L’adjoint au Maire de Yaoundé 6e dénonce les exactions contre les étudiants de l’université de Buea et les abus des forces de l’ordre lors des émeutes de Bamenda.
Le candidat à la candidature à la présidence du RDPC accuse les collaborateurs du Président camerounais, Paul Biya, de chercher à le renverser. Il croit que la violence de l’armée et de la police sont les armes utilisées par les ministres et autres collaborateurs de Paul Biya pour lui faire perdre le pouvoir.
«Que Paul Biya fasse attention aux matraques qu’il donne à ses zouaves pour tabasser les étudiants, les avocats et les femmes sans armes. C’est lui que l’on frappe; qui pourtant est arrivé au pouvoir "OK" risque d'en sortir "KO" ivre d’avoir reçu des siens, "un tas de coups" pouvant donner lieu à "un coup d'État"... Et le temps n’est plus loin», avertit Saint Eloi Bidoung en s’appuyant sur l’exemple de l’armée malienne qui en 1991 obéit aux ordres du dictateur Moussa Traoré. Elle massacra des manifestants avant de se retourner contre son chef.
Voici l’intégralité de sa réflexion de Saint Eloi Bidoung intitulée «Bamenda»
Tribune - Bamenda: Le chant du cygne
Des images intolérables sur les réseaux sociaux, des forces de l’ordre qui soumettent des étudiants à des humiliations de toutes sortes et le doute qui s’installe. Le doute et la crainte d’un lendemain prochain et peu certain qui précise ses signes. Le chant du cygne. La fin serait- elle proche ?
Il y a quelques mois en Allemagne, un ministre des Transports démissionna de son poste après l’accident meurtrier d’un train de campagne survenu quelques jours avant. Ce drame avait fait une trentaine de morts et de nombreux blessés parmi les passagers.
Personne n’avait indexé une quelconque responsabilité de ce ministre, exerçant à des centaines de kilomètres du lieu où un cheminot, bourré de bière, avait faussé l’aiguillage qui provoqua le déraillement. Mais, se sentant ministre des Transports, garant de la vie et de la sécurité des citoyens voyageant à travers l’Allemagne, il estima qu’il n’avait pas été à la hauteur de sa mission. Il démissionna.
Une histoire pathétique qui entre dans le même registre que celle, il y a quelques années, du responsable de la police nationale espagnole qui démissionna de son poste avec fracas et se livra à la justice royale. Le patron des flics n’avait pas supporté que des images montrant des éléments de la police espagnole se livrant à des violences et à des viols dans une boîte de nuit fréquentée par des jeunes, aient été publiées dans les journaux, autant qu’il avait beaucoup touché par les réactions et les actions en justice causées par les actes de ses éléments. Il n’était en rien coupable, mais s’est senti responsable. Il démissionna de ses fonctions.
L’histoire du monde politique est semée de tant d’histoires, nées de la responsabilité et de l’irresponsabilité. Du zèle outrancier et de l’impunité ; de la dictature et de l’imposture. Le Cameroun n’est plus à la lisière ni à l’orée de ces terrains remplis de sang et de larmes. Il y est déjà. Et pour y faire des racines, au vu de la hargne que les uns mettent dans leurs irresponsabilités, quand d’autres déploient des efforts pour être responsables. Tellement leur impunité totale est garantie et inébranlable.
C’est le cas des responsables de la police et de la gendarmerie camerounaise. C’est le cas des gouverneurs des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de leurs préfets et sous-préfets. C’est le cas de la Chancellerie et du Chef suprême des armées. Plus encore que la haute hiérarchie du commandement territorial. On ne peut pas être plus compatissant en disant que le pouvoir en place a lâché prise et s’effondre. Peut-être qu’il n’a été que lâché par ceux qui ont de l’emprise sur lui, les forces armées, qui frappent avec haine et nerfs pour défigurer le régime.
Un pouvoir lâche ou lâché ?
Au nom de quels droits, ou devoirs, des forces de l’ordre d’un pays moderne se prétendant «démocratique» peuvent-elles se donner autant de zèle et de brutalité sur la jeunesse ? Si ce n’est pas pour sacquer le futur de la nation, c’est sans nul doute pour saboter le présent de cette nation. Oui ! Ce pouvoir est lâche. On ne frappe pas sur une jeunesse déjà au chômage, à la précarité et à des lendemains encore plus terribles à la sortie des amphis.
On n’humilie pas ceux qui supportent stoïquement leur sort quotidien dans des amphithéâtres sans lumière, des facultés sans laboratoires ni bibliothèques, des arnaques du corps professoral et des forfaitures scientifiques et administratives. On ne roule pas dans la boue une jeunesse que l’on a toujours roulée dans la farine avec de fausses promesses et des attentions illusoires et utopiques.
L’on ne peut pas tolérer que des étudiants soient gardés à vue dans des conditions inhumaines, parqués avec violence et vulgarité dans un camion militaire et traduits devant un tribunal comme de dangereux terroristes. Pour avoir revendiqué pacifiquement, à l’intérieur de leur campus, des droits qui n’avaient rien de politique encore moins de sécessionnistes. Ou encore de terroriste. Juste des primes qu’ils voulaient sauver d’un autre détournement de fonds. Une grosse bourse de 50.000 FCFA. Le 1/10ème de la somme que paie une fillette pour une course en taxi pour aller à l’université en Californie...
On se console en pensant au pire qu’on a évité. Car, si ces étudiants avaient manifesté contre les coupures d’eau et d’électricité dans les mini-cités universitaires, les toilettes bouchées dans les campus, les bibliothèques vides dans tous les rayons tels que les rats ont quitté les campus, ou encore les «notes sexuellement transmissibles» dans les facultés et grandes écoles, on n’en serait pas là. On aurait vécu un pogrom, à coup sûr. Cette licence, accordée au zèle des bidasses dans la répression des manifestations pacifiques, est la preuve d’un régime lâche, couard et effrayé par son ombre. Oui ! Ce régime est lâche !
Oui ! Ce régime est lâché ! Cette soldatesque, qui était l’arme de destruction massive du régime contre les libertés individuelles et collectives, la démocratie et ses privilèges, les oppositions et les propositions contraires à celles d’une nomenklatura gloutonne et avare, s’est retournée contre ce même régime. Ce n’est pas encore un coup d’État militaire, mais chaque coup de matraque assené par un militaire sur la figure d’un citoyen, fût-il «étudiant anglophone», défigure le régime en place au Cameroun. Chaque plaie sur la tête, chaque bosse à la figure que présente un manifestant après une descente de la soldatesque, modifie l’image qu’avait la tête du Cameroun, détruit la figure connue du Cameroun.
La tête, c’est Paul Biya et la figure c’est sa valetaille. A lui que dire ? Avec respect, on devrait lui dire que ses camarades et bidasses ne combattent plus pour lui. Mais contre lui. La stratégie est simple : blesser gravement et massivement le peuple dans sa chair et dans son esprit, afin que ce dernier se soulève avec la dernière énergie contre Paul Biya. Tout est mis à contribution et par tout le monde : Quand Tsimi Evouna casse avec zèle et orgueil les populations, pourchasse les "moto taxi" vandalise les marchandises des bayam salam Quand Mbarga Nguelle met dans la rue l'identification en renvoyant au village sans salaires sans primes ni indemnités au mépris de la règlementation du travail plus de 1000 jeunes chefs de famille sans immatriculation à la CNPS; l'arrogance qu'il affiche avec les retraités nouvellement recrutés n'offre aucune garantie que ces jeunes ne vont pas affronter la police dans la rue demain.
Quand Jean Nkwete recycle le parti, n'organise pas le congrès du parti et laisse ouvrir des comptoirs au Comité central. Quand Jacques Fame Ndongo laisse racketter les étudiants des universités de 10.000 Francs. Quand Réné Sadi ne veille pas à l'application des décrets du Chef de l'État sur l'augmentation des salaires du personnel communal pourtant les masses salariales ont augmenté (cas de Yaoundé 6), non paiement des salaires des maires depuis 2 Exercices. Doivent-il descendre dans la rue pour se faire entendre. Quand Nkwuete vient organiser un meeting à Bamenda pendant les émeutes, quand Atanga Nji vient verser de l'huile au feu. Quand Cavaye voit les Boko Haram partout; à l'assemblée et dans les réseaux sociaux.
Quand Peter Essoka ajoute à la contestation les médias quand Koung à Bessike vend et distribue les terres (berges du Mfoundi). Quand Laurent Esso joue le négationniste de l'histoire biculturelle du Cameroun et nargue les avocats.....Paul Biya, croyant encore en son arme de guerre, enverra l’armée défendre la république, ils vont tuer, violer et piller. Et ce sera la fin. Pas la fin du peuple, mais la fin du créateur, renversé de son trône royal par la trahison de ses créatures.
Le bain de boue
Ces images infectes et les témoignages puants des victimes ont jeté l’opprobre sur la police et la gendarmerie camerounaise. Mais ces images ne sont que des clichés à développer. Elles représentent une réalité incroyable vue à la loupe. On y découvre que ce ne sont pas des étudiants qui sont roulés, sous la menace des matraques et des brodequins achetés avec l’impôt du citoyen, dans des flaques boueuses et nauséeuses par des soldats sur le pied de guerre.
Contrairement aux informations véhiculées par les réseaux sociaux, sur Internet (cette peste !) et les agitateurs de tous bords (ces incultes !), aucun étudiant n’a été roulé dans la boue à Buea. Aucun avocat n’a été roué de coups ou rudoyé par la flicaille à Bamenda. Que cela soit clair. C’est Paul Biya, Paul Biya seul, qui était trempé dans la boue avec le nez en premier. C’est sur lui que les bidasses criaient ; c’est lui qui se tenait la tête dans la flaque. C’est Paul Biya qui était frappé à coup matraque à Buea et à Bamenda. Qui pourrait dire le contraire ?
Toutes les invectives nationales et internationales, sur les réseaux sociaux et dans les chancelleries occidentales, n’indexent qu’un seul nom : Paul Biya et son régime. Les flics et ceux qui les ont commandités ont réussi leur coup. Voilà donc Paul Biya, la boue de la tête aux pieds, insultée et vilipendée ici et ailleurs. Les gros mots s’entrechoquent comme les pierres d’une séance de lapidation. «Terrorisme d’État», «dictature», «autoritarisme», «génocide» ou encore «Biya must go», «tyrannie» et «potentat sanguinaire». Un bain de boue que refuserait le plus abject des porcs.
L’histoire politique de l’Afrique nous rappelle que Moussa Traoré, alors président du Mali, décida un jour, mû par une inspiration satanique de réprimer une manifestation d’écoliers à Bamako. Il envoya une brigade qui tabassa et tua des enfants de six à onze ans le premier jour. Le deuxième jour, des collégiens, aînés des victimes, prirent d’assaut les rues de Bamako. Moussa Traoré envoya tout un régiment armé jusqu’aux cils qui tua encore plus d’enfants. Au troisième jour, ce fut la colère des étudiants. Moussa Traoré leur opposa toute la garnison militaire de la région, qui tira sur tout ce qui criait.
Au quatrième jour, les parents gagnèrent la rue, quémandant leur portion de plomb chaud. Les militaires crièrent victoire et renversèrent le président Moussa Traoré. Toutes ces obéissances à ses ordres de tuer, de violer et de tabasser les écoliers et les étudiants n’étaient en fait que le moyen d’affaiblir le président de la République. Que Paul Biya fasse attention aux matraques qu’il donne à ses zouaves pour tabasser les étudiants, les avocats et les femmes sans armes.
C’est lui que l’on frappe ; qui pourtant est arrivé au pouvoir "OK" risque d'en sortir "KO" ivre d'avoir reçu des siens, " un tas de coups" pouvant donner lieu à "un coup d'État"... Et le temps n’est plus loin.