout celle ayant trait à l’amélioration de la rémunération et des émoluments des élites bureaucratiques et des ministres ne font que s’accroitre de façon exponentielle. C’est ainsi que la plupart des chefs d’institutions et de ministres rivalisent de compétition à qui va aménager la résidence de fonction la plus couteuse ou va acquérir le véhicule de service le plus extravagant! Alors que l’année civile comporte uniquement 365 jours, miraculeusement, certains fonctionnaires camerounais réussissent à se faire payer jusqu’a 400 jours de mission ou plus par l’État et à toucher leur salaire comme s’ils travaillaient, en étant en même temps hors de leurs bureaux! Dans le même temps, le peuple voit sa condition sociale durablement installée dans la pauvreté voire la misère. Beaucoup de camerounais n’arrivent pas à satisfaire au quotidien leur besoins élémentaires, mais des élites politiques et gouvernementales dépensent l’argent public sans compter. Certains étalent un train de vie ostentatoire, vivent dans la bombance et narguent le petit peuple.

Le comportement des élites politiques et gouvernementales est clairement illogique : ce n’est pas manifestement de cette façon qu’on va arriver à réduire le train de vie de l’État et à l’amélioration de la gestion des finances publiques. Il est évident que, la réduction du train de vie de l’État passera par l’humilité du personnel gouvernemental et des fonctionnaires. Ils devront prendre en compte la gravité de la situation sociale et se faire violence en acceptant de réduire drastiquement leurs avantages et privilèges actuels. Ils devront apprendre à se contenter de peu de ressources. L’État aujourd’hui face la crise ne peut être cette antique ‘’ vache à lait’’ que nous avons connu. Cet État providence qui certains fonctionnaires usaient et abusaient à volonté.

Ensuite, sur le plan technique, pour aider l’État dans sa mutation obligatoire, je lui suggère de changer d’approche de budgétisation (c-à-d ‘’budgeting’’) ou d’élaboration de politique budgétaire qui est une politique publique fondamentale. L’approche budgétaire du gouvernement camerounais me semble très inadéquate et tend à faciliter le comportement irresponsable décrié plus haut chez bien de responsables d’institutions publiques.

En effet, depuis son indépendance il y a 60 ans, la budgétisation publique au Cameroun évite généralement l’approche rationaliste, pour ne recourir essentiellement qu’a une approche surannée en politique publique connue sous le nom d’« incrémentalisme ». Ainsi, d’année en année, le parlement se contente d’adopter un budget de l’État qui simplement connait une augmentation aveugle par dose homéopathique (2%, 3% ou 5%) du budget de chaque cellule, service administratif, département ou institution publique.

De même que le budget année après année sans aucune base rationnelle, ni explication est accrue, de même tous les chapitres du budget qui existaient il y a des décennies tendront à être machinalement reportés dans le projet budgétaire d’année en année. Les postes budgétaires auront tendance à être renouvelé même si les besoins n’existent plus. Pour bien comprendre, si les postes du budget, par exemple, pour « matériel de bureau » , « entretien et maintenance » , « recrutement du personnel », « acquisition de véhicule »… sont platement reconduits et augmentés par petite dose de 5% pour tous les services ou départements. Il est évident que l’ordonnateur peu inspiré, aura machinalement tendance à acquérir des véhicules (comme l’a fait la ministre de l’Éducation secondaire) ou à échafauder un plan de réfection de sa résidence avec des montants élevés (comme l’a fait le président du Conseil économique et Social). Ce qui est vraiment scandaleux dans un pays plongé dans la crise économique.

L’incrémentalisme peut être utilisé dans certaines circonstances, si un poste est maintenu et s’il est estimé qu’une dépense doit être nécessairement reconduite (par exemple, le cas des dépenses pour du matériel de bureau, du carburant, la facture d’eau ou d’électricité, etc.). Mais, c’est une méthode archaïque ou démodée, à laquelle le théoricien américain d’administration publique Charles Lindblhom avait, à la fin des années 1950s, à juste titre attribué le nom de « science du ‘’ muddling through’’ », c’est-à-dire de la « débrouillardise » (1959). Donc, selon la théorie, dans le processus d’une prise de décision qui emprunte cette méthode, les fonctionnaires ne font que le minimum d’effort intellectuel. Ils bricolent presque. Car, comme dit l’auteur « les bureaucraties prennent des décisions en « se débrouillant » en utilisant une analyse politique limitée, une rationalité limitée et une théorie limitée, voire inexistante, dans la formulation des politiques ». Un autre mot pour designer cette approche est bricolage. Puisque, hormis qu’elle implique des compétences multiples, éparpillées, utilise des informations ou ressources parfois de sources diverses, le processus d’élaboration de la décision ou politique publique est souvent loin d’être linéaire et son contenu et sa forme finale peuvent être imprévisible.

L’élaboration de tout budget public et, qui plus est, celui d’un État (sa loi de finance) n’est pas aisée. C’est un processus très complexe. C’est pourquoi, aujourd’hui l’élaboration des budgets publics qui répondent aux nombreux problèmes sécrétés par la société exigerait normalement qu’on utilise une approche « rationalisme » pure. C’est la méthode budgétaire de plus en plus usitée dans l’élaboration des politiques publiques des gouvernements des États modernes. L’avantage de l’approche rationaliste c’est qu’en définissant tous les problèmes sociaux, politiques, économiques; en recensant toutes les ressources disponibles; en imaginant et en classifiant par ordre d’efficacité toutes les alternatives … on peut au bout du compte déterminer et sélectionner la politique le plus avantageuse et la moins couteuse. L’inconvénient de cette méthode est que, pour la pratiquer il faut rassembler les compétences, procéder au recensement de toutes les ressources notamment obtenir toutes les informations nécessaires, définir toutes les alternatives, etc. Une telle procédure peut être longue, complexe et couteuses. Elle est conduite par des bureaucrates pour la plupart démotivés et qui ne disposent pas de toutes les compétences requises. Elle est longue et, surtout demande beaucoup plus de temps face à l’urgence des problèmes sociaux alors même que les délais impartis aux décideurs et notamment au législateur pour la prise de décisions sont courts> ils ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour se doter de meilleures ressources devant soutenir la décision et n’ont pas accès à toutes les informations pertinente …. C’est pour ces raisons que les bureaucrates préfèrent recourir à l’incrémentalisme, qui est une approche facile, simple, automatique et peu couteuse. C’est facile cette année de reconduire en l’augmentant légèrement le budget de l’année dernière alloué à l’achat d’un nouveau véhicule. On n’a pas à y mettre son énergie et son temps pour aller vérifier, si le véhicule dont dispose l’institution est encore utilisable, en quelle année il sera amorti, etc. Surtout, on ne voudra pas ou ne pourra pas, à cause des contraintes légales, rechercher et vérifier si plusieurs autres administrations ont le plus besoin dudit véhicule. On ne voudra pas non plus supprimer le poste budgétaire d’octroi du véhicule cette année. Il n’est pas sûr qu’on le rétablisse l’année prochaine. On ne va pas désavantager son administration, etc.

En fait, l’incrémentalisme est avant tout apparue comme une critique au rationalisme. L’idée d’élaboration d’une décision ou d’une politique publique par « cafouillage » ou « bricolage » de LindbLom traduit uniquement l’idée qu’en général, il est difficile de recourir à la rationalité parfaite pour les décideurs. Non seulement il n’aura pas la définition parfaite du ou des problèmes à résoudre. Mais, ces problèmes sont généralement le résultat d’une conjonction de multiples variables, dont certaines ne peuvent être connues, déterminées, ni mesurées. De plus, les bureaucrates ne disposent ni de toutes les compétences exigibles, ni de toutes les informations, ni de tous les outils ou meilleurs outils de décision.

De plus, les ressources sont souvent limitées ou inexistantes, tout comme, il est difficile d’imaginer toutes les alternatives possibles de la décision et celle qui sont imaginées théoriquement peuvent être difficiles à comparer en termes de cout-avantages. D
Malgré ses les limites qu’impose l’approche rationaliste, il est important face à une économie aussi délabrée que celle du Cameroun, d’aller au-delà de l’incrémentalisme. Pour une meilleure utilisation des ressources disponibles et une efficacité accrue de la dépense publique, il importe qu’on prenne le temps d’élaborer le budget de l’État en faisant recours aux approches les plus efficaces et au moins en partie au rationalisme. J’avais déjà, lors d’une rencontre scientifique avec les pairs organisée par le Kentucky State University en 2007, démontré que le budget de l’État du Cameroun des 10 années précédant l’année de référence n’avait eu qu’un impact limité sur les conditions économiques et sociales et la qualité de vie du citoyen camerounais et que la préoccupation du législateur camerounais avait semblé se retourner vers un accroissement récurrent de l’argent public alloué au fonctionnement institutionnel de l’État et au service de la dette publique extérieure. Ceci au détriment du développement social et humain.

Au vu la situation chaotique et déclinante de l’État, il faut même recourir à une approche plus radicale en matière de politique budgétaire au Cameroun. Je propose la Zero-Based Budgeting (ZBB). Cette méthode de prise de décision a été découverte dans les années 1970s par un certain Peter Pyhrr, gestionnaire au Texas Instruments, à Dallas au Texas (Pyhrr, 1970). En 1973, M. Jimmy carter, devenu gouverneur de l’État de Georgia, va utiliser cette approche pour la première fois dans l’élaboration du budget de l’État. Cette approche impose une évaluation nouvelle de toutes les dépenses publiques au début de tout cycle budgétaire. Au lieu de reconduire chaque année le budget de l’année ou des années précédentes. On doit procéder à une table rase. Chaque année, on identifie les services existants, on redéfinit les priorités à l’aune de la mission du service public en question et on fixe toutes les dépenses à partir de zéro et non à partir des dépenses du ou des budgets précédents.

Concrètement, chaque année on refait le budget sur la base des cellules, services, départements et institutions existants. On recense les besoins réels de chacune de ces institutions en fonction des objectifs assignés pour atteindre ses missions. On n’attribue à l’institution uniquement le niveau de ressources requis ou nécessaire pour résoudre les problèmes auquel elle fait face. On n’attribue pas de ressources nouvelles, si celles déjà octroyées l’année d’avant existent et sont suffisantes pour résoudre les problèmes actuels de l’institution. On n’attribue pas de ressources aux cellules, services, départements ou institutions supprimées et on en attribue beaucoup moins à ceux qui sont dysfonctionnels.

Compte tenu des développements ci-dessus, je conseillerai fortement au gouvernement et aux bureaucrates Camerounais de recourir au ZBB. Cette approche permettra au Cameroun de répondre à un certain nombre de problèmes liés à l’élaboration et l’implémentation de la politique budgétaire de l’État ou loi de finance. En général c’est une approche qui permet d’identifier et d’éliminer les couts inutiles, de garder un contrôle sur les dépenses excédentaires ou excessives et de se concentrer sur les dépenses utiles qui auront un fort impact sur les variables du développement économique, social et humain. Elle permettra de mettre en place un budget qui corresponde aux besoins réels du pays. Elle assurera une répartition équilibrée de maigres ressources disponibles et l’efficacité des dépenses budgétaires. La ZBB limitera les frasques des bureaucrates irresponsables et inconscients et des élites politiques corrompues et boulimiques. Je suis certain que si on fait usage de la ZBB on n’aura pas à attribuer un véhicule tout-terrain neuf de 120 millions de FCFA chaque année à un ministre qui n’en a pas besoin et qui finit par avoir 50 véhicules du même type dans son garage. Tout comme, un chef d’une institution politique morte ou dysfonctionnelle et improductive depuis plus de 20 ans n’osera pas demander des milliards pour réfectionner sa résidence de fonction alors que lui-même est en situation de cessation prolongée de fonction.

Jacques P. Nguemegne, Ph. D, Politologue/ spécialiste des politiques publiques et de l’administration publique/Expert en gouvernance publique.

Bibliographie:

Lindblom, Ch. E. (1959). ‘’ The Science of ‘’muddling through’’, Public Administration Review, Vol.19, No. 2 (Spring), pp. 79-88.

Nguemegne, J. P. (2008). ‘’Economic growth and social development in Cameroon: An exploratory study of public budget trend, Economic growth, and social development’’ in [PDF] ECONOMIC GROWTH AND SOCIAL DEVELOPMENT IN CAMEROON : An Exploratory Study of Public Budget Trend , Economic Growth and Social Development Indicators | Semantic Scholar

Pyhrr, Peter, A. (1970). ‘’ Zero-based budgeting’’, Havard Business Review, pp. 111-121.